Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
Vom Netzwerk:
que les
Alpes viendraient à bout de ces envahisseurs sans foi ni loi, prêts à porter la
désolation dans notre patrie. Ces montagnes ont été magnanimes. Elles ont épargné
une petite partie d’entre eux pour vous offrir la possibilité d’écraser les
survivants et de revenir dans vos foyers couverts d’honneurs et de butin.
Mesurez donc la chance qui vous sourit : de votre ardeur et de votre
bravoure dépend le salut futur de Rome. Dans plusieurs générations, on parlera
encore avec admiration sur le Forum de ces légionnaires intrépides qui
anéantirent définitivement le plus mortel ennemi de notre cité. Ne laissez pas
échapper cette occasion de mériter la reconnaissance de vos concitoyens et du
Sénat. Après la victoire, nous rendrons grâce aux dieux en leur sacrifiant de
nombreux animaux. Pour l’heure, que vos offrandes soient les cadavres sans
nombre des Puniques et de leurs mercenaires.
    Quelques
maigres acclamations saluèrent ces propos débités d’un ton morne et sec. Dans
le camp adverse, régnait au contraire une véritable liesse. Avant d’infliger à
ses soldats un long discours, Hannibal les avait rangés en cercle pour les
gratifier d’un spectacle singulier : des montagnards, faits prisonniers
lors de la traversée des Alpes, s’affronteraient devant eux en combat
singulier. Le vainqueur, outre la liberté, recevrait un cheval et des armes.
Bientôt, le premier couple de Gaulois croisa le fer. Le premier était grand et
blond, le second petit, avec de longs cheveux noirs noués par une cordelette.
Chacun avait une épée et un bouclier de cuir rond. Sous les acclamations des
spectateurs qui pariaient entre eux le montant de leur solde ou une part de
leur futur butin, ils se battirent comme de véritables lions, roulant plusieurs
fois sur le sol détrempé. Bien que frères de race, tous deux luttaient
désespérément pour la vie et le guerrier blond montra vite des signes de
fatigue. Son adversaire, d’une agilité incroyable, l’obligeait en effet à se
déplacer sans cesse et à épuiser ainsi ses forces. On vit soudain le géant
glisser une nouvelle fois à terre mais il n’eut pas le temps de se relever.
L’autre Gaulois avait fondu sur lui et lui trancha la tête qu’il brandit en
poussant un cri terrible et en esquissant un pas de danse. Quand le fils
d’Hamilcar lui remit une monture richement harnachée, une véritable fièvre
s’empara des autres prisonniers qu’on vit sauter dans l’arène improvisée et
s’affronter sans merci jusqu’à ce qu’une centaine de cadavres jonchent le sol.
    Quand
l’excitation de ses hommes fut à son comble, Hannibal se leva et, les faisant
taire d’un signe de la main, leur dit :
    — Vous
avez cru assister à un jeu. Ces captifs, en fait, ne vous ont pas offert un
spectacle mais l’image même de votre présente condition. Certes, vous n’êtes
pas chargés de chaînes comme ils l’étaient mais les Alpes et le fleuve sont les
liens puissants qui vous attachent et vous mettent à la merci des Romains. Pour
vous en délivrer, vous n’avez d’autre choix que de vaincre ou de mourir comme
l’ont fait ces guerriers gaulois.
    Vivant au
milieu de vous depuis des années, je sais que vous ne vous montrerez pas
inférieurs à eux. Vaillants Carthaginois et vous tous, nos alliés ibères et
celtes, ne pensez qu’à une chose : quand la situation est si désespérée
que tous les ponts sont coupés entre la victoire et la mort, il faut vaincre,
ou bien, si la fortune est indécise, trouver le salut au combat plutôt que dans
la fuite. Si vous partagez tous la même résolution, alors la victoire nous est
acquise. Le mépris de la mort est le meilleur atout que les dieux aient donné
aux hommes pour gagner la guerre.
    Soyez
emplis de mépris pour mieux mériter ce qu’en mon nom Carthage vous offre. Car
il serait injuste que votre vaillance ne soit pas récompensée comme il se doit.
À l’issue de cette guerre, chacun d’entre vous recevra des terres soit en
Afrique, soit en Ibérie, soit en Italie. Afin que nul n’oublie les hauts faits
qui vous en auront rendus propriétaires, elles seront à tout jamais exonérées
d’impôts, de sorte que votre gloire rejaillira sur vos enfants et vos
petits-enfants que nul agent du fisc ne viendra importuner. Ceux d’entre vous
qui sont étrangers deviendront citoyens de la cité d’Elissa, avec tous les
privilèges accolés à cette qualité. Cette générosité, ma ville

Weitere Kostenlose Bücher