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Grands Zhéros de L'Histoire de France

Grands Zhéros de L'Histoire de France

Titel: Grands Zhéros de L'Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Clémentine Portier-Kaltenbach
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et que lui-même devienne « lieutenant général de l’Empire ». Un projet très légèrement mégalomaniaque que l’on peut vraisemblablement analyser comme un reliquat des rêves de grandeur mexicains du ménage Bazaine. Eugénie refuse ce projet qui supposait l’acceptation de la défaite et des conditions prussiennes. Alors qu’elle assurait jusqu’à présent la régence, elle se réfugie chez son dentiste américain, puis gagne Deauville et l’Angleterre.
    Le 28 octobre 1870, sans raison militaire valable, Bazaine capitule avec une armée intacte : cent soixante-treize mille hommes et mille cinq cent soixante-dix canons. La France entière se sent trahie ! Il était le seul espoir de pouvoir continuer la guerre. Sa capitulation libère les troupes prussiennes occupées à assiéger Metz, ce qui vient ruiner définitivement le plan de défense du gouvernement provisoire : non seulement les troupes ainsi libérées peuvent se lancer à l’attaque des troupes françaises massées à Orléans, mais, en outre, l’armée de Bazaine ne pourra plus se porter au secours de Paris. C’en est donc bien fini, Paris est perdu. « Le misérable Bazaine venait de surpasser tout ce que l’histoire nous apprend sur les grands traîtres, suivant en cela l’exemple du troisième Bonaparte à Sedan (25) » Léon Gambetta rédige aussitôt une proclamation dans laquelle il accuse explicitement Bazaine de trahison. Et, de fait, côté prussien, des journaux se féliciteront de l’attitude de Bazaine, admettant que la poursuite des combats à Metz aurait certainement hypothéqué leur victoire finale. Une enquête est ouverte. De retour d’Allemagne, où il a été retenu prisonnier, puis de Suisse, Bazaine lui-même demande à être présenté devant un conseil de guerre pour pouvoir s’expliquer alors que jusqu’à présent, il n’avait fait l’objet que d’un blâme.
     
    Grave erreur de sa part ! Que peut-il attendre d’un procès ? Il est le coupable idéal : pour les républicains et les royalistes, il est bon de pouvoir faire porter le chapeau à un bonapartiste, et pour les bonapartistes, Bazaine paiera les pots cassés pour Napoléon III, dont ils ne désespèrent pas alors qu’il revienne en France. Le conseil de guerre se tient au Grand Trianon à Versailles ; il est présidé par le duc d’Aumale, fils de Louis-Philippe, vainqueur d’Abd el-Kader. D’Aumale est consterné d’être nommé à cette fonction mais doit s’incliner car il est alors le plus ancien divisionnaire de l’armée. Il y avait bien le général Schramm, mais il était cacochyme. En présidant malgré lui les débats, d’Aumale demanda à Bazaine : « Comment avez-vous pu vous adresser à l’ennemi en pleine guerre ? Ne pensez-vous pas que votre situation militaire vous obligeait à respecter les règlements ?
    — Mais l’Empire était tombé… balbutia le malheureux Bazaine. Rien de légal n’existait plus, il n’y avait plus rien. » D’Aumale lui fit alors cette réponse bien digne de lui :
    « Plus rien ? Il y avait la France, monsieur le maréchal. »
     
    Avocat de Bazaine, maître Lachaud commence sa plaidoirie en ces termes : « Le plus glorieux de nos soldats est-il un traître ? Le maréchal Bazaine a-t-il forfait au devoir et à l’honneur ? L’accusation vous demande de le déclarer et d’ajouter cette honte à toutes nos infortunes. » Il poursuit : « Les nations viriles n’ont pas d’injustes soupçons pour les hommes qui, chargés de les défendre, ont succombé sous le nombre, et elles n’accusent pas de trahison leurs généraux malheureux. Les peuples faibles, au contraire, cherchent une victime ; ils l’immolent, et il leur semble que leur douleur est moins amère. » Puis Lachaud énumère les états de service de Bazaine, dix fois cité au service de la France et titulaire des plus prestigieuses décorations anglaises, espagnoles, mexicaines, savoyardes et même perses. « Il a trahi, lui, le militaire dont les états de service vous ont été lus, au commencement de cette affaire, lui, dont l’existence glorieuse pendant quarante ans a été pour la France un sujet d’admiration ! » Lachaud va tenter de démonter le chef d’inculpation principal de « capitulation en rase campagne », passible de la peine de mort, en essayant notamment de démontrer que Bazaine n’était en aucun cas en rase campagne puisqu’il était bloqué dans Metz avec son armée ! Il évoque également les

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