Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
Deuxième prise.
Avec un compte de 0-2, je nâavais pas vraiment le choix de gaspiller un lancer. Jâaurais passé pour un idiot en échappant une rapide dans la zone des prises et en étant victime dâun coup sûr dans une telle situation. Je lui ai donc servi une courbe assez basse sur le coin extérieur. à ma grande surprise, la balle a effleuré la zone des prises. Lâarbitre a toutefois penché en faveur de Bonds. Une balle, deux prises.
Le regard que Bonds mâa jeté après ce lancer mâa fait comprendre que nous étions toujours sur la même longueur dâondes et quâil sâattendait à ce que notre petit jeu se poursuive.
Pour le quatrième lancer, je voulais absolument revenir haut à lâintérieur et lui faire comprendre quâil commettait une erreur sâil commençait à se sentir à lâaise.
Ma rapide, qui filait à 98 milles à lâheure, est passée à un centimètre de sa poitrine. Bonds a légèrement reculé pour éviter la balle. Il mâa ensuite regardé en esquissant un sourire. Deux balles, deux prises.
«Câlice! Y a pas lâair trop intimidé», me suis-je dit.
La table était mise pour le cinquième lancer. Après avoir servi une rapide haute à lâintérieur, jâestimais quâune rapide basse à lâextérieur constituait la meilleure option. Parce que lorsquâon revient constamment avec des lancers dans la même zone, les frappeurs sâajustent plus facilement. Je me disais aussi que Bonds aurait fort à faire sâil voulait retrousser un lancer sur le coin extérieur. Car ce soir-là , je lançais vraiment fort. Mes rapides flirtaient constamment avec les 100 milles à lâheure.
Le radar de San Francisco nâétait généralement pas très fiable et je me disais quâil était probablement un peu trafiqué. Mais je lançais la balle avec vraiment beaucoup de puissance.
Tout dépendant des stades, les radars sont parfois ajustés à la hausse ou à la baisse. Par exemple, quand je lançais à Los Angeles, les responsables du radar pouvaient le recalibrer à la hausse, juste pour gonfler mon niveau de confiance. Et à lâinverse, ils pouvaient lâajuster à la baisse pour démoraliser un lanceur adverse. Un lanceur pouvait donc regarder le tableau et se dire: «Voyons donc, comment ça se fait que je lance seulement à 91 milles à lâheure ce soir? Je croyais lancer au moins à 96â¦Â»
On essaie donc de jouer dans la tête des lanceurs et des frappeurs de cette manière. Mais ce soir-là , pendant que jâaffrontais Bonds, le radar indiquait constamment des vitesses de 100 ou 101 milles à lâheure. Et ce nâétait sûrement pas loin de la vérité.
Sur ce cinquième lancer, jâai cependant raté ma cible et la balle sâest à nouveau présentée à lâintérieur, à la hauteur de sa ceinture. Bonds lâa effleurée, soutirant ainsi une fausse balle. Toujours deux balles, deux prises.
Il se passait définitivement quelque chose. Et nous nâétions pas seulement deux à le savoir. Dans les abris des deux équipes, tous les joueurs étaient debout, appuyés sur la rampe de sécurité. Les spectateurs étaient aussi sur la pointe des pieds, hurlant de toutes leurs forces.
Pour le sixième lancer, jâai décidé de revenir à lâintérieur mais de le déstabiliser en lui faisant bouger les genoux. Bonds était peut-être posté à six pouces du marbreâ¦
Je lui ai servi exactement le lancer que jâavais imaginé. Une autre rapide, basse, vraiment près des genoux. En plein dans la cible! Le radar indiquait 101 milles à lâheureâ¦
Bonds sâest élancé. Et dès que son bâton a fait contact avec la balle, le niveau de décibels dans le stade sâest multiplié par dix. Comme si je lui avais lancé une balle de golf, la balle a franchi environ 500 pieds avant dâamerrir dans McCovey Cove, la fameuse baie située derrière les gradins du champ gauche. Mais heureusement, elle se trouvait tout juste hors-ligne.
Nous en étions encore à deux balles, deux prises.
Jâétais en avance dans le compte mais après cet élan, câest moi qui étais déstabilisé. Je me
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