Grands Zhéros de L'Histoire de France

parfaitement mesquin. À chacun ses moutons noirs et ses boucs émissaires ! Ainsi, s’il est vrai que le malheureux Deledicq évoqué dans Historia était français, sa bourde avec le papier carbone concerna tous les belligérants de la guerre de 1914 ; sa mésaventure mise à part, tous les exemples d’« antiexploits » répertoriés dans le livre des bides sont britanniques, voire très exceptionnellement américains. Il faut sur ce point rendre un hommage appuyé au fair-play de Stephen Pile !
    Enfin, il est évident que cette sélection fera l’objet de critiques, que certains des noms retenus feront pousser des cris d’orfraie. Peut-être même se trouvera-t-il quelques descendants de nuls, dont j’aurais omis de signaler l’existence, pour revendiquer l’insigne déshonneur pour leur aïeul de figurer dans ces pages ? L’avenir le dira. Pour l’heure, afin de parer à toute contestation, tentons de définir au plus près ce que nous entendons par nullité historique.
    Pourront à notre sens être considérés comme « zhéros » de l’histoire de France :
    — Les hommes providentiels qui déçurent tous les espoirs par faiblesse, bêtise ou lâcheté.
    — Ceux qui ne furent pas à la hauteur de leur mission ou déclenchèrent des catastrophes par leur incompétence.
    — Les boucs émissaires de nos défaites militaires, que leur responsabilité soit fondée ou pas.
    — Des individus qui, eux-mêmes assez peu doués, eurent le pouvoir de nuire à de vrais génies.
    — Ceux qui reçurent dans leur berceau un capital exceptionnel qu’ils dilapidèrent ; ces malheureux « fils de » que l’on jugea d’autant plus « nuls » qu’ils étaient les rejetons de grands hommes.
     
    Tous seront désignés sous le vocable de « zhéros », terme dont nous croyons qu’il est beaucoup moins désobligeant que celui de « nuls », et plus conforme à la réalité de ces personnages, qui la plupart du temps furent à la fois « héros » et « zéros », ayant souvent connu les feux de la rampe avant d’être voués aux gémonies. La Rochefoucauld en exprima l’idée dans un aphorisme frappé au coin du bon sens : « Il y a des héros en mal comme en bien. »
     
    Entendons-nous bien : il n’est pas question de les accabler, l’histoire s’en est déjà chargée ! Ne soyons pas négatifs : un zhéro est un nul, pas un moins que rien ! Au demeurant, disons-le tout de go, « mes » zhéros, je les aime. Je ressens pour eux sinon de l’estime, en tous cas de l’affection. C’est d’ailleurs pourquoi j’ai souhaité leur consacrer ce livre.
    Ultime précision : mes investigations ne franchiront pas le cap du XX e siècle. Je m’en explique. Lorsque j’ai demandé autour de moi l’avis de proches et d’autres historiens sur les grands nuls de notre histoire, des noms revenaient régulièrement, comme ceux de généraux de la guerre de 1914-1918, (en particulier celui du général Nivelle, dont la désastreuse offensive fit des dizaines de milliers de morts), et ceux de généraux de la guerre de 1940, (comme Gamelin et Weygand), voire celui du maréchal Pétain. Mais les personnages en question sont bien trop proches de nous, leur entêtement, leurs erreurs ou leur incompétence ont coûté trop cher en vies humaines et leurs noms sont associés à des souvenirs trop douloureux encore. La déculottée de la chevalerie française à Crécy en 1346 peut prêter à sourire, pas le Chemin des Dames ! Voilà pourquoi, révisant à la baisse son ambition initiale de balayer la nullité historique de Vercingétorix à nos jours, ce livre effectuera finalement un rapide survol de la nullité de Vercingétorix à 1899 !
     
    Nous passerons donc en revue les « zhéros pointés », c’est-à-dire ceux dont les noms sont revenus le plus souvent à la question : « Quels sont les grands nuls de l’histoire de France ? » Certains d’entre eux, que nous qualifierons de « faux nuls », n’ont rien à faire dans notre palmarès et, pour ne pas avoir été aussi mauvais qu’ils l’auraient pu ou voulu, en seront impitoyablement exclus ! Nous nous pencherons ensuite sur nos marins d’eau douce, dits aussi « zhér’eaux de mer », ainsi que sur toute une série de piteux militaires réunis sous l’intitulé de « zhéros zhéros 7 ». Enfin, nous évoquerons quelques « doubles zhéros » qui, vivant dans l’ombre d’un génie, lui nuisirent par tous les moyens.
    Au terme de cette immersion dans notre