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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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frère, Juba, t’a informé – tu ne pourras pas le
nier – qu’il se refusera à monter sur le trône car il estime être
trop âgé pour faire un bon souverain. C’est à toi que va échoir le fardeau du
pouvoir et je te plains sincèrement.
    — Pourquoi
cette curieuse sollicitude ?
    — Tu
as beaucoup d’ennemis, à commencer par ton puissant voisin, Syphax, le roi des
Masaesyles.
    — Son
peuple et le mien, les Massyles, sont rivaux de longue date. Néanmoins, j’ai
combattu avec lui aux côtés des Carthaginois et ceux-ci sauront tempérer ses
ambitions s’il s’avisait de menacer mes intérêts.
    — C’est
ce qu’il s’apprête à faire…
    — Comment
le sais-tu ? Par tes espions ?
    — Avec
Syphax, je n’ai pas besoin d’avoir recours à leurs services. Car cet excellent
ami de Carthage n’hésite pas à parler avec nous. Jadis, il a envoyé dans le
plus grand secret une ambassade à Rome pour savoir si nous étions prêts à lui
accorder notre protection. Le Sénat lui a envoyé trois de ses membres, porteurs
de présents somptueux : une toge, une tunique de pourpre, un siège curule
en ivoire et une coupe en or.
    — Le
connaissant, je sais qu’il n’a pas refusé ces cadeaux.
    — Tu
as raison mais il a éludé les demandes pressantes de nos émissaires qui sont
rentrés bredouilles sur les bords du Tibre. Aujourd’hui, pour répondre à ta
question, sache que ce vieux renard, regrettant ses hésitations passées, nous
propose de signer un traité d’alliance à condition que nous l’aidions à
s’emparer des domaines de Gaïa.
    — Je
te remercie de ce précieux renseignement. Je ne suis pas dupe des motifs qui
dictent ta conduite. Tu veux nous diviser et c’est bien joué. Toutefois, au
risque de te surprendre, je te dirai qu’à ta place, je n’hésiterais pas un seul
instant. Entre moi-même et Syphax, je choisirais ce dernier dont le royaume
s’étend de Siga [63] à Cirta [64] ,
la ville qu’il a prise à mon peuple par traîtrise il y a deux ans de cela. Son
armée est infiniment plus nombreuse que celle dont disposent les miens et elle
te sera précieuse si tu décides de franchir la grande mer et de porter la
guerre sous les murs de Carthage.
    — Tu
raisonnes comme le font nos bons sénateurs, incapables de voir plus loin que
leurs intérêts immédiats. Moi, Publius Cornélius Scipion, je suis fait d’une
autre trempe et j’avoue ne pas vouloir de l’amitié d’un traître qui ne
respectera aucun de ses engagements quand nous lui aurons permis de faire main
basse sur les territoires qu’il convoite. Je préfère m’appuyer sur toi même si,
en apparence, tu as peu à nous offrir.
    Bientôt,
je conduirai mes légions sur le sol africain. C’est là que se décidera l’issue
du conflit qui oppose la cité d’Elissa à Rome. Je ne doute pas un seul instant
de sortir victorieux de cette aventure. Toutefois, j’ai besoin d’avoir sur
place un allié fidèle qui ne cherchera pas à vendre ses faveurs au plus
offrant. Je te sais homme d’honneur, contrairement à Syphax. J’ai jeté mon
dévolu sur toi. Je puis affirmer que tu ne le regretteras pas. Je serai un
protecteur vigilant et soucieux de tes véritables intérêts. Quand Hannibal sera
obligé de conclure la paix avec nous, nous interdirons à sa ville la moindre
ingérence en Ibérie et en Italie. Sais-tu ce que le Conseil des Cent Quatre
fera alors ? Hannon le grand et ses partisans convaincront leurs collègues
d’étendre la zone d’influence de Carthage sur vos rivages et ils tenteront
d’annexer purement et simplement ton royaume et celui de Syphax. Mis en
minorité, le fils d’Hamilcar ne sera pas là pour voler à ton secours et ton
peuple, farouchement attaché à son indépendance, sera réduit en esclavage.
    — Rome,
bien entendu, n’interviendra pas contre mes adversaires.
    — À
moins qu’elle n’ait une bonne raison de les empêcher de commettre pareille
infamie. Ce pourrait être la reconnaissance qu’elle aurait envers un jeune
prince qui l’aurait aidée à vaincre sa plus farouche ennemie.
    — Tu
me demandes de trahir Hannibal et son frère Magon.
    — Loin
de moi cette intention ! Ce sont pour toi comme des parents et je respecte
tes sentiments à leur égard. C’est une affaire privée qui ne me regarde pas. À
vrai dire, moi aussi, j’admire les deux Barca et, si le sort n’en avait pas
décidé autrement, j’aurais été fier de les rencontrer

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