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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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prétendaient même que des ambassadeurs romains, venus demander
la paix, étaient à bord de la quinquérème d’Hannibal le prudent. Quelques
marchands, jouant les personnages importants, affirmaient même être au courant
des dispositions du prochain traité entre les deux villes.
    Dans
l’après-midi, le Conseil des Cent Quatre et le Sénat se réunirent pour entendre
le rapport du général en chef des troupes carthaginoises en Sicile. Hamilcar,
qui l’avait rejoint au port militaire, avait obtenu de lui de pouvoir
l’accompagner comme aide de camp mais son vieil ami ne lui avait fait aucune
confidence sur ce qui s’était passé. A son air morose, le fils d’Adonibaal
avait toutefois compris qu’il n’était pas porteur de bonnes nouvelles. Une
foule énorme s’était rassemblée sur le maqom et les deux hommes eurent du mal à
se frayer un passage jusqu’au bâtiment du Sénat. Après une courte attente, on
les fit pénétrer dans la grande salle où tous les magistrats de la cité avaient
pris place, l’air grave et préoccupé. Le père d’Hamilcar présidait la séance
et, sur un ton sévère, s’adressa à Hannibal le prudent :
    — Pourquoi
ce retour précipité ? Nous te croyions en Sicile, occupé à guerroyer
contre les Romains. Nous ne t’avons jamais donné l’ordre de regagner Carthage.
    — Tu
as raison, illustre sénateur, mais j’ai voulu mettre notre flotte à l’abri.
    — Notre
flotte ? Elle est loin d’être au complet. Où sont les autres
navires ?
    — Coulés
ou capturés par les Romains.
    Un énorme
cri de douleur parcourut toute l’assemblée. Certains sénateurs s’étaient levés
et pointaient un bras vengeur vers l’officier, l’accablant d’insultes et de
reproches. Adonibaal dut user de toute son autorité et menacer de faire appeler
les gardes pour rétablir un semblant d’ordre :
    — Hannibal
le prudent, je sais que tu ne parles pas à la légère et que tu ne chercheras
pas à nous dissimuler la vérité. Nous attendons tes explications.
    — Après
notre victoire à Lipara, les Romains ont fait appel à un nouveau consul, Caïus
Duilius, pour prendre le commandement de leur flotte. Cet homme est un véritable
démon, l’ennemi le plus redoutable que j’ai eu à affronter. Après deux ou trois
engagements avec nos bateaux, il a compris que nos victoires étaient dues à une
seule raison : notre habileté à éperonner les navires ennemis et à les
couler. C’est ainsi que nous avons toujours procédé et c’est pourquoi, de nos
ateliers du port militaire, sortent de lourds éperons de fer capables de briser
les charpentes les plus solides.
    — Cette
tactique est la bonne, tu le sais.
    — Elle
était la bonne car ce maudit Caïus Duilius a changé les règles du combat naval.
Il a fait installer à la proue de ses bateaux un poteau rond, d’une hauteur de
quatre orgyes et d’un diamètre de trois palmes, au sommet duquel se trouve
fixée une poulie, à laquelle était rattachée par un câble une passerelle de
bois se terminant par une masse en fer en forme de pilon. Croyez-moi, nobles
sénateurs, la vue de cette installation a de quoi glacer les cœurs des plus
vaillants.
    — Comment
s’en servent-ils ?
    — Ils
se refusent à éperonner nos navires mais ils s’arrangent pour manœuvrer de
telle manière que deux ou trois de leurs bateaux encerclent l’un des nôtres.
Alors, ils font glisser leurs passerelles, qu’ils nomment des
« corbeaux », sur le pont de l’adversaire. Le navire de celui-ci est
alors immobilisé et leurs soldats passent à l’abordage en se protégeant de
leurs boucliers. C’est ainsi qu’ils ont procédé à Mylaï. On m’avait informé que
leur flotte s’était rassemblée là et j’ai, conformément à vos ordres, voulu la
disperser. Je n’ai négligé aucune précaution. J’avais avec moi cent trente
navires dont une heptère que nous avions prise jadis au roi Pyrrhus. J’ai
disposé mes navires en ordre d’attaque afin d’éperonner les bateaux romains et
je me suis avancé avec mon heptère et trente quinquérèmes. C’est alors que les
Romains ont manœuvré comme je vous l’ai expliqué et ont immobilisé notre
avant-garde. Nous avons combattu des heures durant au corps à corps sur le pont
et j’ai dû finalement abandonner mon heptère pour rejoindre le reste de la flotte.
    — Combien
de navires as-tu perdus ?
    — Une
cinquantaine. Il m’en reste une centaine. Si j’ai

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