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Grands Zhéros de L'Histoire de France

Grands Zhéros de L'Histoire de France

Titel: Grands Zhéros de L'Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Clémentine Portier-Kaltenbach
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replier dans l’auberge de Camerone, une grande bâtisse aux murs de 3 mètres de haut. Les hommes de Danjou vont jurer de s’y battre jusqu’à la mort. Dans une chaleur de plomb, sans eau ni nourriture, ces soixante hommes combattent toute une journée contre deux mille Mexicains. Ils se font tuer l’un après l’autre, y compris Danjou qui prend une balle en pleine poitrine. À la fin de l’après-midi, il ne reste plus que quatre hommes, qui, acculés, sont épargnés par les Mexicains impressionnés par leur courage et qui les laissent même conserver leurs armes. À Camerone, soixante Français tuèrent trois cents Mexicains et en blessèrent autant. Leur sacrifice permit au convoi en route pour Puebla de parvenir sans encombre à destination. Ce combat est devenu l’emblème de la Légion étrangère et c’est Napoléon III qui fit inscrire le nom de Camerone sur le drapeau de la Légion, et écrire en lettres d’or sur les murs des Invalides les noms des trois officiers de la compagnie Danjou. Chaque année, le 30 avril, les légionnaires sortent la main artificielle du capitaine Danjou de sa vitrine, se trouvant dans la crypte du musée de la Légion étrangère à Aubagne, et la portent solennellement jusqu’au monument érigé à la mémoire des légionnaires tombés au combat.
    Bazeilles et Sidi-Brahim furent des combats de la même espèce, au cours desquels quelques soldats héroïques, submergés par le nombre, luttèrent jusqu’à épuisement de leurs dernières cartouches. Tandis que les légionnaires conservent la main de bois de Danjou, les cendres des combattants de Sidi-Brahim sont conservées dans un mausolée au château de Vincennes et la terre de Bazeilles est gardée dans une urne au musée des Troupes de marine à Fréjus.
     
    Chacune de ces défaites héroïques est devenue l’emblème d’un corps d’armée. Citant Ernest Renan dans un article consacré à ces trois défaites évoquées dans Le Sacrifice du soldat (collectif CNRS, septembre 2009), le journaliste Claude Jaquemart – lui-même né à Sedan ! – écrit : « La souffrance en commun unit plus que la joie. En fait de souvenirs nationaux, les deuils valent mieux que des triomphes, car ils imposent des devoirs, ils commandent l’effort en commun. » Nous, Français, ne serions donc pas loin de préférer le sacrifice du dernier carré de grognards anéanti à Waterloo, façon « la garde meurt mais ne se rend pas », à l’éblouissante victoire d’Austerlitz. Voilà qui ne manque pas de panache et c’est un bon point pour la France dont il fallait absolument faire état dans ce livre où l’on cherche davantage à aligner ses petitesses que ses grandeurs ! Enfin, sachons rester lucides : sur l’Arc de triomphe ne sont gravés que des noms de victoires remportées par nos armées : cent soixante-quatorze victoires obtenues entre 1835 et 1895 pour être exact. Au lendemain de la bataille de Diên Bien Phu, il se trouva bien un député pour suggérer de faire inscrire le nom de cette terrible défaite dans la pierre du monument, mais ce projet ne fut pas suivi d’effet et, finalement, seule une plaque apposée au sol sous la grande voûte en évoque le souvenir. Notons également dans le même ordre d’idées que l’école militaire de Saint-Cyr, à côté des promotions capitaine Danjou (1971-1973), Camerone (1962-1964), et même… Montcalm (1980-1982), eut sa promotion Diên Bien Phu (1953-1955). Il est vrai que Saint-Cyr conserva longtemps la tradition de confier au dernier reçu au concours d’entrée, surnommé « Père système » ou « Systus », la charge honorifique de délégué de la promotion. À l’Ecole polytechnique, c’est le major que l’on surnomme « le Nègre » ! Dans un cas, le moins bon est valorisé, dans l’autre, le meilleur est affublé d’un sobriquet désobligeant. Traditions surprenantes mais ô combien significatives ! Quoi qu’il en soit, nous n’en sommes encore pas à donner des noms de déculottées à des bases militaires ou à des bâtiments de guerre, ou à nous passionner pour nos vaincus, comme le font sans complexe les Américains. Chez eux, le général Custer, qui fut battu à plates coutures par les Indiens au cours de la fameuse bataille de Little Bighorn (25 juin 1876), est la personnalité à laquelle le plus grand nombre de livres ont été consacrés aux États-Unis jusqu’à ce jour, précédant en cela le président Lincoln. Imagine-t-on chez

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