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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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rencontre de
l’ennemi et de le tailler en pièces. Les deux hommes décidèrent de prendre avec
eux vingt quinquérèmes et, grâce à un vent favorable, purent parcourir
rapidement la distance entre Panormos et Lipara.
    Parvenus
devant le port, ils découvrirent les dix-sept navires romains mouillant
tranquillement. Comme les Carthaginois étaient arrivés de nuit, ils avaient pu
se disposer de manière à fermer totalement l’entrée du port. Quand ils se
réveillèrent, les Romains s’aperçurent qu’ils étaient cernés et dans
l’incapacité absolue de manœuvrer. La panique s’empara de leurs équipages qui
abandonnèrent leurs bateaux pour se réfugier à l’intérieur des terres où la
cavalerie d’Hamilcar, promptement débarquée, les massacra.
    Le malheureux
consul, lui, fut fait prisonnier. Conduit devant Boôdès et le fils d’Adonibaal,
il fit preuve de résignation :
    — Les
dieux m’ont abandonné.
    — Tu
veux dire tes hommes, ironisa Boôdès.
    — Noble
Carthaginois, n’ajoute pas à ma douleur l’offense d’un blasphème. Un jour,
peut-être, tu te trouveras dans la même situation que moi. Crois-moi, le sort
de cette expédition était décidé bien avant son départ. Nous avons dû offenser
Jupiter en ne lui offrant pas les sacrifices appropriés. Peu importe.
Désormais, moi, Cnœus Cornélius Scipion, suis votre prisonnier. Faites de moi
ce que vous voulez.
    — Pardonne
ma curiosité, l’interrompit Hamilcar, mais es-tu parent d’un nommé Caïus
Cornélius Scipion ?
    — Oui,
c’est mon neveu. Comment le connais-tu ?
    — Je
l’ai jadis rencontré à Rhêgion.
    — Il
siège maintenant au Sénat.
    — Si
Boôdès le permet, par amitié pour lui, je te rends ta liberté. Va à Rome et dis
à tes concitoyens que Carthage met une seule condition à la paix : la
stricte application des traités conclus entre nos deux cités. Quittez la Sicile
et ne vous aventurez plus sur la mer.
    — Je
te remercie de ta générosité mais je doute fort que le Sénat romain se rende à
vos recommandations. Néanmoins, qu’un de tes officiers m’accompagne. Je lui
garantis un sauf-conduit. Il te portera notre réponse.
    Après un
long conciliabule avec Boôdès, Hamilcar chargea Azarbaal, un jeune capitaine à
fière allure, d’escorter jusqu’à Rome le consul. Quand il revint, après
plusieurs semaines d’absence, il était porteur de mauvaises nouvelles. Il se
fit conduire chez Hamilcar qui le reçut en présence de Boôdès. Ce dernier fut
le premier à le questionner :
    — Les
Romains ont-ils compris la leçon que nous leur avons infligée ?
    — Non.
Ils ont accueilli Cnœus Cornélius Scipion avec des quolibets. Ils l’ont même
affublé du sobriquet d’Asina, c’est-à-dire l’ânesse, pour mieux stigmatiser la
stupidité de sa conduite. Mais ils sont décidés à poursuivre la guerre.
    — As-tu
été reçu par le Sénat ?
    — Je
n’ai pas eu ce privilège même si nos ennemis ont scrupuleusement respecté le
sauf-conduit dont j’étais porteur. Mais j’ai pu rencontrer, Hamilcar, ce Caïus
Cornélius Scipion, dont tu nous avais parlé, tu sais, le neveu du consul.
    — Que
t’a-t-il dit ?
    — Il
te remercie de ta générosité et de ta manière de respecter votre serment. Cela
étant, c’est lui aujourd’hui le principal partisan de la poursuite du conflit.
Il estime que son oncle a déshonoré le nom de sa famille et qu’il appartient à
un Cornélius Scipion de laver cet affront en écrasant Carthage même si cela
doit prendre des générations. Rome n’est pas près de nous pardonner cette
victoire de Lipara.
    — Je
ne comprends que trop bien son attitude et j’ai de sombres pressentiments pour
l’avenir. Mieux vaut pour nous, conclut Hamilcar, regagner Panormos avec les
navires romains que nous avons capturés. La mauvaise saison arrive et nous
devons préparer la prochaine campagne.
    Quand l’on
put à nouveau naviguer sur la grande mer, Hamilcar fut chargé de convoyer
jusqu’à Carthage les dix-sept navires pris aux Romains. La ville réserva aux
marins un accueil triomphal et chacun se rappela, pour mieux s’en moquer, les
paroles imprudentes du consul Appius Claudius : « Les Romains sont
des élèves qui ont toujours dépassé leurs maîtres. » La belle affaire !
Boôdès s’était chargé de leur infliger un cinglant démenti. Avant de
s’embarquer à nouveau sur des bateaux, ces apprentis marins y regarderaient

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