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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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la place à une paroi abrupte quasiment infranchissable. Le général
punique s’en retourna sur ses pas. Il voulait être seul pour réfléchir et
trouver une solution rapide à ce fâcheux problème.
    Pendant
son absence, quelques officiers, soucieux de se distinguer par leur zèle,
ordonnèrent à leurs hommes de passer à droite et à gauche de la faille
rocheuse. C’était là le plus mauvais choix qu’ils pouvaient faire. Car des
plaques de verglas et de glace se dissimulaient sous la mince couche de neige.
Envoyés en avant, les animaux et les chariots s’enfonçaient profondément dans
la boue glacée et finissaient par en devenir prisonniers. Les cavaliers et les
conducteurs avaient beau les cingler avec les courts fouets numides, les
chevaux et les bêtes de somme ne bougeaient pas d’un pouce, comme entravés par
de mystérieux liens sortant de la terre qui manifestait ainsi sa colère. Les
jeunes officiers, manquant d’expérience, donnèrent alors l’ordre aux fantassins
de contourner et de dépasser les convois arrêtés. Maugréant, les soldats durent
s’exécuter. On les vit bientôt glissant à leur tour sur le verglas et ne
pouvant se retenir, dans leur chute, aux branches des maigres arbustes
parsemant le paysage ou aux quelques anfractuosités de la paroi rocheuse. Là
encore, en peu de temps, l’on dénombra des victimes par centaines jusqu’à ce
que Hannibal, revenu sur les lieux, après avoir vertement tancé les
responsables de ce désastre, ordonnât aux survivants de se regrouper sur
l’esplanade située à quelques centaines de pas du précipice, où les attendait
le gros des troupes.
    Pendant
que les soldats établissaient tant bien que mal un campement rudimentaire, leur
chef réfléchissait. Soudain, il eut comme une illumination. Il lui revint en
mémoire ses jeunes années quand, à peine sorti de l’adolescence, il était
arrivé à Carthagène et avait été chargé par son beau-frère, Hasdrubal, d’en
achever la construction. Des mois durant, il avait peiné en traçant des rues au
cordeau et en construisant les routes menant à la capitale de l’empire barcide
en Ibérie. Sa citadelle était située sur un éperon rocheux aussi haut que la
paroi se dressant devant lui et il avait creusé à même le roc un chemin menant
jusqu’aux portes de l’enceinte fortifiée.
    Aujourd’hui,
il se trouvait à nouveau confronté à un simple problème d’architecture et de
travaux publics. Cette montagne, c’était tout au plus une femme captive qu’il
devrait soumettre à sa volonté de fer. D’un ton ferme, il ordonna à ses hommes
d’abattre les arbres se trouvant dans la forêt voisine et de traîner les troncs
jusqu’au rebord de la paroi. Là, ceux-ci étaient précipités dans le vide pour
former un gigantesque bûcher. Au petit matin, alors qu’un vent fort commençait
à souffler et à glacer les os des soldats, Hannibal ordonna de lancer des
dizaines de torches brûlantes sur l’amas de bois. Bientôt, une gigantesque
colonne de flammes s’éleva dans le ciel, léchant la roche jusqu’à la rendre
incandescente. Quand il vit la pierre rougeoyer, Hannibal fit verser sur elle
d’impressionnantes quantités de vinaigre. Chaque armée en campagne en transportait
de nombreuses barriques puisque les hommes s’en servaient, mélangé à de l’eau,
pour fabriquer un succédané de vin. Là, le vinaigre aurait pour propriété de
rendre plus friable la roche. Hannibal laissa passer la nuit pour que la pierre
refroidisse et fit réunir tous les soldats qui avaient travaillé sous ses
ordres à la construction de Carthagène. Armés de pics et de lourdes masses, ils
s’attaquèrent à la paroi. Travaillant jour et nuit, à la lueur des torches,
leurs équipes se relayant toutes les heures, ils parvinrent, à force d’efforts,
à aménager en quatre jours une route sinueuse, suffisamment large pour
permettre le passage des chariots et des éléphants.
    Pendant ce
temps, dans le camp, la nervosité gagnait les hommes laissés au repos. Les
vivres commençaient à manquer et la faim tenaillait surtout les animaux devenus
subitement nerveux et se laissant à peine approcher. Ce fut un soulagement pour
tous quand, au matin du cinquième jour, les trompettes donnèrent l’ordre du
départ. En deux étapes, la gigantesque colonne parvint dans la plaine. Arrivés
à bon port, les soldats réservèrent une interminable ovation à Hannibal,
qualifié désormais de plus

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