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Gauvain

Gauvain

Titel: Gauvain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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somptueux présent. Le jeune homme revint, fort préoccupé, vers Gauvain, tant il craignait que l’autre ne fût vainqueur. Mais Gauvain s’équipa et se trouva prêt à affronter son adversaire. Il savait que la nuit tomberait bientôt, et il était bien décidé à profiter des circonstances pour mettre un point final aux méfaits d’Escanor de la Montagne.
    Ils se battirent avec courage et violence, brisèrent leurs lances et leurs boucliers, mais sans que l’un ni l’autre vidât ses étriers. Leur acharnement était tel que Gauvain eut grand-peur que son adversaire ne frappât Gringalet. Or il avait tant d’affection pour son cheval qu’il aurait tout fait pour lui épargner la mort. Aussi se laissa-t-il enfin glisser de sa selle à terre. Il pouvait désormais combattre à l’épée, et il ne s’en priva pas. Du coup, la violence des deux hommes ne fit que croître au fur et à mesure que s’éteignait le jour.
    Pendant ce temps, sous le couvert des arbres, le jeune homme et les deux jeunes filles se tourmentaient. « Hélas ! gémissait chacune d’elles, ne tînt-il qu’à moi, je serais morte sur l’heure ! » La compagne d’Escanor semblait encore plus désespérée. Sa frayeur prit de telles proportions qu’elle tomba à terre sans connaissance. À peine revenue à elle, elle laissa éclater une virulente douleur, pleurant et criant : « Malheureuse que je suis ! Si je perds mon réconfort, mon cœur, mon ami, dans ce pays étranger, c’est qu’une vile cause m’y a conduite ! J’ai entendu dire, et ce n’est que justice, qu’aucun bien ne peut naître d’outrage. Le tort en incombe à Escanor autant qu’à moi qui ai accepté de le seconder. Hélas ! il était dans son pays un personnage riche et puissant, et j’y menais moi-même une existence pleine d’agrément. Par provocation, mon ami m’a envoyée à la cour du roi Arthur, toute seule, pour demander d’y porter la coupe d’honneur sous la protection du chevalier Gauvain. Puis il a surgi sur mes talons pour s’emparer de moi, sous les yeux d’une foule de barons, pour qu’un prétexte raisonnable lui permît de se mesurer à Gauvain. Il était convaincu, s’il pouvait le vaincre, qu’aucun chevalier au monde n’oserait plus, à l’avenir, le défier. »
    La désolation de la jeune fille du cimetière n’était pas moindre. « Hélas ! se lamentait-elle, que dire si je perds ici, en cette occurrence, le bon chevalier, le hardi qui m’a délivrée d’une si profonde misère, et qui m’emmène dans son pays avec tant d’honneur ? Malheureuse que je suis, triste et sans appui, je n’aurai plus qu’à demeurer ici pour mon tourment ! » Quant au jeune homme, il s’arrachait les cheveux de douleur, il criait et se lamentait lui aussi sur le sort de Gauvain, se demandant avec angoisse quel serait le sien propre si Escanor triomphait.
    Cependant, les deux adversaires ne se ménageaient pas, chacun d’eux cherchant la mort de l’autre. Escanor avait perdu son bouclier, mais Gauvain conservait le sien, net avantage pour parer les coups que lui portait l’autre. Il en profitait même pour aller de l’avant. Brandissant sa vaillante épée, il lui assena sur le heaume, un coup si terrible qu’il fendit celui-ci et en trancha tous les lacets. Le heaume s’envola au loin dans le pré. Gauvain reprit son attaque, bien décidé à en finir, mais Escanor se défendait avec l’énergie du désespoir. Il sentait pourtant que c’était en vain. N’avait-il pas perdu tout ce qui pouvait le protéger ? Alors il cria merci, offrant de se rendre. Mais Gauvain, se souvenant des conseils de sa mère : qu’il devait craindre Escanor par-dessus tout, n’avait guère confiance en son adversaire et redoutait que celui-ci ne tramât quelque fourberie. Aussi le frappa-t-il avec tant de haine et de violence au visage qu’il lui fendit la tête jusqu’aux épaules. À la suite de ce coup terrible, Escanor de la Montagne avait cessé de vivre. Gauvain se redressa, titubant de fatigue, et le jeune homme se précipita vers lui pour le soutenir, suivi par la jeune fille du cimetière qui manifestait bruyamment sa joie et remerciait le Ciel d’avoir permis la victoire de son sauveur.
    Mais la compagne d’Escanor ne partageait pas leur liesse. Prostrée contre le tronc d’un arbre, elle pleurait doucement sans pouvoir proférer un mot. Quand il se fut un peu remis de son effroyable combat et que le jeune homme

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