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Gauvain

Gauvain

Titel: Gauvain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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« Ne me reconnais-tu donc pas ? » Gorvain regarda attentivement le nouveau venu et le reconnut. « Méraugis ! s’écria-t-il. Tu n’es donc pas mort comme tout le monde le croyait ? – Tout le monde ? dit Méraugis. Certainement pas. Il est des gens qui savent que je suis bien vivant et bien décidé à te demander des comptes ! – Que prétends-tu donc ? demanda Gorvain. – Que tu me rendes sur-le-champ Lidoine ! cria Méraugis avec colère. – Et pourquoi le ferais-je ? répondit calmement Gorvain. Elle se trouve chez moi parce que je l’ai recueillie au plus fort de sa nécessité. Elle te croyait mort et se trouvait sans protection. Je me suis occupé d’elle et l’ai réconfortée du mieux que j’ai pu. Il me semble qu’elle m’en doit de la reconnaissance. – Et le jugement d’Arthur et de Guenièvre, qu’en fais-tu ? – Me faut-il le répéter ? Je le répète : la justice va de travers à la cour d’Arthur ! » répliqua Gorvain.
    Alertée par le brouhaha de la dispute, apparut alors à une autre fenêtre une jeune fille qui regarda dans la cour. C’était la belle Lidoine, et elle éprouva un tel saisissement en apercevant Méraugis que, poussant un grand cri, elle tomba évanouie. Mais Méraugis avait eu le temps de la reconnaître, et cette vision redoubla sa colère contre Gorvain. Il se dressa sur ses étriers et hurla : « Gorvain ! je te défie ! Ou tu me restitues celle qui est en toute justice mon amie, ou bien nous nous battrons immédiatement. Nous verrons dès lors de quel côté se trouve le droit ! – Fort bien, répliqua Gorvain. J’attendais cet instant depuis bien longtemps, Méraugis, et je te ferai payer très cher ta suffisance et ton orgueil. Tu croyais peut-être que je renoncerais et te laisserais le champ libre ? Sache-le, je ne supporterais pas qu’un même lit vous accueille, Lidoine et toi. J’aimerais mieux mourir que de te la céder ! – Eh bien, battons-nous, puisque tu le veux ! dit Méraugis. – Laisse-moi seulement le temps de m’équiper, répondit Gorvain, et je te rejoins dans la cour. » Sur ce, il quitta la fenêtre et demanda ses armes et son cheval.
    Gauvain prit Méraugis à part. « Cher seigneur, dit-il, je suis ton obligé, mais je te prie de m’accorder un don. – Mon ami, répondit Méraugis, il n’est rien que je puisse te refuser si ta requête n’est pas contraire à mon honneur. – Bien au contraire, dit Gauvain. M’accordes-tu ce don ? – De grand cœur. – Tu ne te dédiras pas ? – Jamais, j’en fais le serment. Quel est ce don ? – Tu m’as accordé, répondit Gauvain, de combattre Gorvain à ta place. »
    De confusion, Méraugis s’empourpra. « C’est impossible ! » s’écria-t-il. Gauvain lui répliqua : « Tu as juré, tu ne peux t’en dédire. Je combattrai à ta place, Méraugis, parce qu’il est malséant que Gorvain et toi, qui étiez autrefois compagnons et amis intimes, vous vous battiez pour l’amour d’une jeune fille, si belle soit-elle. Tu as mieux à faire, et lui aussi. En revanche, mon devoir m’impose, à moi, de te suppléer, puisque tu m’as sauvé d’un péril autrement plus grand. Je serai ton champion, Méraugis, et je soutiendrai ton droit. – À condition que Gorvain l’accepte ! dit Méraugis. – Sois sans crainte, il acceptera. »
    Gorvain apparut alors, armé de pied en cap et monté sur un fougueux destrier. Gauvain s’approcha de lui : « Gorvain, dit-il, j’ai une requête à te faire. Je me propose de te combattre, en tant que champion de Méraugis. Si je suis vaincu, Méraugis t’abandonnera Lidoine. Mais si tu es vaincu, tu devras clamer publiquement que Lidoine est l’amie de Méraugis. » Gorvain ne fut pas peu surpris de cette requête. « Eh bien, soit, finit-il par dire. À la vérité, tu me flattes, et je ne suis pas fâché de me mesurer avec le neveu du roi Arthur, toi qu’on nomme partout la fleur de la chevalerie. J’accepte. »
    Ils prirent du recul et se lancèrent l’un contre l’autre, ferraillant sans cesse et rompant lances et boucliers. Ils vidèrent tous deux les étriers et se trouvèrent à pied, face à face, leurs épées brandies et flamboyantes dans la lumière du soleil. Si Gauvain se montrait plus habile assaillant que son adversaire, celui-ci résistait merveilleusement aux coups que Gauvain lui portait. À l’écart, aux côtés de Lakis, Méraugis suivait avec angoisse le combat qui allait

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