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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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tu voudrais expier
ce qui te paraît être une faute de ta part. J’ai connu pareille situation en
Sicile, quand nous avons été battus à Acragas. Crois-moi, tu n’es pas
responsable de la défaite. Nous étions supérieurs en nombre et, en terrain
découvert, tes légions ne pouvaient rien contre nos éléphants et contre notre
cavalerie.
    — Merci
de tes paroles apaisantes. Elles ne changent rien à la triste réalité. Rome a
échoué alors qu’elle était proche de la victoire après notre débarquement dans
le Beau Promontoire et la bataille d’Adys.
    — C’est
pour cette raison que, lorsque tu as reçu nos ambassadeurs, tu as formulé des
exigences impossibles à satisfaire à moins de sombrer dans le déshonneur. Tu
nous croyais perdus et tu as fait preuve d’intransigeance. Mais tu ne pouvais
prévoir que la fortune allait changer de camp.
    — Je
ne regrette pas une seule de mes propositions et je les maintiens toujours même
si cela peut te sembler ridicule puisque je suis ton prisonnier. Entre nos deux
villes se mène depuis bientôt dix ans une guerre à mort. L’une d’entre elles
doit périr, il n’y a pas d’autre alternative. J’espère que Rome parviendra à
lever de nouvelles légions et à venir au secours de notre garnison d’Aspis
avant de vous écraser. Si le prix à payer pour cela est ma modeste existence,
je suis prêt à l’offrir à la cité de mes ancêtres.
    — Tu
aimes Rome et nul ne peut t’en blâmer. Mais elle peut vivre sans avoir besoin
de détruire Carthage. On m’a dit que tu te languissais de ta propriété en
Campanie. Il serait peut-être plus sage de renoncer à vos rêves de conquête et
de vous contenter de ce que vous avez déjà et qui n’est pas négligeable.
Crois-tu qu’il soit sage de proposer à nos enfants et à nos petits-enfants pour
seule perspective la guerre avec son cortège d’atrocités et de douleurs ?
Penses-tu pouvoir vivre sans cesse loin des tiens, sans voir ta femme et tes
enfants, sans passer d’agréables soirées sur la terrasse de ta maison en
savourant une coupe de bon vin et en écoutant le chant des moissonneurs
rentrant des champs ?
    — Hamilcar,
tu aimes trop la vie. Le luxe dont tu t’entoures dans cette maison a amolli tes
sens. Moi, je n’aspire qu’à une chose : faire de la cité de Romulus et de
Remus le centre d’un vaste empire. Elle doit régner sur le monde et soumettre
les autres nations sous son joug.
    — Et
comment comptes-tu y parvenir ?
    — Avec
nos légions. La ville ne manque pas de citoyens oisifs. Nous les enrôlerons,
ils se battront et nous les récompenserons par des lots de terre.
    — Tout
le monde n’est pas tenté par la carrière des armes !
    — On
le voit bien avec vous, les Carthaginois. Vous préférez avoir recours à des
mercenaires car vos marchands répugnent à se battre et vos aristocrates
préfèrent contempler leurs belles statues et lire leurs précieux manuscrits.
Vous avez confié à des étrangers la défense même de votre cité et c’est d’eux
dont vous êtes tributaires pour conserver vos colonies en Sicile, en Sardaigne
et chez les Ibères. Je ne donne pas cher de l’avenir de ces possessions si vous
continuez à vivre de cette façon.
    — Marcus
Atilius Regulus, je me bats pour une certaine idée de Carthage. C’est cette
Carthage-là que j’aime et pour laquelle je suis prêt à me sacrifier. Mais je ne
le ferai pas pour une Carthage qui ressemblerait à ta Rome car je n’y aurais
pas ma place.
    — Vous
représentez le passé, nous sommes l’avenir, j’en ai la profonde conviction.
C’est ce qui me rend moins amère ma détention. Que votre Conseil des Cent
Quatre fasse de moi ce qu’il veut. Il n’a rien à attendre de ma personne. Sans
doute serait-il plus judicieux que l’on me tue.
    — Tu
es sous la protection du Conseil et de la famille Barca. Il ne te sera fait
aucun mal, quel que soit ton attitude, pourvu que tu respectes ton serment de
ne pas t’évader.
    — Tu
as ma parole sur ce point.
    — Je
viendrai te voir sous peu. Si tu as besoin de quoi que ce soit, fais-le-moi
savoir par Epicide, mon ancien précepteur. C’est un fin lettré et vous ne
manquerez pas de sujets de conversation.
    Hamilcar
rendit compte à son père de sa discussion avec le consul. Adonibaal en conclut
qu’il n’était pas encore temps d’ouvrir des pourparlers avec Rome, mais qu’il
fallait au contraire accentuer la pression sur l’ennemi.

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