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Gondoles de verre

Gondoles de verre

Titel: Gondoles de verre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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surprise.
    — Donc, sa femme a menti, constata-t-il.
    — Cela ne fait aucun doute, l’approuva Bossi qui suggéra aussitôt un plan de bataille. À présent, il suffit de faire sortir le Titien du palais Contarini.
    Puis d’ajouter sur un ton professionnel :
    — Je pourrais sans peine approfondir mes relations avec Mlle Alberoni.
    Ce qui n’était pas une vraie surprise non plus. Tron sourit.
    — Ce ne sera pas nécessaire, sergent.
    Il lui rapporta alors la discussion qu’il avait eue avec Sivry.
    — Donc, par précaution, Troubetzkoï a déplacé le tableau, conclut Bossi, la mine songeuse. La menace de perquisition l’a effrayé.
    Il s’adossa à sa chaise et fixa un moment le plafond.
    — Si l’équipage est reparti, je pourrai peut-être…
    Le commissaire l’interrompit d’un geste ferme.
    — Non, sergent. Réfléchissez ! Le Karenine mouille à quelques pas de la caserne des chasseurs croates qui passent leurs nuits à déambuler deux par deux devant la Fondation des Incurables. Le risque serait trop grand. En outre, nous ne sommes même pas sûrs que l’homme aperçu hier soir sur le bateau soit le grand-prince.
    — Mais nous disposons d’une chaîne d’indices presque parfaite, commissaire !
    Tron avait prévu que Bossi emploierait cette expression.
    — Nous avons un motif plausible, un faux alibi et un changement de cachette. Que voulez-vous de plus ?
    Le commissaire secoua la tête.
    — Ce ne sont que des rumeurs et des spéculations, sergent. Le fait que Troubetzkoï soit ressorti la nuit du crime n’implique pas pour autant qu’il ait tué Kostolany.
    — Mais quelle raison la grande-princesse avait-elle de nous mentir ?
    Tron haussa les épaules.
    — Je l’ignore, Bossi. Il peut y en avoir des milliers. Tout ce que je sais, c’est que nous avançons sur un terrain miné.
    — Que faire dans ce cas ?
    — Rendre une nouvelle visite au consul, l’informer que son alibi ne tient pas et lui apprendre que quelqu’un l’a vu hier soir déposer un paquet à bord du Karenine .
    — Nous y allons au bluff ?
    Tron acquiesça.
    — Si nécessaire, nous lui proposerons un marché. Il nous rend le tableau et nous le laissons courir. De toute façon, nous ne pouvons pas l’arrêter. D’un point de vue officiel, nous n’avons même pas le droit d’ouvrir une enquête contre lui sans prévenir le ministère à Vienne.
    Bossi s’obstina :
    — L’idéal serait quand même de saisir le Titien sur le bateau.

15
    — Quelle excellente idée ! s’exclama la princesse, de bonne humeur.
    Elle attrapa un carré noisette 1 dans la coupe en argent posée sur la petite table à côté de sa méridienne et fixa le commissaire, les yeux brillants. La présence du Titien à bord du Karenine la transportait. Elle ne voulait rien savoir de l’objection timide formulée par son fiancé qui lui avait fait remarquer que personne ne pouvait garantir cette simple supposition.
    — Si tu le souhaites, poursuivit-elle avec entrain, tu peux prendre ma gondole. Moussada n’a qu’à t’accompagner. De cette manière, tu ne seras pas obligé de porter toi-même le tableau. Dois-je te prêter des outils ou penses-tu trouver le matériel nécessaire à bord ?
    Elle jeta un coup d’œil à l’extérieur.
    — J’espère qu’il ne va pas se mettre à pleuvoir.
    Les fenêtres donnant sur le Grand Canal étaient béantes. Tron put ainsi constater que les craintes de Maria étaient justifiées. Le ciel s’était couvert. Au fond, pensa-t-il, tant mieux. Il n’avait pas besoin d’un clair rayon de lune. Sans le vouloir, il lâcha :
    — À t’entendre, on dirait que je vais chercher une livre de fromage. Puis-je te rappeler qu’il s’agit d’un cambriolage ? Sur un bateau jouissant selon toute vraisemblance du statut d’exterritorialité ? Sur lequel je n’ai le droit de monter qu’avec l’autorisation du consulat de Russie ?
    — Je ne vois pas où est le problème, le rassura la princesse. Tu grimpes à bord, tu t’empares du tableau et tu t’évanouis dans la nature. Ensuite, Troubetzkoï est pieds et poings liés. Et la reine de Naples t’en sera reconnaissante à jamais.
    Elle le dévisagea, la mine ravie, comme si elle voyait un des Rois mages muni d’une coupe d’encens.
    — Si Spaur l’apprend, je suis mort.
    — Pourquoi veux-tu qu’il l’apprenne ?
    — Je pourrais me faire prendre.
    — Par qui ?
    — Par une patrouille. L’est de Dorsoduro grouille de soldats.
    — Si ce sont

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