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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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des
légions, cette fois, l’alternance était quotidienne. Un jour, c’était à Caïus
Térentius Varron d’exercer la direction des opérations, le lendemain, son
collègue lui succédait et annulait les décisions prises et immédiatement
remises en vigueur le surlendemain.
    Durant
l’hiver, le printemps et une partie de l’été, les adversaires restèrent sur
leurs positions respectives. Le premier à rompre le statu quo fut Hannibal qui
quitta Gereonium pour marcher en direction de Cannae [32] , une modeste
bourgade située en bordure de l’Aufide [33] , en plein cœur
d’une riche région agricole où les récoltes étaient sur le point de mûrir.
C’est là qu’il prit le soin d’établir son camp dans un site protégé du vulturne [34] ,
le vent qui soufflait l’été en charriant des milliers de grains de poussière.
Sous la pression de la plèbe, les deux consuls se portèrent à sa rencontre afin
de livrer bataille. Arrivés fin juillet, il passèrent quelques jours à se
quereller, l’un, Varron, étant favorable à une attaque immédiate, l’autre
affirmant hautement qu’il dégageait toute responsabilité si l’on se résolvait à
une aussi funeste initiative. Au matin du 1 er août, Hannibal fit
sortir ses troupes de son camp mais Lucius Aemilius Paullus refusa
l’engagement.
    Le
lendemain, son collègue, qui tempêtait contre sa couardise, convoqua, très tôt
le matin, les principaux officiers pour leur annoncer que l’heure du combat
décisif était arrivée. Insensible aux critiques formulées par ses adjoints, il
rangea les légions en ordre de bataille sur un front long d’une vingtaine de
stades dont le centre fut placé sous le commandement de Caïus Servilius Geminus
et de Marcus Atilius Regulus, Lucius Aemilius Paullus occupant, avec la
cavalerie l’aile droite cependant que son rival prenait la direction du flanc
gauche, appuyé par des éléments de la cavalerie alliée et deux légions
composées de nouvelles recrues où il comptait de farouches admirateurs.
    Dès qu’il
observa, aux premières lueurs de l’aube, le mouvement de l’ennemi, Magon se
précipita sous la tente de son frère aîné pour le réveiller. Il le trouva
endormi, Hélène à ses côtés, le corps à moitié dévêtu. S’excusant de son
audace, il informa le fils aîné d’Hamilcar que la bataille commencerait sous
peu.
    — Garde
ton calme, lui dit Hannibal, tu en auras bien besoin aujourd’hui car nos
adversaires ont deux fois plus d’hommes que nous. Toutefois, en auraient-ils le
triple que je resterais confiant dans l’issue de cet affrontement. Les Romains
sont épuisés par la canicule qui sévit et leur chef, Varron, est un prétentieux
qui ignore tout de l’art de la guerre. Il subira le même sort que son
prédécesseur, Caïus Flaminius Nero, que nous avons sévèrement défait à Trasimène.
    — Quels
sont tes ordres ?
    — Fais
passer l’Aufide aux Baléares et l’infanterie légère que tu déploieras en
première ligne. Que les fantassins gaulois et ibères se placent légèrement à
l’avant de notre infanterie lourde carthaginoise et libyque. Leurs cavaliers
formeront l’aile gauche, face à la cavalerie romaine, et les Numides
constitueront notre flanc gauche. Quand tu auras achevé ces préparatifs,
préviens-moi. Je te rejoindrai et tu combattras à mes côtés avec la qualité de
commandant en second.
    — Qui
dirigera notre cavalerie ?
    — Maharbal.
Mais les Numides seront confiés à ton aide de camp, Hannon, un jeune officier
dont je veux tester les capacités.
    Rayonnant
de fierté de voir son aîné lui manifester une aussi grande confiance, Magon
veilla scrupuleusement à la mise en place rapide du dispositif carthaginois. Au
centre, les bataillons alternés de guerriers gaulois et ibères formaient un
ensemble étonnant. Les premiers, nus jusqu’à la ceinture, étaient armés de
lourdes épées et avaient commencé à entonner leurs chants traditionnels,
entrecoupés de hurlements sauvages. Les seconds, vêtus de tuniques de lin blanc
bordées d’une bande de pourpre, aiguisaient les courts poignards qui étaient
leur arme de prédilection. Au contraire de leurs voisins, ils étaient silencieux
et leur mutisme, qui soulignait leur froide détermination, glaça de terreur
leurs adversaires.
    La matinée
venait à peine de commencer et la chaleur était déjà accablante. La cavalerie
ibère et gauloise ouvrit les hostilités en chargeant

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