Grands Zhéros de L'Histoire de France
Napoléon. Le maréchalat lui a échappé à cause de sa défaite de Kulm, déroute qu’on lui impute d’ailleurs assez injustement.
Trahisons, rivalités, dissensions… Selon certains historiens, il faudrait même leur ajouter un élément trivial certes, mais qui manifestement joua également un rôle à Waterloo : les hémorroïdes de l’Empereur, qui selon le célèbre docteur Cabanes dans Les Indiscrétions de l’histoire l’empêchèrent de monter à cheval pour aller étudier le terrain ainsi qu’il en avait toujours l’habitude avant de livrer bataille.
Finalement, Grouchy fut à Waterloo complètement nul dans tous les sens du terme, c’est-à-dire à la fois mauvais et absent quand la victoire était encore possible, et c’est finalement lorsque tout fut perdu qu’il se montra véritablement héroïque. Excédé par l’insubordination de ses officiers, il aurait déclaré : « Si l’on ne peut se faire obéir, il faut savoir se faire tuer […]. En cet instant, Grouchy est grand, quand tout est perdu » (G. le Tuzlo). Maintenant qu’il sait très précisément ce qu’il a à faire, c’est-à-dire battre en retraite, il se montre enfin à la hauteur et va effectuer un repli remarquable, combattant à Wavre, où décidément il était écrit qu’il devait aller coûte que coûte, et ramenant en France la seule unité encore en état de combattre ! Il sera même félicité pour ce haut fait !
Proscrit à la seconde Restauration, Grouchy quitte la France pour l’Amérique dont il ne rentrera qu’en 1821. Louis XVIII le rétablit dans ses titres, car il était un authentique marquis d’Ancien Régime (son père avait été page du roi Louis XV), mais le prive en revanche de son bâton de maréchal acquis pendant les Cent-Jours. C’est le roi Louis-Philippe qui le lui restituera, ainsi que les émoluments correspondant à ce titre. Grouchy meurt en 1847 à Saint-Étienne, en revenant d’un voyage en Italie, à l’âge de quatre-vingt-un ans.
Emporté dans son vibrant plaidoyer, l’auteur des Fraises de Grouchy conclut son livre en écrivant : « À terme Grouchy n’a jamais trahi son Empereur et ce fut un homme de devoir fidèle. » Voilà une bien émouvante pensée qui dut adoucir la captivité de Napoléon à Sainte-Hélène ! Son dernier maréchal perdu dans la quatrième dimension entre Wavre et Perwez s’était montré bête à manger du foin, mais d’une irréprochable loyauté !
Au vu de son attitude à Waterloo, Grouchy occupe une place méritée parmi les grands zhéros de l’histoire de France. Quand bien même d’ailleurs il n’en aurait pas entièrement eu le comportement, il en avait déjà la physionomie ! Certes, les considérations de cet ordre sont injustes et blessantes et n’ennoblissent pas celui qui les formule, mais on ne peut s’empêcher de constater qu’il avait une tête de parfait abruti, ce qui influence fatalement notre appréciation globale du personnage. Le lecteur en jugera par lui-même (voir le cahier photo).
Pour Grouchy en tout cas, l’ostracisme et la malédiction se sont prolongés jusqu’à aujourd’hui, puisque aucun monument à sa gloire n’a jamais été érigé, alors qu’il avait tout de même « existé », brillé et mérité son bâton de maréchal sur tous les champs de bataille « fréquentés » avant Waterloo !
Bazaine et sa corde
Avant même d’évoquer le cas de Bazaine, considéré par la France entière comme responsable de la défaite de nos armées contre les Prussiens en 1870, rappelons que la veille de cette guerre fut une période faste en zhéros. Certains d’entre eux, plutôt « gratinés », furent cependant assez heureux pour passer entre les mailles du filet de la postérité. Concentrant sa vindicte et son ressentiment sur les seuls Bazaine et Napoléon III, l’opinion publique ignora en effet dédaigneusement ce menu fretin. Pourtant, en fait de nuls, la classe politique aux affaires offrait l’embarras du choix. C’était à qui ferait les déclarations les plus bêtes ! Émile Ollivier, par exemple. Premier ministre occupant le portefeuille de la Justice, il déclare le 30 juin 1870 devant le corps législatif : « À aucune époque, la paix n’a été plus assurée qu’aujourd’hui ! » Quinze jours plus tard, la France déclarait la guerre à la Prusse ! Que le conflit se précise et Ollivier, retournant sa veste, affirmera alors devant le même cénacle accepter « d’un cœur
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