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George Sand et ses amis

George Sand et ses amis

Titel: George Sand et ses amis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Albert le Roy
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dernier mot est précisément celui que Claude Ruper, qui a prié comme Albertus, adresse à son disciple Antonin, quand le rideau du dernier acte tombe sur la Femme de Claude.
    Voilà les pensées sublimes d'éternité et de pardon que nous retrouverons au terme de la Comtesse de Rudolstadt ! Elles rappellent la maxime admirable du sage : «Il faut travailler comme si l'on devait vivre toujours, et être prêt comme si l'on devait partir demain.» Cet idéal de perfection, de bonté et d'amour, hantait l'âme généreuse de George Sand, alors que la calomnie stupide l'accusait d'aller le dimanche à la barrière et d'en revenir ivre avec Pierre Leroux.

CHAPITRE XXI - INFLUENCE ARTISTIQUE : LISZT ET CHOPIN
    C'est à Franz Liszt qu'est adressée la septième des Lettres d'un Voyageur, sur Lavater et la maison déserte. A ce grand musicien, «l'enfant sublime», de quoi George Sand pouvait-elle parler, sinon de musique ? «Heureux amis ! s'écrie-t-elle, que l'art auquel vous vous êtes adonnés est une noble et douce vocation, et que le mien est aride et fâcheux auprès du vôtre ! Il me faut travailler dans le silence et la solitude, tandis que le musicien vit d'accord, de sympathie et d'union avec ses élèves et ses exécutants. La musique s'enseigne, se révèle, se répand, se communique. L'harmonie des sons n'exige-t-elle pas celle des volontés et des sentiments ? Quelle superbe république réalisent cent instrumentistes réunis par un même esprit d'ordre et d'amour pour exécuter la symphonie d'un grand maître ! Oui, la musique, c'est la prière, c'est la foi, c'est l'amitié, c'est l'association par excellence.» En même temps qu'à Franz Liszt, cette définition enthousiaste était destinée à celle qui partageait sa vie et qui, pour lui, avait sacrifié les séductions du monde et l'orgueil d'une origine aristocratique, la brillante Marie de Flavigny, comtesse d'Agoult, en littérature Daniel Stern. George Sand avait rencontré Liszt, en 1834, au temps de son intimité avec Alfred de Musset. Elle le tint d'abord à distance, pour complaire sans doute à son ombrageux amant. Plus tard, quand l'illustre pianiste eut contracté une liaison rendue publique, tous obstacles disparurent. Au mois de mai 1835, George Sand écrivait à madame d'Agoult, qui avait suivi Liszt à Genève : «Ma belle comtesse aux beaux cheveux blonds, je ne vous connais pas personnellement, mais j'ai entendu Franz parler de vous et je vous ai vue. Je crois que, d'après cela, je puis sans folie vous dire que je vous aime, que vous me semblez la seule chose belle, estimable et vraiment noble que j'aie vue briller dans la sphère patricienne.
    Il faut que vous soyez en effet bien puissante pour que j'aie oublié que vous êtes comtesse. Mais, à présent, vous êtes pour moi le véritable type de la princesse fantastique, artiste, aimante et noble de manières, de langage et d'ajustements, comme les filles des rois aux temps poétiques.» Et la lettre se termine par ces simples mots, exquisement délicats : «Adieu, chère Marie. Ave, Maria, gratia plena !»
    Si plus tard une brouille ou un refroidissement se produisit entre ces deux femmes de lettres, ce ne fut point à l'occasion de Liszt. Il ne plut jamais, amoureusement s'entend, à George Sand qui ne lui plut pas davantage. Leurs atomes crochus refusèrent de se joindre. Et pourtant Liszt était un séducteur irrésistible, qui traînait les coeurs sur son passage et cueillait ses fantaisies, comme des fleurs dans un parterre. Don Juan mystique, tour à tour voué à la passion et à la religiosité, il n'enrichit pas la galerie de George Sand. Peut-être eût-elle souhaité d'esquisser vaguement avec lui un marivaudage, pour réveiller par la jalousie la tendresse languissante de Musset. Mais «aimer Liszt, dit-elle familièrement, m'eût été aussi impossible que d'aimer les épinards.» Il y avait de rares plats qui n'étaient pas à son goût. Au demeurant, elle avait bon appétit.
    Franz Liszt offre, au regard des aspirations intellectuelles, le même contraste que dans l'ordre moral et religieux. Son esprit fut aussi contradictoire que son coeur. Né en 1811 d'une famille très modeste de Hongrie-son père était attaché aux domaines du prince Esterhazy-il eut la fortune et les succès précoces d'un petit prodige, doué d'une merveilleuse virtuosité.
    La société la plus aristocratique de toute l'Europe lui octroya ses flatteries et ses caresses. Il se

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