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Gauvain

Gauvain

Titel: Gauvain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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prépara à partir.
    C’est alors qu’intervint Gauvain : « Seigneur ! s’écria-t-il du haut de l’arbre, que vas-tu t’imaginer ? Je ne suis pas venu te déshonorer. Il ne s’est rien passé que tu puisses nous reprocher, à moi ni à cette jeune fille. Aucune malintention ne m’a mené ici, et j’ai assez de bon sens pour ne jamais méditer d’outrage semblable. Maintenant, si tu veux être rassuré, je t’offre de jurer, quand il te plaira, au milieu de dix-neuf chevaliers de ton choix, que pas un instant je n’ai cherché ta honte et n’ai tenu à ton amie le moindre propos malséant. – Ne compte pas que je reçoive tes excuses, lui répondit le chevalier. Je n’ai que faire de tes serments ; je sais trop comme il est prompt à mentir, celui qui veut se laver d’une telle traîtrise ! »
    Sur ces paroles pleines de courroux, il s’éloigna avec les montures, et Gauvain et la jeune fille le perdirent bientôt de vue. Après avoir récupéré l’épervier, Gauvain descendit de l’arbre et, rejoignant la jeune fille qui s’était remise à pleurer, tenta de la réconforter. « Belle, dit-il, cesse donc de t’inquiéter. Sache que mon aide et mes conseils te sont loyalement acquis. Jamais, à nul jour de ma vie, ils ne te feront défaut, quoi qu’il puisse advenir. – Seigneur, répondit-elle, que Dieu te garde et te protège. Sache-le bien : cette mésaventure qui t’arrive me cause un profond chagrin, car c’est pour avoir agi selon le bien et l’honneur que tu te trouves dans la gêne : tu n’étais accouru vers moi qu’afin de soulager ma peine. – Belle, reprit Gauvain, inutile d’en discourir. Il ne sert à rien de se désoler. Tout homme de bien et d’honneur est exposé à de telles mésaventures. Ce qui est fait est fait. Il convient maintenant de sortir de cette situation. »
    Après avoir repris les pièces de son armure qu’il avait déposées au pied de l’arbre avant d’y monter, Gauvain quitta les lieux sans s’y attarder davantage, en compagnie de la jeune fille. Il ne savait de quel côté se diriger, ni quelle aventure l’attendait, ni sous quelle forme elle se manifesterait. Mais, à tout prendre, il préférait une aventure qui le mettrait sur la trace du chevalier qui lui avait dérobé son cher Gringalet. Ce souci l’absorbait tout entier.
    Le temps se gâta tout à coup : la pluie, la grêle et même la neige à gros flocons s’abattirent pêle-mêle sur les voyageurs. Au comble de l’embarras, ils ne distinguaient aux alentours ni forteresse, ni le moindre ermitage, ni la plus petite chaumière susceptible de les abriter. « Seigneur, dit la jeune fille, j’ai vu non loin d’ici, sur la route que j’ai empruntée ce matin, une croix placée sous un auvent. Si nous pouvions y parvenir, elle nous protégerait quelque peu. – Belle, répondit Gauvain, je ne vois rien de mieux à faire que de l’atteindre au plus tôt. »
    Ils se hâtèrent donc vers la croix et s’y blottirent vaille que vaille. Ils furent néanmoins soumis à fort rude épreuve, la jeune fille autant que Gauvain, car la tempête sévit durant la nuit entière. Ils demeurèrent là, sans bouger, sans manger ni boire, étendus à même le sol, sans protection d’aucune sorte, et cette couche leur était bien dure, mais cet inconfort ne les empêcha pas de mettre à profit l’occasion pour prendre certain plaisir, quoique le vent, toujours aussi furieux, les malmenât rudement. Gauvain, qui ne pouvait offrir aucun autre adoucissement à la jeune fille, l’enserra toute la nuit dans ses bras. Il s’était allongé du côté du vent et avait placé son bouclier doré dans son dos pour se protéger de la tourmente. Quant à l’épervier qu’il avait récupéré sur le chêne, il l’avait perché sur une traverse de l’auvent. Ainsi s’étaient-ils ménagé une sorte de niche dont force leur fut de s’accommoder jusqu’au matin.
    Au lever du jour, grâce à Dieu, le beau temps était revenu, clair et pur. Le neveu du roi Arthur n’en était pas moins fort préoccupé : la faim qui tenaillait la jeune fille le plaçait dans un grand embarras. Depuis une nuit, elle n’avait mangé, et il ne pouvait rien pour elle. Mais elle avait eu si peur, pendant la tempête, qu’elle en avait perdu l’appétit et oublié sa faim. « Belle, dit Gauvain, qu’allons-nous faire ? Quel est ton avis là-dessus ? – Seigneur, répondit-elle, je m’en remets à ta décision.

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