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Haute-savane

Haute-savane

Titel: Haute-savane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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retour du maître et puis, un matin, on l’a retrouvée ouverte de partout… la porte, les portes-fenêtres de la véranda, même les fenêtres comme si le dieu du vent était entré et avait tout emporté.
    — Tiens donc ! Quelle verve lyrique tout à coup ! Et vous n’avez pas la moindre idée, bien sûr, de celui qui a pu déménager à ce point une maison de cette importance ?
    — Celui ? Ceux, monsieur le chevalier ! Il fallait une troupe pour accomplir un tel exploit en une seule nuit. Ce sont sûrement les « marrons » du Gros Morne ou du Morne Rouge…
    — … qui se sont découvert tout à coup un besoin urgent de vivre dans des meubles Louis XV avec des portraits de famille accrochés aux arbres… ?
    Se penchant brusquement sur sa selle, Tournemine empoigna le Maringouin par sa veste de forte toile et, sans effort apparent, le décolla de terre pour l’amener presque à sa hauteur.
    — Voilà un quart d’heure, Calvès, que vous vous moquez de moi et j’ai horreur de ça ! Je ne vous conseille pas de continuer ce jeu car vous ne me connaissez pas. Je peux aussi bien vous faire sauter la tête d’un coup de pistolet que vous confier aux soins de mon écuyer Pongo, ici présent. Les Iroquois sont encore plus forts que vous quand il s’agit de faire endurer à un homme une éternité de souffrance. À présent, écoutez ceci : je saurai bien retrouver ce qui m’a été volé et aussi les serviteurs de l’habitation que votre ami Legros a probablement vendus. Quant à vous, vous allez d’abord vous arranger pour faire porter dans la maison tout ce dont nous avons besoin pour nous y installer provisoirement…
    Aussi brusquement qu’il l’avait saisi, il le lâcha et l’homme alla rouler dans la poussière. Une lueur de haine brilla brièvement dans ses yeux et sa main chercha, instinctivement, sous sa veste, une crosse de pistolet mais déjà Pongo était sur lui dirigeant sur sa gorge la pointe d’un poignard.
    — Toi donner ça… doucement, conseilla-t-il. Tout doucement.
    Calvès lui remit son pistolet et Pongo consentit alors à le laisser se relever.
    — Si je peux me permettre, fit-il en s’époussetant vaguement, on aura du mal à trouver ce qu’il faut mais, pour trois ou quatre jours, le mieux serait… peut-être que ces messieurs s’installent dans la maison de M. Legros, près de la rivière. Elle n’est pas grande mais vous y seriez mieux que sur de la paille jetée dans une maison vide. Et puis Désirée, la fille noire qui s’en occupe, prendrait soin de vous. Elle fait assez bien la cuisine…
    Il parlait, parlait, semblant oublier totalement ce qui venait de se passer et uniquement soucieux, en apparence, de se comporter en bon serviteur.
    — Qu’en pensez-vous ? demanda Gilles en se tournant vers ses compagnons.
    — Ça me paraît une assez bonne solution, dit Pierre Ménard. Il commence à se faire tard.
    Le soleil, en effet, tapait moins dur et, sur la mer que l’on apercevait au loin, ses rayons moins verticaux dessinaient plus nettement les bateaux et les îles.
    — Et puis, souffla Pongo, maison plus petite plus facile à défendre…
    Visiblement, l’Indien n’accordait aucune confiance à cet homme velu qui semblait le dégoûter considérablement et son sens aigu du danger le rendait sensible à l’atmosphère bizarre qui régnait sur la plantation.
    — Bien ! dit Gilles. Nous ferons ainsi mais pour le moment je désire faire le tour du domaine. Aussi, monsieur Calvès, prenez une quelconque monture et guidez-nous. Je veux tout voir.
    Dompté, en apparence tout au moins, le « commandeur » acquiesça.
    — Si vous voulez bien m’attendre un instant…
    Il ne lui fallut qu’a peine une minute pour revenir monté sur une mule solide.
    — Que voulez-vous voir d’abord ?
    — L’installation de préparation de l’indigo, l’égreneuse à coton puis les champs. Ah ! pendant que j’y pense : je ne veux pas, demain, revoir ces deux instruments de mort, ajouta-t-il désignant de sa cravache le poteau d’abord, le mancenillier ensuite. Enlevez l’un, brûlez l’autre mais que le soleil ne les revoie pas…
    La visite dura longtemps et ne put d’ailleurs se faire complètement mais Gilles n’eut aucune peine à se convaincre de l’importance de cette terre qu’une soirée de jeu à Fraunces Tavern avait faite sienne. Derrière les logis des surveillants se trouvaient les « moulins à indigo » composés

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