Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
préparé. Et en ce sens, je crois que le niveau de confiance dont il jouissait de la part de ses joueurs se situait au même niveau que le support dont Tony LaRussa ou Joe Torre bénéficiaient à Saint Louis ou chez les Yankees de New York.
Très tôt dans la saison, ceux qui avaient envie de critiquer Tracy sâétaient dâailleurs fait remettre à leur place.
â Câest de même que ça va se passer et nous autres on croit en sa façon de diriger. Alors ferme ta gueule!
Lorsquâun gérant du baseball majeur est en mesure de prendre des décisions sans quâelles soient constamment remises en question, il a tout ce quâil faut pour réussir. Sur le terrain, les joueurs exécutent beaucoup mieux les jeux lorsquâils croient en ce qui leur est demandé.
Quand nous sommes entrés dans la période des dog days of summer à lâété 2004, je mâestimais donc totalement comblé par la vie. Les honneurs individuels sont une chose. Mais il nâexiste aucune source de motivation plus forte que la possibilité de participer aux séries éliminatoires et de se battre aux côtés de ses coéquipiers pour remporter un championnat.
Jâétais prêt à tout pour que cela se concrétise.
Le 24 juin, câétait plus fort que moi, mon instinct a repris le dessus et je suis allé mâéchauffer sans que Jim Tracy me le demande. Puis jâai exigé quâil mâinsère dans le match afin que je puisse régler le cas dâun adversaire qui sâétait attaqué à lâun de mes coéquipiers.
Ãa se passait à San Francisco, dans le dernier match dâune série nous opposant aux Giants.
La veille, un incident était survenu quand le voltigeur de droite des Giants, Michael Tucker, avait déposé un amorti surprise sur la ligne du premier but.
Notre lanceur Jeff Weaver sâétait alors dirigé vers le coussin pour accepter le relais de notre premier-but Robin Ventura et compléter le retrait. Mais en arrivant au coussin, Tucker avait délibérément cramponné Weaver. Il sâagissait dâune tentative de blesser aussi vicieuse que gratuite. Et dâun inacceptable manque de respect.
Quand cet incident sâétait produit, le pointage du match sâélevait à 3-2 en faveur des Giants. Le moment était donc mal choisi pour lui régler son compte.
Je nâavais jamais aimé Michael Tucker parce quâil faisait souvent des pitreries sur le terrain et quâil était vraiment arrogant. Et pour couronner le tout, il portait les couleurs des Giants! Les joueurs des Dodgers et des Giants se détestent depuis lâépoque où ces deux équipes avaient pignon sur rue à Brooklyn et à Manhattan. Ayant grandi dans lâorganisation des Dodgers, jâavais très rapidement appris à les haïr.
Le lendemain de cette tentative de blessure, dans le dernier match de la série, nous tirions de lâarrière 9-2 en septième manche et nous nous dirigions vers une quatrième défaite consécutive. Jâai alors décidé que le temps était venu de régler le cas de Tucker. Jâai donc saisi le téléphone de lâenclos des releveurs et jâai appelé Jim Tracy dans lâabri.
â Trace, put me in the game!
â Dude, itâs 9-2.
â Put me in the game! Put me in the game!
â No. Iâm not.
Jâai raccroché le téléphone et jâai fait fi de ce que mon gérant venait de me dire. Jâai retiré mes survêtements et jâai commencé à mâéchauffer. Le téléphone de lâenclos sâest alors mis à sonner.
â Quâest-ce que tu fais? a demandé Tracy.
â Je me prépare à entrer dans le match.
Câest ainsi que dans une cause totalement perdue, je me suis retrouvé à entreprendre la huitième manche face aux Giants. Michael Tucker était le troisième frappeur de la manche. En quittant le bullpen , jâai pris la peine de prévenir mes coéquipiers:
â Préparez-vous, les gars, parce que Tucker sâen vient au bat et je vais lancer dessus!
Il y avait un retrait et un coureur au premier coussin quand Tucker, un frappeur gaucher, sâest présenté à la plaque.
Avant de lui régler son cas, jâai
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