Hamilcar, Le lion des sables
de l’Amirauté. Lorsqu’ils prirent le chemin du
retour, avec leurs recrues, les deux compagnons décidèrent de faire halte à
Sicca pour y visiter le temple édifié en l’honneur d’Ashtart, la déesse de
l’amour. Le sanctuaire se trouvait au sommet d’une colline et on y accédait par
un escalier monumental taillé dans le roc.
De chaque
côté des marches, des cahutes abritaient les prostituées sacrées affectées au
service de la déesse et qui s’offraient aux passants moyennant quelques zars.
Il était d’usage pour les pèlerins de les honorer après avoir offert un
sacrifice à Ashtart et Hamilcar n’entendait pas déroger à la règle. Lui et Juba
furent bientôt entourés par une nuée de femmes lourdement parfumées et aux
cheveux luisant d’huile. Couvertes de bijoux, elles murmuraient des mots doux
et d’autres plus salaces à l’oreille de leurs futurs partenaires. Hamilcar
choisit une Éthiopienne cependant que Juba se laissait tenter par une
Carthaginoise. En pénétrant dans la cahute de sa compagne, le fils d’Adonibaal
eut comme un haut-le-cœur. L’intérieur était sombre et empestait l’encens. Une
couche était disposée à même le sol et recouverte d’un tissu grossier.
L’Éthiopienne ôta prestement sa robe et lui apparut totalement nue. Elle avait
des seins petits et fermes qu’il malaxa de ses mains tout en cherchant sa
bouche avant de la renverser et de la chevaucher. Il la pénétra d’abord
lentement puis de plus en plus vite, ondulant au rythme des hanches de sa
partenaire jusqu’à ce qu’il sentît le plaisir le quitter pour s’enfoncer en
elle. Apaisé et heureux, il demeura longtemps immobile au côté de la
prostituée.
Elle
ignorait qu’Hamilcar découvrait pour la première fois le corps d’une femme.
Quand il sortit de la cahute, il retrouva Juba. Les deux hommes n’échangèrent
pas un mot et regagnèrent leur campement où ils passèrent le reste de
l’après-midi à fourbir en silence leurs armes. Le soir, alors qu’ils étaient
sur le point d’aller se coucher, le jeune prince numide interpella son
compagnon :
— Dis-moi
où je dois désormais passer mes nuits.
— Pourquoi
réagis-tu de la sorte ?
— Parce
que tu as sans doute éprouvé le même plaisir que moi dans les bras d’une femme
cet après-midi.
— Je
suis heureux de savoir que, toi aussi, tu n’es pas insensible aux charmes d’une
fille, fût-elle une prostituée. Mais cela ne change rien à nos rapports pour
l’instant. J’aime les femmes et je t’aime. Ce n’est pas tel ou tel type de corps
que je désire mais un être. Je ne me soucie pas de son enveloppe charnelle mais
de son esprit. Il se peut qu’une femme, un jour, occupe ta place à mes côtés
parce qu’elle aura su charmer mes sens et emprisonner mon intelligence. Pour
l’heure, sache que ce rôle t’est dévolu.
Les deux
hommes regagnèrent leur tente et partirent au petit matin. Ils avaient décidé
de faire halte à Utique. Hamilcar n’avait jamais visité cette ville fondée bien
avant Carthage et fidèle alliée de la cité d’Elissa. Il fut déçu par cette
grosse bourgade dont les habitants affectaient un air de supériorité à l’égard
de leurs voisins. Le principal magistrat reçut le fils d’Adonibaal dans sa
demeure au luxe tapageur.
— Ainsi,
tu es le fils d’un membre du Conseil des Cent Quatre.
— J’ai
cet honneur.
— Ton
père, m’a-t-on dit, est l’une des personnalités les plus importantes de
Carthage.
— C’est
possible.
— Je
le plains. La guerre avec Rome dure depuis trop d’années et la populace n’aime
pas cela. La levée de nouveaux impôts lui répugne. Il ne m’étonnerait pas qu’un
jour ou l’autre vous n’ayez à affronter des troubles.
— Nous
saurons y faire face.
— Sache
que ma cité est prête à vous aider s’il le faut. À condition toutefois que vous
respectiez scrupuleusement les termes du traité qui nous unit et que vous
consentiez à nous accorder des privilèges supplémentaires.
— Et
si nous ne le faisions pas ?
— Nous
aurions la douleur de ne pas devoir vous aider ce qui nous briserait le cœur.
— Nous
saurons vous épargner pareille douleur. Juba et Hamilcar regagnèrent Carthage
en passant par l’intérieur des terres. A leur arrivée, ils trouvèrent la ville
en pleine effervescence. À chaque coin de rue, de petits groupes de citoyens
discutaient gravement, la mine défaite. D’autres, en
Weitere Kostenlose Bücher