Hamilcar, Le lion des sables
alliées de Rome, en particulier à Syracuse et à son roi Hiéron.
— Nous
vous le laissons. Il nous a trahis, il vous trahira.
— Comment
comptes-tu organiser le départ de tes troupes ?
— Des
navires viendront les chercher par petits groupes afin de nous laisser le temps
de préparer leur installation à Carthage. J’ai une exigence à formuler.
— Laquelle ?
— Mes
hommes n’ont pas été vaincus et sont toujours libres de leurs mouvements. Je
demande donc qu’ils soient autorisés à conserver leurs armes. Tenter de les
leur prendre serait maladroit et pourrait provoquer des incidents.
— Tu
as raison. Nous ne désirons pas humilier tes hommes et ils pourront conserver
leurs armes.
— Je
t’en remercie. Reste à régler la question des déserteurs de votre armée. Je
leur ai promis ma protection personnelle et je ne veux pas me déjuger.
— Je
suis en droit d’exiger leur livraison mais je ne le ferai pas. Ces hommes sont
indignes du nom de Romains et ils mourront loin des leurs et maudits par eux.
Cela vaut tous les châtiments.
— Je
te remercie. En échange, sache que nous vous restituerons tous les prisonniers
sans exiger de rançon.
Je
veillerai personnellement à ce qu’ils ne manquent de rien lors de leur retour.
— Tu
le sais, la guerre a coûté cher à nos deux peuples. Nous avons engagé des
dépenses énormes pour construire une flotte et nous exigeons donc le versement
par Carthage d’une indemnité de 2.200 talents en argent.
— C’est
une somme gigantesque. Nous ne pouvons pas la verser en une seule fois.
— Nous
ne vous le demandons pas. Vous aurez vingt ans pour la payer. C’est un délai
raisonnable.
— Je
crois que nous avons trouvé les bases d’un accord honorable et je te propose
d’en avertir nos officiers.
Les deux
généraux retrouvèrent leurs états-majors. Hamilcar Barca laissa à Caïus
Lutatius Catulus l’honneur de lire le projet de traité qu’ils avaient
préparé :
« Aux
conditions suivantes, il y aura amitié entre Carthage et Rome, sous réserve de
ratification par le peuple romain :
— Que
Carthage évacue la Sicile tout entière.
— Que
Carthage ne fasse pas la guerre à Hiéron, ne porte pas les armes contre
Syracuse, ni contre les alliés de Syracuse.
— Que
Carthage restitue à Rome sans rançon tous les prisonniers.
— Que
Carthage verse à Rome, sur vingt ans, une indemnité en argent de 2.200
talents. »
De retour
à Héircté, Hamilcar rendit compte à son beau-frère de sa rencontre avec le
consul. Hannibal réfléchit quelques instants, puis dit :
— Tu
as bien négocié et je suis sûr que le Conseil des Cent Quatre acceptera de
ratifier cet accord. La Sicile était perdue de toute façon et nous n’aurions
jamais pu nous y maintenir. Par contre, je ne suis pas sûr que tu aies bien agi
en ce qui concerne tes hommes.
— Que
veux-tu dire par là ?
— Je
crois que notre Sénat aurait accepté qu’ils soient obligés de remettre leurs
armes. Je parle, bien entendu, des mercenaires, pas des Carthaginois.
— Mais
ils n’ont pas été vaincus et ils se sont battus comme des lions pour la cité
d’Elissa. Les humilier serait mal payer leur dévouement.
— Tu
touches là un point sensible.
— C’est-à-dire ?
— Tu
parles de récompenser leurs services et je puis te dire que c’est là notre
principale préoccupation. Tu le sais, les caisses du Trésor sont vides.
— Je
n’en suis pas si sûr.
— Disons
que des réserves ont été constituées dans l’hypothèse d’une paix avec Rome. Il
nous faudra verser à celle-ci 2.200 talents en vingt annuités tout en
continuant à faire vivre notre ville, à entretenir ses temples et ses
bâtiments, à reconstruire une flotte et à envoyer de l’argent et des hommes à
nos colonies situées au-delà des colonnes de Melqart. Si nous voulons tenir nos
engagements dans tous ces domaines – et le peuple ne nous
pardonnerait pas de ne pas le faire –, je vois mal comment nous pourrons
verser l’intégralité de leur solde aux mercenaires. Si ceux-ci revenaient sans
armes, il serait plus aisé de leur faire entendre raison.
— Ainsi
donc, tu oses imaginer que je pourrais trahir la confiance que ces hommes ont
mise en moi pour ne pas heurter l’avarice de nos sénateurs et de nos marchands.
C’est mal me juger.
— Hamilcar,
ce ne sont que des étrangers.
— Toi
et tes collègues ne disiez pas cela lorsque
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