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Gauvain

Gauvain

Titel: Gauvain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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n’étais pas venu ici, aucun de mes barons, quelque ulcéré qu’il fût, n’aurait osé jouté contre ton adversaire. L’année dernière, il a remporté le prix sans coup férir. Mais les choses ont changé, à la satisfaction de tous. »
    Le nain s’approcha alors de Méraugis et lui dit : « Ne t’ai-je pas conduit sur la voie de l’honneur ? – Certes, répondit Méraugis, et je ne peux rien te reprocher. – Fort bien, dit le nain. Maintenant, je voudrais que tu m’accordes un don. – Si ce n’est pas déshonorant pour moi, je te l’accorde volontiers. Quel est ce don ? – Seigneur, reprit le nain, je vais tout te dire. Tu ne peux te figurer la joie que m’a procurée le spectacle de ton adversaire à terre, car je hais cet homme plus que tout au monde. Depuis l’an dernier, il importune chacun par son arrogance et sa suffisance. À la Pentecôte, à la belle saison, le roi a réuni sa cour, et il y est venu. Après le repas, il a promis, ainsi qu’il en avait le privilège, vingt jeunes filles d’entre celles qui nous semblaient les plus belles. Alors, moi, habitué à fréquenter la noble société, je me suis présenté, plein d’assurance, devant lui et, pour mon malheur, je lui ai demandé de m’accorder une jeune fille qui est sans égale dans le royaume. Personne, à part moi, n’aurait voulu la demander, et voici pourquoi : elle est plus petite et plus bossue que moi. Ainsi, de même que le fou et la folle doivent aller ensemble, de même avons-nous bien le droit, tous deux, de réclamer notre union. J’ai donc prié le chevalier de me l’accorder. Il m’a traité de chien galeux et conseillé d’aller ailleurs chercher une compagne. Qu’il m’éconduise de la sorte m’a rendu furieux. Je lui ai répondu qu’il usurpait le privilège de donner des épouses et qu’il réjouissait en vain ceux à qui il les promettait. Orgueilleux comme il l’est, il s’est mis en colère et, s’avançant sur moi, m’a, malgré la présence du roi, donné une chiquenaude sur le nez. Ce geste de mépris m’a profondément blessé.
    « Alors, sur-le-champ, j’ai proposé de prouver que jamais je n’avais été frappé de la main d’un chevalier. En outre, j’ai ajouté qu’il avait, par ce geste odieux, discrédité son privilège et s’était lui-même disqualifié. Enfin, le lendemain, je me suis engagé à trouver un chevalier qui prouve, en présence de toute la cour, sa forfaiture. Voilà pourquoi je t’ai entraîné dans cette aventure : tu as démontré que ce chevalier n’était pas digne de l’honneur qu’il avait reçu. Maintenant, toi seul peux me donner l’être que je désire le plus au monde. Je formule cette demande sans orgueil, car si celle que j’aime appartient à un noble lignage, je suis également de grande famille, mon père étant parent du roi.
    — Nain, dit le roi Amangon, je n’ai pas honte de toi, loin de là. » Puis, s’adressant à Méraugis : « Seigneur, dit-il, je t’en prie, accorde-lui cette jeune fille, l’être qui lui ressemble le plus au monde. Je ne sais s’ils sont nés en même temps, mais tous deux sont si bossus de naissance qu’ils se ressemblent parfaitement. » Méraugis répondit : « Je la lui accorde bien volontiers. Quant aux autres jeunes filles, roi Amangon, marie-les toi-même cette fois ; je te promets que, l’année prochaine, si je suis en vie, je reviendrai pour ce jour et séjournerai quelque temps parmi vous, si je suis toujours titulaire de mon privilège. Avec ton assentiment, je marierai les jeunes filles selon leur rang et selon leurs inclinations. Pour l’instant, je vais repartir, car je dois accomplir une quête et ne puis m’attarder.
    — Puisqu’il en est ainsi, dit le roi, je t’accorde volontiers ton congé. Mais, je t’en prie, fais-nous connaître ton nom et le pays d’où tu viens. – On me nomme Méraugis de Portleguez, et je suis de la maison du roi Arthur. – Eh bien, Méraugis, reprit le roi, sache que tu seras toujours le bienvenu à ma cour. Que Dieu te garde et te guide dans la quête que tu as entreprise. – Je te remercie, roi Amangon, dit Méraugis, et je te promets d’être présent l’année prochaine en ce même jour. »
    Il allait prendre congé quand le nain l’emmena à l’écart des autres. « Seigneur chevalier, dit-il, je voudrais te prouver ma reconnaissance pour ta loyauté et ta bravoure. Tu cherches l’ Esplumoir Merlin  ? Je vais

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