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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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manière
d’avoir toujours raison. Un jour ou l’autre, elles finiront par vous perdre car
elles vous rendront insupportable aux citoyens de notre cité qui préfèrent un
morne repos aux aventures guerrières. Pour l’heure, nous sommes quittes l’un
envers l’autre.
    — Suis-je
donc ton débiteur ?
    — Ne
te fais pas plus imbécile qu’un âne. Tu devines, je le sais, ce à quoi je fais
allusion. Mais sache qu’à la première occasion venue je prendrai ma revanche.
    Adonibaal
ne jugea pas utile de rapporter cette conversation à son fils. D’autres tâches,
plus urgentes, l’attendaient. La guerre avait en effet repris en Sicile. Après
la victoire de Lucius Caecilius Metellus, Rome avait dépêché dans l’île de
nouvelles légions et une flotte qui mirent le siège devant Lilybée, la
principale place forte carthaginoise de l’île. La garnison était commandée par
Himilcon qui s’était enfermé dans la ville avec dix mille mercenaires grecs et
gaulois. Conformément à leurs habitudes, les Romains avaient installé leur camp
à l’intérieur des terres, entourant la cité d’un fossé et d’une palissade et
encerclant totalement les positions puniques. Le consul Publius Claudius
Pulcher avait amené avec lui plusieurs dizaines de machines de siège qui
portèrent de rudes coups aux murailles de Lilybée. Il fit aussi creuser par des
soldats spécialement entraînés des galeries souterraines, provoquant de la
sorte l’effondrement de six tours de l’enceinte.
    A l’intérieur
de la forteresse, le moral des troupes était au plus bas, plus particulièrement
chez les mercenaires grecs. Certains de leurs officiers se réunirent en grand
secret pour discuter de la possibilité de livrer la place aux assiégeants.
C’était là une décision difficile à prendre. Leurs hommes n’avaient pas reçu
l’intégralité de leur solde et les Romains pouvaient être tentés de leur
promettre monts et merveilles avant de les abandonner, une fois la ville prise.
Et si un traité de paix était conclu entre Rome et Carthage, l’une de ses clauses
prévoirait immanquablement la livraison des déserteurs à la partie adverse. Il
leur fallut donc beaucoup de temps pour mûrir leur choix. Finalement, deux
d’entre eux, profitant de l’obscurité, gagnèrent les lignes romaines pour
offrir leurs services au consul. Avec leurs complices demeurés dans la cité,
ils étaient convenus de se retrouver deux soirs plus tard, au pied de la
huitième tour de l’enceinte. Si une torche était allumée et agitée cinq fois,
cela voudrait dire qu’un accord avait été trouvé et la poterne serait alors
ouverte pour permettre l’entrée des légionnaires.
    Comme
l’apprit par la suite Adonibaal, chargé de verser une généreuse gratification à
l’homme, un officier grec, Alexon, d’origine achéenne, avait été mis au courant
du complot par l’un de ses compatriotes mais dénonça les conjurés aux
Carthaginois, espérant être récompensé pour cette marque insigne de loyauté
envers ses maîtres, Sitôt prévenus, les généraux carthaginois firent rassembler
les mercenaires grecs et gaulois et leur jurèrent qu’ils seraient récompensés
de leur loyauté par le doublement de leur solde. Hannibal fut le plus éloquent.
Ses soldats n’ignoraient pas qu’il avait, plus que d’autres, des motifs d’en
vouloir à Carthage et à ses magistrats. Ils accueillirent d’autant mieux sa
harangue enflammée et, galvanisés par son exemple, criblèrent de traits leurs
compagnons lorsque ceux-ci se présentèrent comme convenu devant la poterne.
    Ces
événements étaient inconnus à Carthage quand le Conseil des Cent Quatre décida
d’envoyer à Lilybée une flotte de secours commandée par Adherbal et un nommé
Hannibal, fils d’Hamilcar, l’ancien commandant de la place forte de Lilybée,
accompagnés de dix mille hommes. Les amiraux avaient reçu l’ordre de forcer le
blocus romain et ils le firent avec une belle hardiesse. Parvenus en vue de la
citadelle, ils déployèrent leurs voiles et cinglèrent jusqu’à l’intérieur du
port où les bateaux romains n’osèrent s’aventurer par crainte d’être pris au
piège. Sur les remparts, les hommes de Himilcon suivaient avec angoisse la
manœuvre et poussèrent des hurlements de joie quand les troupes envoyées à leur
secours commencèrent à débarquer. Durant plusieurs jours et plusieurs nuits,
une véritable allégresse régna à Lilybée.

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