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Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Titel: Hasdrubal, les bûchers de Mégara Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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montreraient enclins à l’indulgence et cette
décision pèserait d’un poids non négligeable lors de la reprise des
négociations en vue de régler le litige à propos des Grandes Plaines. A une
très large majorité, nous fûmes condamnés à la peine capitale et notre
exécution fixée à l’expiration des fêtes en l’honneur de Tanit, la déesse
protectrice de la cité.
    Nous fumes
reconduits dans la prison située dans l’enceinte du port militaire et
réintégrâmes nos cellules étroites et sombres où nous étouffions le jour et
grelottions la nuit. Les gardes, choisis par Hannon le Rab et Itherbaal,
exerçaient sur nous une surveillance de tous les instants, nous empêchant de
communiquer avec l’extérieur et fouillant minutieusement la nourriture et les
effets qui nous étaient envoyés par nos familles. Une nuit, nous fûmes tirés de
notre sommeil par une agitation inaccoutumée et crûmes que notre dernière heure
était arrivée. Des soldats, appartenant visiblement à une unité affectée depuis
peu à notre garde, vinrent nous chercher, nous bandèrent les yeux et nous
obligèrent à revêtir un manteau dont le capuchon dissimulait nos visages. Par
d’interminables couloirs, on nous conduisit jusqu’à un endroit que nous nous
efforçâmes en vain d’identifier. Notre seule certitude était que nous nous
trouvions à l’extérieur de la prison et de la tour de l’Amirauté car une forte
brise soufflait et nous pouvions entendre le ressac des vagues battant la
muraille. Après une longue attente, on nous ôta nos bandeaux et nous
découvrîmes avec stupéfaction que nous étions sur l’un des quais du port
marchand, à proximité d’un navire grec visiblement prêt à appareiller.
    Les gardes
refusèrent obstinément de répondre à nos questions angoissées. Soudain, nous
vîmes un petit groupe s’approcher de nous, conduit par Hannon le Rab accompagné
par une jeune femme que nous n’avions jamais vue jusque-là. Le chef du Conseil
des Cent Quatre nous salua d’un ton enjoué :
    — Pardonnez
cette mise en scène qui a probablement provoqué chez vous une belle frayeur.
J’ai dû m’y résoudre afin que nul ne se doute de notre rencontre. J’ai profité
de l’absence d’Itherbaal, parti en ambassade chez nos voisins numides, pour
ordonner à ses hommes de prendre un repos bien mérité. J’ai organisé un banquet
en leur honneur et, à l’heure qu’il est, ils dorment du sommeil de l’ivrogne
car ils ont copieusement mangé et bu. Les soldats qui vous ont accompagnés
appartiennent à ma garde personnelle et j’ai la plus totale confiance en eux.
Aucun ne parlera, pas même sous la torture, et ne révélera à des oreilles mal
intentionnées ce que j’ai à vous dire.
    — Nous
te remercions de ton geste, fit Azerbaal, et j’espère que tu es venu nous
annoncer que nous aurons la vie sauve.
    — S’il
n’avait tenu qu’à moi, rétorqua Hannon le Rab, je vous aurais fait exécuter car
vous avez trahi ma confiance de la manière la plus déloyale qui soit. Remerciez
plutôt celle qui se tient à mon côté et qui a intercédé en votre faveur.
    — Qui
que tu sois, sache que nous saurons te prouver notre reconnaissance !
    — Je
vous dispense de vos remerciements dont je n’ai que faire, grinça la jeune
femme. Je me nomme Arishat et je suis née à Rome de parents carthaginois
envoyés comme otages dans cette ville après la bataille de Zama. C’est la
première fois que je foule le sol de la cité dont sont originaires mes aïeux.
En d’autres circonstances, j’aurais été folle de joie et j’aurais consacré de
longues heures à parcourir les rues de Carthage pour découvrir les merveilles
dont j’ai entendu parler par les voyageurs fréquentant ma demeure sur les bords
du Tibre. Sachez en effet que j’ai été élevée dans la maison de Scipion
l’Africain qui m’a recueillie lorsque je suis devenue orpheline.
    Je n’en ai
pas oublié pour autant que j’étais punique et, dès ma plus tendre enfance, je
n’ai eu de cesse que je ne profite de ma situation privilégiée pour rendre
service, lorsque l’occasion s’en présentait, à mes compatriotes. C’est un
devoir religieux que j’accomplis pour honorer la mémoire de mes parents et vous
en êtes les bénéficiaires en dépit de votre indignité. Voilà pourquoi je me
trouve ici ce soir, après avoir franchi la porte d’Utique dans le plus grand
secret, condition essentielle à la

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