Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
décidé de faire un peu durer le plaisir et je lui ai servi une rapide assez haute à lâintérieur. Trois lancers plus tard, alors que jâavais une avance dâune balle et deux prises, je suis revenu avec une rapide à 98 milles à lâheure. La balle est passée juste un peu à lâintérieur, à peu près à la hauteur de sa tête.
Tucker, qui craignait dâêtre atteint à la tête, sâest alors précipité au sol où il a atterri sur le dos. Il se souvenait parfaitement de ce quâil avait fait la veille et il savait exactement ce qui était en train de se passer.
Je me suis approché du marbre pour recevoir la balle et je lui ai souri, dâun air qui voulait dire: «Lève-toi, mon homme, on nâa pas fini.»
Tucker sâest aussitôt relevé en criant:
â What the fuck?
Et il a fait un pas en ma direction.
Il avait tenté de blesser mon coéquipier la veille. Sâil voulait régler lâaffaire aux poings, il venait de trouver un client fort enthousiaste. Jâai jeté mon gant par terre, lancé mes lunettes au bout de mes bras et je me suis précipité vers le marbre.
â Letâs go! lui ai-je crié en fonçant dans sa direction.
Notre receveur David Ross a toutefois intercepté Tucker avant que jâarrive à sa hauteur. Ross nâa pas eu trop de difficulté parce que Tucker reculait. Il nâétait plus trop sûr de son affaire.
Pendant ce temps, les bancs et les bullpens des deux équipes se sont vidés à la vitesse de lâéclair. Dans la cohue, notre troisième-but Adrian Beltre mâa empoigné et entraîné à lâécart pour éviter que je me batte.
Dans les minutes qui ont suivi, lâarbitre du premier but Tim Welke nous a expulsés tous les deux, Tucker et moi. Jâétais enragé! Jâai alors foncé en direction du quatuor dâofficiels pour leur dire ma façon de penser. Ils avaient tous clairement vu ce qui était arrivé à Jeff Weaver la veille et ils nâavaient rien fait.
Jâai finalement été suspendu pour deux matchs à la suite de cet incident. En plus dâécoper une amende de 5 000 $.
Peu importe. Je passais plus de temps avec mes coéquipiers quâavec ma propre famille. Il mâapparaissait tout à fait normal que lâon se serre les coudes si nous souhaitions accomplir quelque chose ensemble.
â¢
Le lundi 5 juillet, nous affrontions les Diamondbacks de lâArizona en fin dâaprès-midi au Dodger Stadium. Câétait un lendemain de fête nationale et une belle journée ensoleillée. Mais curieusement, il y avait beaucoup moins de partisans quâà lâhabitude dans les gradins. Un peu plus de 20 000 des 56 000 sièges de lâenceinte étaient vides.
Même Valérie avait décidé de rester à la maison.
Deux couples dâamis du Québec séjournaient chez nous et avaient prévu dâassister au match. Mais avec deux enfants, dont Maddox qui nâétait âgé que de sept mois, les expéditions vers le Dodger Stadium étaient parfois un peu compliquées pour Val.
Depuis que jâétais devenu le closer de lâéquipe, elle avait développé une routine efficace. Elle regardait nos matchs à la télévision et lorsquâelle voyait que nous étions en avance après six ou sept manches, elle «paquetait les pâtits» et mettait le cap sur le stade, où elle arrivait à temps pour me voir lancer en neuvième, ce qui nous permettait de rentrer à la maison ensemble après la rencontre.
Mais pas cette fois. Les enfants, jugeait-elle, avaient besoin de repos.
Cette journée-là , nous occupions le troisième rang de la division Ouest de la Ligue nationale, à seulement un match et demi des Giants et du premier rang. Les Padres étaient deuxièmes et nâaccusaient quâune demi-partie de retard.
En neuvième, alors que nous avions une avance de 5 à 3 sur les Diamondbacks, la porte de lâenclos sâest à nouveau ouverte devant moi. Welcome to the Jungle!
Mon total de sauvetages pour la saison sâélevait alors à 21, soit un peu moins quâà pareille date lors des deux saisons précédentes. Câétait dû, en partie, au fait que Jim Tracy mâaccordait
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