Hamilcar, Le lion des sables
général, douze mille fantassins, quatre
mille cavaliers et une centaine d’éléphants sortirent de la ville par la porte
de Mégara et gagnèrent un vaste espace plat où ils installèrent leur camp. Les
Romains, plutôt surpris, hésitèrent sur la tactique à adopter. Ils ne pouvaient
pas lancer un assaut contre les remparts, faute de catapultes et d’échelles.
Devaient-ils demeurer à Tunès ou bien aller à la rencontre de l’armée
ennemie ? Désireux de regagner le plus vite possible sa propriété, Marcus
Atilius Regulus choisit la dernière solution, convaincu que tout se passerait
comme à Adys. Il mit en mouvement ses légions et établit son camp à une dizaine
de stades des positions carthaginoises.
Quand
l’aube se leva, une agitation fébrile s’empara des troupes de Xanthippos.
Scandant le nom de leur chef, elles le supplièrent d’engager la bataille. Le
Lacédémonien accéda à cette requête et fit disposer les éléphants sur une seule
ligne derrière laquelle il plaça, à bonne distance, les fantassins, couverts
sur leur droite et sur leur gauche par la cavalerie et les mercenaires.
Regulus, lui, avait mis au centre de son dispositif, ses unités légères,
protégées des deux côtés par des cavaliers. En retrait, se tenaient les
légions, formant un véritable mur de fer et d’acier.
Les deux
armées restèrent longtemps à s’observer dans un silence pesant. Finalement,
Xanthippos donna l’ordre de faire avancer les éléphants dont les barrissements
couvrirent le bruit que faisaient les Romains en entrechoquant leurs boucliers.
Petit à petit, les animaux prirent de la vitesse et enfoncèrent les unités
légères de Romulus. Ceux qui n’étaient pas écrasés périssaient sous les coups
des cavaliers numides qui s’étaient déployés dans la plaine.
Le consul
commit alors l’erreur de faire avancer ses manipules en ménageant entre chacun
d’entre eux un couloir par lequel il espérait que les éléphants passeraient.
C’est ce qu’ils firent, continuant leur course folle. Mais les soldats romains
se trouvèrent alors séparés en plusieurs groupes réduits. Or, aveuglé par la
poussière soulevée par les pachydermes et par les chevaux, Regulus n’avait
point vu que l’infanterie carthaginoise avait quitté ses positions et s’était
rapprochée de la première ligne. Croyant avoir échappé aux éléphants, les
légionnaires s’embrochèrent sur les lances des soldats puniques. Ils firent
demi-tour mais virent leur retraite coupée par les éléphants qui avaient fait
volte-face.
Avec cinq
hommes, Marcus Atilius Regulus réussit à quitter le champ de bataille pour
tâcher de regagner Tunès. Mais il n’y parvint pas car Juba, avec plusieurs
centaines de Numides, s’était posté en embuscade sur la route et fondit sur les
fuyards. La quasi-totalité d’entre eux fut exterminée et le consul dut son
salut aux consignes données par Xanthippos et Hamilcar de le prendre à tout
prix vivant. Le dos acculé à un arbre, il jeta rageusement à ses pieds son
glaive et fut emmené à Carthage.
Les
habitants de la cité, dans l’attente des nouvelles de la bataille, avaient
envahi les remparts. Ils poussèrent une immense clameur de joie quand ils
virent les troupes romaines demeurées à Tunès incendier leur campement et se
replier dans la direction du Beau Promontoire pour rejoindre la garnison
d’Aspis. Le lendemain matin, les soldats victorieux firent leur entrée dans la
ville au milieu de l’allégresse générale. Ils poussaient devant eux des
milliers de captifs destinés à servir comme rameurs sur les navires
carthaginois. Deux hommes manquaient à la fête : Xanthippos et Marcus
Atilius Regulus.
Chapitre 8
Hamilcar
Barca ne quitta pas le champ de bataille à la fin de la journée. Avec quelques
cavaliers, il le parcourut à la recherche de Caïus Cornélius. Le connaissant,
il était persuadé que le tribun n’avait pas pris la fuite avec le consul. Il
était sans doute resté au milieu de ses hommes, les exhortant à résister et à
repousser les vagues d’assaillants. S’il n’avait pas été piétiné par les
éléphants, peut-être avait-il été simplement blessé et gisait-il à même le sol.
Il fallait le retrouver avant que des maraudeurs ne tentent de le dépouiller,
voire de l’achever, comme ils en avaient l’habitude. Certains d’entre eux
étaient déjà à l’œuvre et ne prenaient même pas la peine de fuir à
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