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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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paraissaient disposés à prendre le pouvoir par la force.
    —    Croyez-vous que la population nous regarderait avec respect, après une histoire comme cela? demanda encore Descôteaux. Qu'elle nous reconnaîtrait le droit de régner sur ses destinées ?
    —    De toute façon, remarqua Henri d'une toute petite voix, avec ce que ce policier sait, nous sommes perdus...
    —    Il n'a rien appris par des moyens légaux, interrompit Antoine Trudel. Cela ne vaudrait rien devant la cour.
    Cet homme habitué à user de toutes les technicalités du droit, non pour obtenir justice, mais pour gagner une cause, assurerait lui-même la défense de son fils, si nécessaire.
    —    C'est vrai, admit le premier ministre. Cependant, ce policier a menacé de s'adresser à l'opinion publique si une perquisition n'était pas menée pour officialiser, en quelque sorte, ses découvertes. Si les journalistes s'en mêlent, il faudra agir tout de suite, sinon la population nous considérera tous comme des coupables. Elle posera son verdict elle-même.
    —    Il faut nier, il faut les protéger, tonna Antoine Trudel.
    —    Si nous sommes poursuivis et condamnés, dit Henri d'une voix plus forte qu'auparavant, le Parti aura l'air de chercher la justice, à moyen terme, cela pourrait être préférable.
    Pareille démarche ne serait pas si risquée, songeait-il maintenant. Son innocence des crimes les plus graves, tout comme la dénonciation des autres, lui épargneraient une sanction trop pénible. Son père négocierait une réduction de peine significative avec le procureur de la Couronne, en échange de son témoignage.
    Philippe-Auguste Descôteaux pesait lui aussi ces arguments. Les dommages seraient-ils si grands, avec le sacrifice de ces six imbéciles et de    leurs    familles?    Un    autre    élément
    pesait dans la balance, jusque-là prudemment gardé pour lui. Il leur confia :
    —    Le policier qui est allé à Château-Richer a été interné un peu avant midi à l'hôpital de Beauport, après avoir attaqué le chef de police. Ce dernier refusait de se précipiter au palais de justice pour demander sur-le-champ un mandat de perquisition. Ce lieutenant semble vraiment malade, son père est mort à l'asile. J'ai parlé deux fois avec le médecin traitant. A midi, le patient se montrait assez calme. Ce soir, il semble pris d'une folie autodestructrice. Il se lance contre les murs capitonnés de sa cellule.
    Les deux Trudel se regardèrent, essayant de mesurer les conséquences de ce nouveau développement. Ce fut l'avocat le plus expérimenté qui posa les questions :
    —    Ce policier a-t-il parlé de sa visite à Château-Richer à bien des gens ?
    —    Dans la police, seulement à son chef, semble-t-il. Ryan a parlé à sa femme en fin d'après-midi. Il a conduit celle-ci à Beauport, au chevet de son époux. Elle sait qu'il s'occupait de l'affaire Blanche Girard, mais rien de plus.
    —    Nous pouvons donc étouffer cette histoire, s'exclama Antoine Trudel.
    —    Plus précisément, nous pouvons essayer. Il semble qu'aucune autre personne ne se soit intéressée à nos six jeunes écervelés.
    L'atmosphère devint plus légère dans la pièce.
    —    Le chef de police ne risque pas de parler ? demanda le ministre.
    —    Son premier mouvement a été de venir me voir, de me mettre tout cela dans les mains. Si je lui dit de garder le secret, il le fera. De toute façon, en vous remettant le livret de banque dès le premier moment de l'affaire, Ryan s'est rendu coupable de complicité dans la destruction d'une pièce à conviction. Une crise soudaine de moralité me paraît improbable de sa part. Il se mettrait dans le lot des personnes devant rendre des
    comptes à la justice.
    Le premier ministre marqua une pause en regardant Henri, puis précisa :
    —    Ma plus grande crainte c'est de voir l'un ou l'autre de ces crétins tout raconter, pris de remords.
    —    Aucun d'eux n'a intérêt à le faire, dit le jeune homme. Ils risquent la pendaison dans le pire des cas, la prison pour un très long moment dans le meilleur.
    —    Tu devras les contacter. Ne leur parle pas des découvertes de ce policier, cela les ferait paniquer. Mais insiste bien sur le fait qu'ils doivent se taire. S'ils parlent, tant de gens se retrouveront dans la merde...
    Descôteaux secoua la tête devant tout ce gâchis, puis insista encore :
    —    Si cela arrive,

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