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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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être avertis de cette affaire !
    — J’ai
omis volontairement de le faire parce que je redoutais la réaction de notre
peuple. Certains auraient été tentés de s’en prendre aux prisonniers et de les
molester. Caïus Caecilius Catulus, le consul qui fut mon adversaire en Sicile,
m’a discrètement envoyé deux émissaires avec lesquels j’ai eu de longues
conversations. Nous sommes parvenus il y a peu à un accord. Moyennant la
libération des captifs, Rome s’engage à nous fournir toutes les marchandises
dont nous avons besoin et à s’abstenir de commercer avec nos ennemis. Dès les
premiers beaux jours, une flotte arrivera d’Ostie, nous mettant à l’abri de la
disette.
    — Tu
as sagement agi.
    — Ce
n’est pas tout. J’ai aussi renoué nos relations avec Hiéron, ce fieffé coquin,
responsable de la cause de tous nos malheurs par sa trahison au début de la
guerre. L’amitié des Romains lui pèse beaucoup depuis que nous avons quitté la
Sicile. Il craint pour l’indépendance de son royaume. Il a donc besoin d’une
Carthage forte et il ne s’est pas fait prier pour accepter de nous livrer en
grandes quantités du blé et de l’huile.
    Quand vint
la belle saison, Hamilcar quitta Carthage avec son armée. Il s’apprêtait à
franchir le Macaras lorsqu’un messager du Conseil des Cent Quatre le
rejoignit :
    — Fils
d’Adonibaal, j’ai deux mauvaises nouvelles à t’annoncer.
    — Parle.
    — L’un
de nos navires a pu quitter Utique avant que la ville ne soit prise par les
mercenaires.
    — C’est
impossible.
    — Si.
Nous avons été trahis de la manière la plus odieuse par des gens qui sont de
notre race, qui parlent notre langue et qui révèrent les mêmes dieux que nous.
Ils ont d’abord proposé aux Romains leur alliance mais ceux-ci ont refusé.
    — Ce
sont des ennemis mais ils sont fidèles à la parole qu’ils m’ont donnée.
    — Les
habitants d’Utique ont alors rencontré Matho et celui-ci leur a promis
d’épargner leurs vies et leurs biens s’ils lui livraient la ville. Ils ont mis
à exécution ce sinistre projet et massacré sans pitié nos hommes, commandés par
ton beau-frère Hannibal, leurs corps ont été jetés par-dessus la muraille.
    — Hannibal
a-t-il été épargné ?
    — D’après
ce que je sais, il s’est conduit en lâche, suppliant les habitants d’Utique de
lui laisser la vie et leur indiquant les cachettes où certains de ses hommes
s’étaient réfugiés. Voyant cela, l’un de ses officiers, avant d’être tué, l’a
frappé mortellement avec son glaive pour le punir de sa fourberie.
    — Il
a bien fait. Hannibal est mort comme il a vécu, en traître et en peureux. Sa
fin me console de bien des choses.
    — Que
veux-tu dire par là ?
    — Cela
ne regarde que moi. Quelle est la seconde mauvaise nouvelle ?
    — Ton
père.
    — Que
s’est-il passé ?
    — Il
était en séance au Sénat lorsqu’on a annoncé la chute d’Utique. Il s’est levé,
a porté la main à sa poitrine et s’est écroulé, face contre terre. Il est mort
sans avoir repris connaissance. Sache que la ville lui a fait des funérailles
grandioses.
    — Laisse-moi.
    Hamilcar
resta longtemps prostré, pensant à son père dont les précieux conseils lui
manqueraient cruellement. Adonibaal l’avait parfois traité sévèrement, lui
interdisant pendant des années de s’engager dans la carrière militaire. Il
l’avait expédié, pour le dégoûter, dans leur propriété d’Aspis où il avait eu
le sentiment d’être abandonné. Maintenant, il comprenait que son père avait
voulu surtout éprouver la force de son désir et lui apprendre les vertus de la
patience et de la réflexion. Autant de qualités qui lui avaient permis, par la
suite, de devenir un bon général et un excellent stratège. En songeant à ces
marques discrètes d’affection, il pleura longuement et regretta ses
emportements passés. Puis, il reprit ses esprits, se jurant d’honorer la
mémoire du défunt par d’insignes victoires. La fortune ne tarda pas à lui
sourire.
    Un matin,
des éclaireurs numides l’avertirent qu’ils avaient repéré une forte troupe de
rebelles, environ cinquante mille hommes, conduite par Spendios et Autaritos.
Cette troupe progressait à l’abri des montagnes, n’envoyant aucune patrouille
en plaine. Le général carthaginois décida de ne pas engager immédiatement la
bataille. Depuis le désastre d’Adys, les Carthaginois savaient

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