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Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Titel: Hasdrubal, les bûchers de Mégara Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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réussite de notre plan.
    — Quel
est-il ? demanda Azerbaal.
    — Je
comprends votre impatience, répondit la jeune femme, mais laissez-moi vous
donner quelques explications supplémentaires. Sachez en effet que je suis la
maîtresse de Gulussa et que j’agis sur sa demande pressante.
    — Ce
Gulussa qui a fait massacrer nos mercenaires en violant le serment fait par son
père veut donc nous sauver ? murmura, incrédule, Carthalon. Es-tu sûre de
dire la vérité ?
    — Hannon
le Rab, répliqua en riant Arishat, m’avait prévenue que tu comprenais
difficilement les subtilités de la politique et je m’aperçois qu’il n’avait pas
tort. Mon amant n’agit pas par pitié mais s’est rendu à mes arguments parce
qu’il y trouve son intérêt. Il a certes tué les mercenaires parce que ses
frères et lui souhaitaient se venger de l’embuscade que Hasdrubal leur avait
tendue. Les cavaliers qui ont chargé tes hommes étaient les déserteurs numides
passés à votre service avec leurs chefs, Asasis et Juba. C’est à ce prix qu’ils
avaient pu obtenir leur grâce et c’est ce qui explique leur férocité.
D’ailleurs, toi-même, Hasdrubal, tu t’étais montré singulièrement ingrat envers
eux en acceptant de les livrer à leur souverain. Gulussa et ses frères les ont
mis à l’épreuve. Ils n’étaient pas liés par les promesses que Masinissa t’avait
faites et tu ne saurais leur en tenir rigueur.
    — Cela
ne m’explique toujours pas que Gulussa veuille à tout prix nous sauver !
    — Pour
la simple et bonne raison que vous pourrez lui être un jour utiles.
    — De
quelle manière ?
    — La
succession de son père est loin d’être réglée. Rome n’a pas encore décidé qui
montera sur le trône après la disparition de Masinissa et Gulussa craint que
son amitié affichée avec Publius Cornélius Scipion Aemilianus ne lui porte
tort. Vous l’ignorez peut-être mais Marcus Porcius Caton, ce vieux grincheux,
est mort. Or ses amis sont encore nombreux au sein du Sénat et ils ne
pardonnent pas à mon amant d’avoir dédaigné les conseils de leur maître. Ses
frères, Micipsa et Mastanabal, intriguent déjà contre lui et ont envoyé une
ambassade sur les bords du Tibre. Ils vous portent une haine féroce et ont tout
intérêt à votre perte.
    Je puis me
flatter d’exercer sur leur cadet une influence salutaire et je lui ai fait
comprendre qu’il avait tout intérêt à se rapprocher de Carthage. J’ai plaidé
auprès de lui en votre faveur. Hasdrubal, tes parents et les miens étaient
jadis voisins et mon père m’a souvent parlé de ta famille à laquelle l’unissait
une profonde affection. Par fidélité envers sa mémoire, je me suis sentie
obligée de te venir en aide dès que j’ai appris la sentence qui te frappait,
toi et tes amis. Gulussa a demandé à Hannon le Rab de faire preuve de clémence
à votre égard. Malheureusement, il n’a pu obtenir du Sénat votre grâce en
raison de la farouche opposition d’Itherbaal.
    — Pourtant,
fit Azerbaal, celui-ci est un ami des Numides et c’est plutôt à lui qu’il
aurait dû s’adresser.
    — Tu
oublies que vous avez été les principaux instigateurs de son bannissement et de
celui de ses compagnons dont il s’est juré de venger la mort en exil. De
surcroît, c’est la créature de Mastanabal et de Micipsa. S’il avait eu vent,
par malheur, de mes démarches, il n’aurait pas manqué de me dénoncer à ses
protecteurs ainsi qu’à leur père.
    — Puisque
le Sénat a refusé de commuer notre sentence, quelle issue s’offre à nous ?
    — L’évasion,
fit Arishat. Ce navire grec, qui est à quai, vous conduira jusqu’à Hadrim et
vous serez hébergés dans l’une des propriétés d’Hannon le Rab, avec
interdiction d’en sortir tant que vous ne serez pas rappelés officiellement à
Carthage. Son capitaine a accompli ce soir toutes les formalités nécessaires à
son départ et il attend que la chaîne du port soit levée, dès les premières
lueurs de l’aube, pour gagner le large. Quand les soldats d’Itherbaal se
réveilleront de leur ivresse, vous serez déjà loin et leur maître leur fera
payer chèrement leur coupable négligence.
    — Comment
te prouver notre reconnaissance ? demandai-je.
    — Le
temps venu, je vous ferai savoir ce que Gulussa attend de vous et j’espère que,
cette fois-ci, vous ne lui infligerez pas l’une des mauvaises surprises dont
vous êtes coutumiers. N’oubliez

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