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Gauvain

Gauvain

Titel: Gauvain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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t’indiquer le chemin par lequel tu pourras y parvenir. Tu vas suivre la rivière jusqu’aux montagnes que tu vois là-bas. Quand tu y seras, tu franchiras un col et t’engageras dans une profonde vallée que tu descendras jusqu’à un endroit beaucoup plus large et bien arrosé de multiples ruisseaux. C’est de ce côté que tu trouveras ce que tu cherches. – Nain, répondit Mérangis, que Dieu te protège et t’accorde le bonheur que tu mérites. »
    Et, après avoir salué le roi Amangon, Méraugis remonta sur son cheval et piqua des deux, toujours suivi par la belle Lidoine qui sentait croître de jour en jour l’admiration et l’amour qu’elle portait à son ami {21} .

7
 
L’Île aux Sept Colonnes
    Méraugis et Lidoine avaient tant et si bien chevauché que la tombée de la nuit les trouva à gravir les pentes de la montagne. Tout à coup, non loin d’un bosquet d’arbres, ils virent un cavalier qui allait au pas. Lidoine le reconnut et dit à Méraugis : « C’est Lakis. » À le regarder plus attentivement, Méraugis s’aperçut bientôt que le malheureux n’y voyait plus que d’un œil. Il en fut rempli de tristesse, car seul l’Outredouté avait ainsi pu le défigurer. Il se porta à la rencontre de Lakis et le salua. « Que t’est-il arrivé ? dit-il. Qui t’a fait cela ? » Lakis répondit d’un air affligé : « Toi-même, seigneur. J’ai tout lieu de me plaindre de toi, car c’est par ta faute que j’ai subi ce préjudice. Ne m’as-tu pas, malgré moi, envoyé à la tente ? Je prévoyais trop n’en pas revenir indemne ! Et maintenant, me voici dans cet état ! Mieux valait mourir ou devenir fou. »
    Conscient que Lakis le rendait à juste titre responsable de son malheur, Méraugis ne sut que répondre. Au fond de lui-même, il se maudissait de son obstination. « Lakis, finit-il par dire, je reconnais mes torts. Je suis le coupable, et cela me navre. Mais puisque la honte me revient, écoute : certes, je ne peux te rendre ton œil, ni même te donner le mien, mais si tu sais où se trouve l’Outredouté, conduis-moi à lui. Sur ma foi, je lui ferai payer cher, très cher, la blessure qu’il t’a infligée. Ou il me tuera, ou je lui couperai la main qui t’a privé d’un œil et te la livrerai.
    — Ah ! soupira Lakis, que ne puis-je vivre assez longtemps pour vous voir tous deux dans un champ clos vous affronter à l’épée d’acier, pour assister au moment où l’un de vous périrait la tête tranchée ! Je ne saurais connaître de plus grande joie. Car je te hais comme je le hais. Hélas, cette heure bénie n’est pas venue… Depuis trois jours maintenant que je me suis séparé de l’Outredouté, j’ignore où il s’en est allé comme ce qu’il est devenu. Apparemment, la route qu’il a suivie ne l’a pas mené jusqu’ici. Ah ! puissent cent diables être à ses trousses ! Quant à moi, je ne suis pas en état de poursuivre ; je préfère retourner chez moi pour m’y reposer, pour l’heure je me sens trop mal. – Jamais je n’ai été si triste qu’aujourd’hui pour toi, dit Méraugis. Mais, je te le jure, et tu dois me croire sur parole, je ne reviendrai de ma vie dans mon pays si je ne te venge de l’Outredouté. Il aura la main tranchée. »
    Lakis les quitta, plein de deuil et d’affliction. Tout en pleurant et compatissant à la douleur qu’il manifestait, Lidoine suivit Méraugis sans prononcer une parole. Ils passèrent le col et débouchèrent dans une vallée profonde. Chaque fois qu’ils rencontraient un forestier, Méraugis s’enquérait de l’ Esplumoir Merlin , mais aucun de ceux qu’il interrogea ne fut en mesure de lui fournir une information précise. Un matin, cependant, comme ils se trouvaient dans une vallée arrosée de nombreux ruisseaux, leur apparut une forteresse d’aspect redoutable. Bâtie sur un piton rocheux, à mi-pente de la montagne, celle-ci, très haute, paraissait taillée d’un seul bloc ; et elle devait conserver en toute saison sa belle mine verdoyante, car ses murailles étaient tapissées d’un lierre abondant et uni. À son sommet, de forme arrondie, Méraugis aperçut un groupe de douze jeunes filles qui, assises dans un petit verger, à l’ombre d’un laurier, les regardaient venir.
    Méraugis galopa jusqu’au pied de la muraille, espérant y trouver un lieu propice à l’escalade, mais il eut beau faire le tour, aucun accès ne s’y révéla. La forteresse ne

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