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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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moment avec impatience. Il me tardait de revoir nos
rivages.
    — As-tu
été à Rome ?
    — J’ai
agi selon tes instructions. J’ai débarqué en Gaule et j’ai découvert un navire
en partance pour Ostie. A mon arrivée dans la cité de Romulus, j’ai cherché à
entrer en contact avec ton ami. Cela n’a pas été facile. Tu avais raison, il
est devenu sénateur mais il vit à la campagne où il exploite lui-même ses
terres. Les uns l’admirent pour cela, les autres se moquent de lui et
prétendent qu’il est trop avare pour payer un fermier. Je me suis rendu chez
lui et je lui ai exposé le but de ma visite.
    — Quelle
a été sa réaction ?
    — Elle
va te surprendre. Elle a été négative. Quand je lui ai proposé l’aide des
Numides, il m’a sèchement répliqué : « Rome devra toujours ses
victoires à elle-même. » Visiblement, ces gens-là sont trop fiers pour
admettre avoir besoin d’alliés à moins qu’ils ne s’estiment supérieurs à tous
les autres peuples.
    — Voilà
un renseignement intéressant. Qu’as-tu d’autre à m’apprendre ?
    — Rome
construit une flotte.
    — Que
dis-tu ?
    — Rome
construit une flotte. Elle n’en avait pas jusqu’à présent et faisait appel aux
navires de ses partisans. Cette fois-ci, son Sénat a levé un impôt exceptionnel
et les questeurs de la marine ont mis en chantier vingt trirèmes et cent
quinquérèmes.
    — Comment
ont-ils fait pour se procurer les plans de ces navires ?
    — N’avez-vous
pas perdu récemment une quinquérème ?
    — Effectivement,
l’un de nos navires n’est pas rentré au port. Nous avons pensé que, pris dans
une tempête, il avait fait naufrage.
    — Tu
as tort. Le navire a échoué sur les côtes romaines. Les consuls ont fait
massacrer l’équipage pour qu’il n’y ait aucun témoin de cette affaire et
l’épave a été conduite dans le plus grand secret à Ostie. Elle a servi de
modèle aux ouvriers de l’arsenal et, comme ceux-ci sont d’habiles charpentiers,
ils ont pu, après quelques échecs, bâtir des navires aussi solides que les
nôtres. Et je t’ai gardé le plus amusant pour la fin.
    — Qu’y
a-t-il de drôle dans cette affaire ?
    — Les
Romains sont des gens pressés. Ils ont donc acheté des centaines d’esclaves
pour les transformer en rameurs et ils ont commencé leur entraînement bien
avant que le premier navire ne soit sorti de leurs chantiers. Je me suis
moi-même rendu à Ostie pour le voir de mes propres yeux. Sur le rivage, ils
avaient installé des bancs de bois pour les rameurs et ils apprenaient à leurs
esclaves à se rejeter tous ensemble en arrière puis à se redresser pour se
pencher en avant et lancer les bras devant eux, toutes tâches qu’ils auront à
accomplir quand ils seront enchaînés au fond de la cale. Les gardes-chiourme
étaient là, certains tapant sur des tambours pour donner à leurs élèves la
cadence. Le spectacle était étonnant et les paysans des environs venaient le
contempler en s’esclaffant.
    — Ton
rapport est d’une importance extrême et je dois en communiquer la teneur
immédiatement à Hannibal le prudent et au Conseil des Cent Quatre. Va à Mégara.
Je te retrouverai plus tard.
    Hamilcar
se fit conduire au bâtiment de l’Amirauté où il fut reçu par Hannibal le
prudent. De là les deux hommes gagnèrent le Sénat et demandèrent audience au
Comité des Cinq présidé par Adonibaal. Quand Hamilcar eut terminé d’exposer les
renseignements apportés par Juba, son père hocha gravement la tête :
    — Voici
la nouvelle la plus grave qui nous soit parvenue depuis le début de la guerre.
Si les Romains ont une flotte, ils ne tarderont pas à vouloir nous disputer la
maîtrise de la mer, c’est-à-dire la source même de la puissance de Carthage.
Cela va faire réfléchir tous les partisans de Baalyathon qui croient encore à
la possibilité d’un compromis avec notre adversaire. Celui-ci a dévoilé ses véritables
intentions. Entre nos deux villes, c’est désormais une lutte à mort. Si Rome
devenait capable de remporter des victoires sur mer, je ne donnerais pas cher
de l’avenir de Carthage. Nous devons agir immédiatement. Hannibal le prudent,
tu partiras avec une partie de la flotte pour Panormos. Boodès, membre du
Conseil des Cent Quatre, t’accompagnera ainsi qu’Hamilcar. Dès que vous aurez
repéré la flotte romaine, attaquez-la et détruisez-la, jusqu’au dernier navire.
Nous attendrons

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