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Gondoles de verre

Gondoles de verre

Titel: Gondoles de verre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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vu.
    — Un objet gros comme un plateau à petit déjeuner ?
    — Oui, à peu près.
    — Et que s’est-il passé ?
    — L’individu a disparu dans les cales. Lorsqu’il en est ressorti pour regagner le ponton, il…
    — … n’avait plus le paquet ! Il l’avait laissé à bord.
    — Vous m’arrachez les mots de la bouche, commissaire. Bien sûr, j’ignore le contenu du paquet et l’identité de l’homme en question. Mais je suppose que vous en arriverez aux mêmes déductions que moi.
    — À savoir ?
    — Que Troubetzkoï a commis le crime et dérobé le Titien. Et qu’il l’a mis en sécurité. Sans doute que votre visite l’a rendu nerveux.
    — J’ai laissé entendre que la police pourrait entreprendre une perquisition.
    Sivry sourit de nouveau.
    — Perquisition tout à fait impossible, bien sûr. Peu importe, Troubetzkoï ne voulait courir aucun risque. Je suppose qu’il vous a servi un alibi parfait.
    Le commissaire hocha la tête.
    — Sa femme a prétendu qu’il était rentré au moment du crime et n’était plus ressorti ensuite.
    — Vous allez sûrement vérifier.
    — Bossi s’en occupe. Par ailleurs, le grand-prince a avoué avoir encaissé des commissions. Il a réagi avec un calme olympien à cette accusation. Je n’ai pas eu l’impression qu’elle constitue un motif de crime valable. Il tient le dossier destiné à l’ambassadeur de Vienne pour une rumeur lancée par Kostolany. Spaur non plus n’est pas chaud pour que nous poursuivions cette piste.
    — Qu’a-t-il dit ?
    — Que le consul est une vieille connaissance de Toggenburg. Et qu’il ne veut pas avoir de problèmes avec le commandant de place.
    Le propriétaire de la galerie hocha la tête d’un air absorbé.
    — Vous ne pouvez donc pas prendre le risque de fouiller le bateau.
    — À moins que nous ne soyons vraiment sûrs que le Titien se trouve à bord. Si nous découvrons le tableau, Troubetzkoï est fichu. À ce moment-là, le caractère illégal de la perquisition ne jouera plus aucun rôle.
    — Qu’avez-vous l’intention de faire ?
    Bonne question, songea Tron. L’idée de s’introduire à bord du Karenine en pleine nuit, de forcer une serrure probablement fragile et de confisquer le Titien le tentait beaucoup. D’un autre côté, cette entreprise nocturne pouvait mal tourner. Il haussa les épaules.
    — Je vais en discuter avec mon sergent. Il doit déjà m’attendre au commissariat. Si la grande-princesse a menti, cela change la donne.
     
    Assis de l’autre côté du bureau de Tron, Bossi semblait avoir accordé ce jour-là une attention particulière à son apparence extérieure. Pas un grain de poussière ne déparait son uniforme brossé le matin même. Ses bottes luisaient comme deux miroirs. Et son casque de police, incliné vers l’arrière en dépit du règlement, lui donnait un air audacieux. Le commissaire songea qu’il ressemblait à un policier italien dans une opérette française. On aurait dit qu’il allait se mettre à chanter. En do majeur ? Le ton héroïque ? Toutefois, il se contenta de parler. Quoique d’une voix chantante.
    — Mlle Alberoni est un témoin des plus précieux, dit-il en guise d’introduction.
    — Mlle Alberoni ?
    Tron n’avait pas la moindre idée de qui il voulait parler.
    — La demoiselle qui nous a ouvert chez les Troubetzkoï, expliqua-t-il. Je l’ai croisée hier par hasard sur la place Saint-Marc et l’ai abordée à cause de notre affaire.
    Il poussa un soupir et laissa tomber un regard rêveur sur l’arête du bureau.
    — Quand elle rit, de petites fossettes se dessinent aux coins de sa bouche. Son profil a quelque chose…
    Il soupira de nouveau, inspira et laissa la phrase en suspens.
    En tout cas, pensa Tron, le visage de Bossi avait quelque chose d’extrêmement absent – un peu comme l’expression de Titania après la potion magique de Puck dans Le Songe d’une nuit d’été . La Saint-Jean était-elle déjà passée ? Il ne se rappelait jamais la date. Il dit sur un ton plus sec qu’il ne le voulait : — Venez-en aux faits, sergent.
    Bossi sursauta et s’éclaircit la gorge pendant plusieurs secondes.
    — Mlle Alberoni a vu Troubetzkoï sortir du palais peu avant neuf heures. Il est revenu vers onze heures et demie. Puis elle a entendu une terrible dispute entre les époux.
    Les sourcils de Tron se haussèrent soudain. Cela signifiait que l’alibi du grand-prince ne valait rien ! Au fond, ce n’était pas une vraie

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