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Haute-savane

Haute-savane

Titel: Haute-savane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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sortait de la chambre de Judith en compagnie de Madalen. Entre elles deux, les femmes portaient une grande corbeille pleine de linge sale.
    Ignorant le retour de la housekeeper de Mount Morris, Tournemine la salua courtoisement, s’enquit de la santé de sa sœur, de celle du nouveau-né puis l’informa de sa décision de quitter New York avant la fin du mois et de ne pas reconduire la location de la propriété au-delà de cette fin. L’aimable femme parut déçue.
    — Quoi ? Si tôt ? Nous espérions, mon mari et moi, que M. le chevalier prendrait goût à cette belle maison et s’y installerait définitivement. Madame semble s’y plaire tellement…
    — Il n’a jamais été question, Mrs. Hunter, que nous restions à New York et j’avais été, je crois, très net sur ce point : il s’agissait d’une location temporaire. Quant à ma femme, j’espère qu’elle se plaira tout autant là où je l’emmène. Je viens d’acheter une plantation dans l’île de Saint-Domingue. À propos, puisque vous sortez de chez elle, vous me direz peut-être comment elle se porte, ce matin ?
    — Oh ! il lui faut encore un peu de repos, bien sûr, mais je crois qu’étant donné ce qu’elle a subi hier, pauvre agneau, elle se porte aussi bien qu’il est possible. La nuit a été bonne.
    — Parfait. Voulez-vous la saluer pour moi et lui dire que j’aurai l’honneur de lui rendre visite à mon retour ? Je descends en ville où j’ai rendez-vous.
    Et, se refusant la joie de regarder Madalen dont les grands yeux doux, pleins de tristesse, le suivirent longtemps, il descendit l’escalier et alla rejoindre Pongo qui l’attendait dans la salle à manger.
    Deux heures plus tard, les contrats qui lui assuraient la propriété absolue de la plantation dénommée « Haute-Savane » étaient signés par-devant maître Edwards, notaire, en son étude de Wall Street et les deux propriétaires, l’ancien et le nouveau, flanqués du capitaine Malavoine et de Tim Thocker qui avaient servi de témoins, fêtaient leur accord autour d’un dernier pot vidé chez Black Sam puis, au seuil de la taverne, se serraient la main et se séparaient sans espoir de se revoir jamais. Le gentilhomme de Saint-Domingue gagna le port où il comptait embarquer sur un navire nantais, le Comte de Noe commandé par le capitaine Raffin, à destination des côtes françaises.
    Gilles, laissant Tim et Malavoine, qui s’étaient liés d’une vive amitié, achever la journée ensemble dans une taverne de trafiquants, reprit le chemin de Mount Morris. Il était temps pour lui de mettre au courant celle qui portait son nom. Mais, avant de rentrer, il entendait accomplir certain pèlerinage.
    — Tu connais le chemin de la chapelle auprès de laquelle est enterrée ma vieille Rozenn ? demanda-t-il à Pongo qui avait repris tout naturellement ses fonctions d’escorteur habituel.
    Oui, Pongo connaissait ce chemin, comme il connaissait d’ailleurs les collines de Harlem aussi parfaitement que s’il y était né et, bientôt, délaissant la grande route, les deux cavaliers s’engagèrent dans un petit chemin sablé qui s’enfonçait à travers un petit bois.
    C’était le plus joli bois que Gilles eût jamais vu. Une paix profonde y régnait. Il descendait jusqu’à la rivière et se composait surtout d’aulnes et de bouleaux et aussi de saules aux approches de l’eau qui diffusait sur toutes choses une lumière argentée.
    La chapelle s’élevait dans une vaste clairière que le soleil inondait. C’était une petite chapelle blanche, faite de planches de pins et surmontée d’un clocheton dans lequel pendait une cloche. Quelques tombes poussaient aux alentours, si fleuries qu’elles ressemblaient à autant de bouquets arrangés autour d’une croix et une extraordinaire impression de paix se dégageait de ce petit champ de repos perdu au cœur d’un monde en pleine gestation.
    Comme ils allaient déboucher dans la clairière, Gilles vit qu’elle n’était pas déserte. Une robe de femme errait entre les tombes, une robe bleu pâle rayée de blanc qu’il croyait bien reconnaître ainsi que le bonnet de mousseline tuyautée qui mettait une auréole transparente autour d’une tête blonde. Sautant à terre, il lança la bride de Merlin à Pongo.
    — Attends-moi ici ! lui dit-il en s’élançant vers la chapelle près de laquelle Madalen s’était arrêtée.
    Gilles vit qu’elle tenait entre ses mains un petit bouquet de

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