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Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Titel: Hasdrubal, les bûchers de Mégara Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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influence en
Grèce et en Orient sans que nous cherchions le moins du monde à la contrarier.
Bien au contraire, nous vous avons apporté un concours loyal lorsque Persée de
Macédoine a tenté de soulever contre votre autorité les cités grecques. Nous
vous avons livré du blé pour vos légions et prêté gratuitement des navires marchands.
    Aujourd’hui,
vous êtes les plus puissants et Carthage n’est plus que l’ombre d’elle-même.
Notre infortune devrait vous émouvoir et vous amener à faire preuve de clémence
envers nous. Après tout, le véritable vainqueur est celui qui sait se montrer
généreux envers son ennemi et ne cherche pas à l’anéantir. Songez à l’attitude
qu’adopta Alexandre le Grec envers les peuples soumis par ses phalanges. Il les
autorisa à conserver leurs magistrats, leurs lois et leurs dieux et, à sa mort,
il fut pleuré par des centaines de milliers d’hommes et de femmes pour lesquels
il était l’égal d’un dieu. Il vous est possible à votre tour de mériter
pareille réputation en vous montrant justes et généreux envers nous.
    Ce serait
rendre justice à la loyauté qui a régi nos rapports avec votre cité. Condamnés
par deux fois à vous payer une très lourde indemnité de guerre, nous nous
sommes scrupuleusement acquittés de leur paiement sans le moindre retard. Nous
n’avons pas cherché à reconstruire notre flotte et nous avons accueilli dans
nos murs plusieurs centaines de vos marchands qui y vivent en paix et qui se
sont enrichis en commerçant avec nous. Vous ne pouvez nous reprocher d’avoir
tenté de nous défendre contre les agissements déloyaux de Masinissa qui s’est
emparé de terres dont votre Sénat nous avait garanti la possession. C’est pour
cette raison qu’Hasdrubal, Azerbaal et Carthalon ont pris les armes contre lui.
Quand nous avons appris que ce geste vous déplaisait, nous les avons sévèrement
punis. Ils ont été condamnés à mort et tous ceux qui ont voulu prendre leur
défense ont été punis de lourdes amendes ou contraints de s’exiler. Quand vous
avez exigé la livraison de trois cents otages choisis parmi les meilleures
familles carthaginoises, nous vous les avons livrés avant l’expiration du délai
d’un mois fixé par vous, les arrachant à leurs parents sans tolérer la moindre
résistance. Je sais de quoi je parle puisque deux de mes enfants figurent parmi
eux. Vous nous avez promis de nous faire connaître alors la décision du Sénat.
Nous sommes ici pour savoir le sort que vous nous réservez puisque nous vous
avons donné satisfaction en tous points.
    Marcius
Censorinus prit alors la parole et ses mots restèrent à jamais gravés dans le
cœur de ceux qui les entendirent :
    — Puniques,
je ne veux pas discuter avec vous des événements qui ont précédé ce jour. Ton
exposé, Mides, contient des contrevérités qu’il me serait aisé de réfuter mais
je te sais être un ami loyal de Rome et je ne veux pas t’humilier. Je dois te
dire que la hâte avec laquelle vous avez livré les otages mérite d’être saluée
et que les Pères conscrits ont été sensibles à cet empressement. Il démontre
que vous recherchez véritablement la paix. Nous vous demandons de nous en
donner une dernière preuve : livrez-nous vos armes. Elles vous sont
désormais inutiles puisque votre ville a choisi de ne pas nous faire la guerre.
    — Marcius
Censorinus, répondit Mides, je transmettrai ta demande au Conseil des Cent
Quatre et je crois pouvoir t’assurer que tu obtiendras satisfaction. Toutefois,
tu n’es pas sans savoir que le traître Hasdrubal a levé une armée de vingt
mille hommes dans la région d’Hadrim. Comment pourrons-nous l’anéantir si nous
ne disposons pas de troupes suffisantes pour l’empêcher de nuire. Tu verras que
nous recherchons véritablement la paix puisque nous sommes prêts à verser le
sang de nos propres compatriotes pour vous donner satisfaction.
    — N’aie
aucune inquiétude à ce sujet. Nous ne désirons pas que vous portiez l’épée
contre vos propres frères. Mes légions se chargeront de cet insolent.
Maintenant regagne Carthage et reviens le plus rapidement possible me
communiquer la décision de vos magistrats ainsi que la date à laquelle vous
nous remettrez vos armes et vos machines de guerre.
    Mides
transmit fidèlement au Conseil des Cent Quatre les propos du Consul, accueillis
dans un silence de mort. Il plaida vigoureusement en faveur de l’acceptation
des

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