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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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toutefois osé reparaître
devant vous, car je connais le sort que vous réservez habituellement aux
généraux vaincus, c’est parce que, après cette défaite, j’ai remporté une
victoire.
    — Laquelle ?
s’enquit, le ton mauvais, Baalyathon.
    — Les
troupes romaines, après leur succès, avaient débarqué à Panormos. Des habitants
de la cité sont venus me trouver pour m’expliquer qu’ils se querellaient entre
eux, chacun de leurs chefs prétendant revendiquer pour lui le mérite de la
victoire. J’ai fait débarquer de nuit mes troupes et j’ai pu surprendre les
Romains et en tuer plus de quatre mille. Le reste, à ce que je sais, s’est
replié sur Messine.
    — Tu
peux te retirer, dit Adonibaal. Le Sénat va délibérer et te fera connaître ses
décisions.
    Le général
sortit, suivi de son aide de camp. Tard dans la soirée, le père d’Hamilcar les
rejoignit.
    — Tu
as sauvé ta tête, Hannibal le prudent. Tu ne seras pas crucifié.
    — Qui
a osé proposer pareille infamie ? demanda le fils du sénateur.
    — Baalyathon.
Mais je l’ai remis à sa place. Je lui ai dit : « Comment toi,
partisan de la paix avec Rome, peux-tu vouloir condamner à mort celui qui a été
vaincu par tes amis ? Tu risques d’avoir à leur rendre des
comptes ! » Les autres sénateurs ont ri et j’ai pu leur rappeler tes
exploits passés, ta loyauté et ton dévouement. Je leur ai aussi expliqué
qu’avec l’invention de ces maudits corbeaux nous devions modifier notre
tactique de combat sur mer. Avec les membres du Comité nous avons décidé que tu
partiras, dès que tes navires seront prêts, pour la Sardaigne. Tu y recruteras
des mercenaires et tu escorteras les bateaux qui doivent rapporter de cette île
l’huile et le blé dont nous avons besoin.
    — Hamilcar
m’accompagnera-t-il ?
    — Non.
Il reste ici. La ville n’est pas sûre depuis qu’elle a appris nos revers. La
populace gronde et je redoute des émeutes qui pourraient être fomentées par les
amis de Baalyathon. Le Conseil des Cent Quatre a décidé de lui confier le
commandement de la garde du Sénat. A la place de mon fils, tu devras te
contenter de Giscon, un proche de Baalyathon, qui a imposé sa désignation.
Méfie-toi de lui, c’est un être vil et sournois. Mais, si tu te bats, il ne
risque guère de te gêner. Il a une peur bleue de prendre un mauvais coup.
    — Merci,
Adonibaal. Je te sais gré de ce que tu as fait pour moi. J’espère mériter, par
ma conduite en Sardaigne, la confiance dont tu m’honores.
     
    ***
     
    Durant
plusieurs semaines, Hamilcar ne dormit guère. Carthage était en ébullition.
Ceux qui avaient joué les importants en annonçant la conclusion prochaine d’une
paix avec les Romains se répandaient maintenant en calomnies sur le Conseil des
Cent Quatre et sur Hannibal le prudent. Dans les tavernes du port, les
partisans de Baalyathon payaient à boire aux charpentiers, aux tisserands et
aux potiers et leur vantaient la sagesse de leur maître. Ils s’esquivaient dès
que les soldats de la garde faisaient leur apparition. Ils redoutaient d’avoir
à subir un interrogatoire.
    Une seule
chose inquiétait vraiment le fils d’Adonibaal. Les Numides se faisaient plus
rares en ville. Pis, ils n’avaient pas encore versé leur tribut annuel et
plusieurs agents du Sénat, dépêchés chez le père de Juba, étaient revenus
bredouilles. Le roi, leur avait-on dit, était parti chasser l’éléphant, aux
confins de son royaume, et cette expédition devait durer plusieurs mois. Juba
avait tenté de rassurer son ami en lui expliquant que Carthage aurait bien
besoin, un jour ou l’autre, de ces éléphants. Les caisses de son Trésor étaient
suffisamment remplies pour que le versement du tribut puisse être retardé.
Hamilcar savait que son ami ne lui mentait pas. Il était sincère. Mais cela ne
laissait en rien présager de l’attitude de son peuple dont il était trop
éloigné pour partager les sentiments, la colère et les espoirs. Questionné par
son fils, Adonibaal s’était dit lui aussi préoccupé mais estimait qu’il était
plus prudent d’attendre. Il ne fallait en aucun cas manifester le moindre
soupçon envers les Numides ni provoquer leur colère en tentant de lever le
tribut contre leur gré.
    Les
Romains, eux, ne se manifestaient pas. Des marchands avaient raconté à Hamilcar
que leur consul, Caïus Duilius, avait reçu les honneurs du triomphe. Le Sénat
et le peuple

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