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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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Malbaie, mais il peut être avec nous ce soir.
    —    Très bien. Je vous attendrai à dix heures.
    À l'heure dite, le père et le fils sonnaient à la porte de la grande maison du premier ministre, rue Grande Allée. Celui-ci vint ouvrir lui-même. Dans l'attente de cette visite, Henri s'était senti suffisamment angoissé pour proposer de se livrer à la police tout de suite, afin de mettre fin au supplice. Son père lui avait répondu de ne pas «dire de bêtises» et de « retrouver son calme ».
    Descôteaux les fit monter dans sa pièce de travail, ferma la porte derrière lui. Une bouteille de cognac et trois verres attendaient déjà sur le large bureau. Ils prirent place tous les trois. Henri refusa l'alcool qu'on lui offrit. Le premier ministre leur tendit les deux rapports du lieutenant Gagnon. Le ministre reconnut celui qui concernait les frères Germain.
    Il le remit à son fils qui le parcourut en diagonale. Quand le père commença la lecture du second rapport, le sang se retira de son visage. A mesure qu'il finissait un feuillet, c'était pour le remettre à son fils. Ce dernier s'enfonçait dans son siège a chaque nouvelle ligne dont il prenait connaissance. Tous les deux voyaient leur vie voler en éclats. Dans le cas d'Henri, cela voulait dire la prison. Le père ne trouvait pas son sort tellement plus enviable: après un pareil scandale, toute sa vie professionnelle s'effondrerait. Pour ne pas être sujet aux insultes des personnes croisant son chemin, il devrait se réfugier en un lieu suffisamment lointain pour que ses voisins ne connaissent même pas l'existence de la province de Québec.
    Quand ils eurent fini leur lecture, ils se regardèrent, dévastés. Descôteaux demanda d'une voix sèche:
    —    Henri, maintenant tu vas me dire exactement ce qu'il y a de vrai et de faux dans ce rapport. N'oublie rien, ne néglige rien, car s'il reste encore une seule journée à ton futur, cela dépendra de ce que nous pourrons maîtriser. Plus précisément, de la manière dont je pourrai dominer la situation. Je dois tout savoir. Si tu mens sur un seul détail, je vous laisse tomber, ajouta-t-il en englobant le père dans son regard.
    Henri commença son histoire. Son immense honte le lit rougir au moment d'évoquer la visite au bordel, l'alcool et la drogue. Il décrivit avec force détails son inconscience, au moment où les autres avaient décidé d'aller à Château-Richer. Pour la suite des événements, le jeune homme devait s'appuyer sur le récit de ses amis :
    —    Chemin faisant, à l'initiative de Jean-Jacques Marceau, ils ont fait monter Blanche Girard dans l'une des voitures.
    —    Elle a accepté, avec des garçons ivres ? questionna le procureur général.
    —    Ils lui ont offert de la reconduire à la maison. Elle connaissait déjà Marceau... Elle s'est retrouvée à ma maison de campagne. Le viol...
    Le garçon réprima un sanglot en racontant la découverte du cadavre le lendemain matin, au sortir de son hébétude de drogué.
    —    J'ai voulu que nous allions tous à la police, à ce moment, je le jure.
    —    Pourquoi ne pas l'avoir fait? questionna encore Descôteaux.
    —    Les autres ont refusé.
    —    Tu pouvais y aller seul. Si tu dis vrai, tu étais totalement innocent.
    Bien sûr, si tard après les faits, ce garçon ne l'était plus. Henri baissa la tête. La lâcheté avait immédiatement pris le dessus. Même sans aucune responsabilité quant au crime lui-même, l'opprobre l'aurait éclaboussé au point de ruiner toute sa vie. Aujourd'hui, pareille démarche devenait impossible. Un tribunal le condamnerait pour «complicité après le fait», car il avait disposé du cadavre.
    —    Tu n'as vraiment rien à voir dans le viol et le meurtre ? insista sèchement Descôteaux.
    —    J'étais inconscient ! Je le jure !
    Henri répéta combien il était désolé, promis de ne plus toucher à ces produits enivrants.
    —    Cet acte de contrition et la ferme résolution de ne plus recommencer ne servent plus à rien, maugréa le premier ministre. Le mal est fait. Tu ne connais vraiment pas l'identité du coupable ?
    —    Ils ont tous participé au viol. Ensuite, cette fille est restée dans le caveau à légumes, enfermée. Tous affirment ne pas avoir bougé jusqu'au matin, emportés par un sommeil de brutes. Selon eux, je serais le premier à être allé dans ce réduit depuis la veille. Ils m'avaient chargé de

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