Grands Zhéros de L'Histoire de France
nous la biographie de Grouchy délogeant celle du général de Gaulle des têtes de gondole des librairies ?
Fermons à présent cette parenthèse et retrouvons Bazaine au moment où commence la guerre franco-prussienne. En août 1870, il est donc nommé commandant en chef de l’armée du Rhin. Pour l’armée française mal préparée, la guerre de 1870 ne sera qu’une longue suite de défaites. Enfin, « longue », il faut le dire vite, puisqu’il s’écoule un mois et demi seulement entre la déclaration de guerre et la capitulation de Napoléon III, suivie de cinq mois de siège devant Paris. Côté français, c’est l’improvisation ! La mobilisation est anarchique, on ne sait où concentrer les réservistes qui affluent de toutes parts. Et si ce n’était que ça ! Napoléon III, commandant en chef, est malade ; il souffre beaucoup, ce qui a pour effet de lui brouiller l’esprit et de le rendre plus indécis que jamais. Au moment où débutent les hostilités, les Prussiens sont à deux contre un, leurs troupes sont commandées par de meilleurs officiers, mieux organisées, mieux équipées, disposant notamment de canons Krupp en acier à toute épreuve et à longue portée. Et puis ils sont motivés, ayant en ligne de mire la perspective enthousiasmante de réaliser l’unité allemande autour de la Prusse, unité préparée de main de maître par Bismarck, et qui sera proclamée dans la galerie des Glaces du château de Versailles le 18 janvier 1871.
Après les premiers revers essuyés par les troupes françaises, l’opinion publique réclame Bazaine à la tête de l’armée. Bazaine n’est pas emballé par sa nomination (réaction on ne peut plus classique chez nos zhéros de l’histoire), car il hérite d’une armée qui a déjà connu trois défaites et qui est totalement désorganisée. Le 6 août, les Français sont vaincus à Forbach. Les troupes de Bazaine se replient sur la rive gauche de la Moselle, tout en tenant Metz. À ce moment précis, le maréchal français dispose momentanément de la supériorité numérique. Il passe la Moselle avec cent trente mille hommes, livre une bataille indécise contre soixante-cinq mille Allemands qui résistent avec acharnement et là, chose absolument incompréhensible, plutôt que de profiter de son avantage, il replie toutes ses troupes sur Metz le 17 août. La I re et la II e armée allemande s’étant rejointes, les Prussiens sont à présent deux cent mille, contre quarante mille soldats français restés en dehors de Metz. Ces malheureux se font « ratatiner » à Gravelotte et la garnison de Metz est à nouveau bloquée. Pendant que Bazaine s’y claquemure, (ce qui n’est pas sans faire penser à l’attitude de Villeneuve à Cadix !), Strasbourg et surtout Belfort, commandée par Denfert-Rochereau, résistent aux troupes allemandes ! En voulant se porter au secours de Bazaine encerclé dans Metz, Napoléon III va se faire enfermer à son tour dans Sedan. Riche idée de regrouper ses troupes à Sedan, tout au fond d’une vallée ! Fallait-il que la maladie de la pierre dont il souffrait mort et passion lui portât sur le système ? L’empereur s’y fait canarder par sept cents canons ; il est obligé de capituler sans conditions avec cent mille hommes le 1 er septembre et se constitue prisonnier. La veille avait eu lieu la terrible défaite de Bazeilles qui vient d’être évoquée. Il n’y a plus d’armée française, hormis celle de Bazaine assiégée dans Metz. Napoléon III signe la capitulation le 2 septembre, au château de Bellevue.
Deux jours plus tard, la déchéance de l’Empire est prononcée ; Jules Favre, Jules Ferry et Gambetta proclament la République à l’Hôtel de Ville et annoncent la création d’un gouvernement provisoire placé sous la direction du général Trochu et de Favre. Bientôt, les troupes allemandes encerclent Paris, et trois membres du gouvernement français, dont Gambetta, fuient la capitale en montgolfière pour aller organiser la résistance en province.
À présent, tous les espoirs reposent sur Bazaine ; mais à la stupéfaction générale celui-ci reste totalement inerte ! Bonapartiste, il refuse de se rallier au gouvernement de Défense nationale et ses troupes continuent à se battre avec les drapeaux impériaux. Il négocie de son côté, par personne interposée, avec Bismarck, auquel il propose que l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, exerce la régence
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