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Haute-savane

Haute-savane

Titel: Haute-savane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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serviteurs. Veille à bien les servir.
    Avec une grâce aisée, elle s’inclina très bas puis se releva et, tout aussi souplement, précéda les nouveaux venus à l’intérieur de la maison où, à leur surprise, ils virent qu’un souper était préparé sur une grande table en bois de campêche qui tenait le centre de la « salle de compagnie » sur laquelle ouvraient trois chambres et une sorte d’office dont la cloison ne s’élevait pas jusqu’au plafond. Le reste de l’ameublement était simple : de légères chaises de rotin, une sorte de canapé de même matière garni de coussins rouges et un râtelier d’armes sur lequel aucun fusil, curieusement, ne reposait. Une grosse lampe à huile pendue au plafond éclairait la table et les plats qui y étaient disposés.
    Le regard de Gilles alla du râtelier vide à des traces, encore visibles, de pattes de chiens qui apparaissaient sur le plancher de la maison.
    — Legros est-il parti soutenir un siège ? dit-il négligemment. Je vois ici un râtelier sans armes et des traces de chiens sans chiens…
    Désirée, à qui s’adressait la question, détourna la tête sans répondre mais pas assez vite pour que Gilles n’ait eu le temps de lire la peur dans son regard. Elle disparut dans l’office et ce fut Calvès qui répondit avec un gros rire :
    — La route est longue jusqu’à Kenscoff et pas toujours sûre avec les « marrons 3  » qui courent les mornes et les forêts. M. Legros ne se sépare jamais de ses chiens. Ils reniflent le mauvais nègre à une lieue. Et, bien sûr, il a emmené son fusil. Personne n’aurait l’idée de se promener sans armes dans ce sacré pays.
    — Son fusil ? Si j’en crois les marques laissées sur ce mur il est parti avec tout un arsenal. Il faudra que je lui demande comment il fait pour tirer avec cinq fusils à la fois. Eh bien mais… il me reste à vous remercier des soins que vous avez pris de nous. Demain, dès le jour levé, je serai aux bâtiments d’exploitation. J’espère que, d’ici là, vous aurez exécuté mes ordres.
    Le Maringouin se retira en assurant que tout serait fait comme on le lui avait indiqué et disparut dans la nuit sans faire plus de bruit qu’un chat.
    — Pongo pas aimer vilain bonhomme, déclara l’Indien qui le regardait partir. (Puis, plus bas et pour le seul usage de Gilles :) pas aimer non plus dernier coup d’œil à fille noire… Chose pas claire se tramer ici !
    — Si tu crois que je n’en ai pas pleinement conscience ? J’ai bien idée qu’on nous prépare ici quelque chose mais quoi ? Si nous soupions, messieurs ? ajouta-t-il plus haut en s’adressant à ses compagnons qui visitaient avec curiosité les quelques pièces de la maison à l’exception du seul Finnegan. Celui-ci avait tout de suite repéré les bouteilles de vin rafraîchies à la rivière que la servante avait déposées depuis peu sur la table et, après avoir arraché le bouchon d’un coup de dents, buvait avidement à la régalade.
    Il y eut un instant de flottement, les trois matelots protestant de l’inconvenance qu’il y avait pour eux à prendre place à la même table que Tournemine, mais celui-ci balaya leurs timides objections.
    — Aucune illusion, mes amis, nous sommes ici en état de guerre. Où prenez-vous que, dans une tranchée, l’on fasse des cérémonies ? Prenez place. D’ailleurs le couvert est mis pour sept, ce qui signifie que le sieur Calvès a fait passer des ordres tandis que nous visitions la plantation. Et puis voici le premier plat que l’on nous apporte.
    En effet, Désirée venait d’apparaître hors de l’office portant à deux mains, avec d’infinies précautions, un grand plat dans lequel fumait un appétissant ragoût de poulet, d’ignames et de patates douces qu’elle déposa au milieu des fruits, des fromages et des compotes déjà placés sur la table.
    Les regards des marins suivaient ses mouvements avec une avidité qui frappa Tournemine car elle s’adressait beaucoup plus à la fille elle-même qu’à la nourriture qu’elle apportait. Il ne put s’empêcher de sourire, appréciant lui aussi à sa juste valeur la sauvage sensualité qui émanait de Désirée et des mouvements doux de ses seins qui menaçaient à chaque instant d’apparaître hors de leur légère prison de cotonnade tandis qu’elle remplissait les assiettes sans regarder qui que ce soit. Au léger tremblement des poings de Germain, sagement posés sur la

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