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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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fidèle possible de ce qui s'était passé, et décider de la stratégie la plus prudente à adopter. Tout jeune alors, il se souvenait d'avoir vu le gouvernement d'Honoré Mercier tomber pour une histoire de pots-de-vin. Le pauvre homme en était mort de honte, ou du moins, c'est ce que l'on racontait alors. Ni lui ni son parti ne vaudraient mieux si cette histoire de viol éclatait au grand jour.
    Le docteur Dubuc rappela quatre-vingt-dix minutes plus tard. Il avait pris le temps d'observer longuement son nouveau patient. Après les salutations, il remarqua :
    —    Je me demande en quoi le sort de ce policier te préoccupe. C'est sans doute un peu triste, mais bien banal en même temps. Il fait une dépression et sombre lentement dans la démence. La dépression vient sans doute du fait qu'il est bien conscient des progrès de sa maladie.
    Le premier ministre était un vieil ami, ils étaient à tu et à toi depuis l'université.
    —    Il s'est attaqué au chef de police, expliqua Descôteaux. Je m'inquiète de mes chefs de police. Je veux savoir comment il se trouve. Il racontait de drôles de choses au moment de faire sa crise ce matin.
    —    Sa démence doit être héréditaire. La directrice m'a répété ce que tu lui as dit sur son père, alors j'ai vérifié. Ton client est arrivé ici dans un triste état. Les infirmiers m'ont assuré ne pas en être responsables, qu'il se tapait la tête contre les barreaux de sa cellule, au poste de police. Depuis son arrivée ici il est plutôt calme, mais son esprit divague.
    —    Quel genre de délire ?
    —    C'est plutôt amusant. Il parle de droit de cuissage. Le fait qu'un agent de police connaisse le Moyen Age se révèle étonnant en soi. Mais c'est mêlé dans sa tête. Il évoque le droit de cuissage des gens de la Haute-Ville, les personnes exploitées. Le chef de police serait complice des pires crimes. Rien de bien clair, le délire d'un dément.
    Le bon médecin ne paraissait pas enclin à mettre de l'ordre dans ce discours décousu. Le premier ministre poussa un soupir de soulagement.
    —    C'est ce que je craignais. Ecoute, au poste de police, il portait des accusations précises sur des personnes que nous connaissons tous les deux, et menaçait de rendre cela public. Je ne voudrais pas voir les journaux s'emparer de ces histoires d'horreur, juste pour vendre de la copie. Tu les connais, ils sortent un jour un scandale juteux en première page, dans le meilleur des cas, ils publient un démenti un mois plus tard en dernière page.
    —    De toute façon, compte tenu de l'attaque contre le chef de police, notre patient sera isolé pendant un certain temps. Mon pronostic est plutôt négatif: son état risque de se détériorer, pas de s'améliorer. Cela semble te préoccuper. Pourquoi est-ce tellement dangereux ?
    Descôteaux devait convaincre son interlocuteur, tout en n'étant pas trop précis, car il se trouvait peut-être quelqu'un en train d'écouter sur la ligne. Le téléphone ne se révélait pas le moyen de communication le plus discret. Il risqua cette explication :
    —    Il a porté des accusations très sérieuses contre certains de nos amis. Je pourrai être plus précis si tu le veux, mais de vive voix. Il a déjà commis des irrégularités pour trouver des preuves, ou pour inventer des preuves, je ne sais trop. Sa dernière trouvaille était de menacer son chef de police d'ameuter les journaux avec ces accusations. Nous n'avons vraiment pas besoin de cela ces jours-ci.
    —    Bon. Je te contacterai s'il y a du nouveau. Je vais essayer de limiter le nombre de personnes avec lesquelles il est en contact. Je ne peux faire plus.
    Ils échangèrent encore quelques banalités, puis raccrochèrent. Descôteaux devait effectuer un autre appel désagréable. Il composa le numéro    du    ministre    Trudel.    Quand
    celui-ci prit la communication, il ne se perdit pas en vains détours :
    —    Antoine, il y a du nouveau au sujet de l'affaire qui nous donne tellement d'inquiétudes. Tu peux venir à la maison ce soir ?
    —    Je... oui, bien sûr.
    Le ministre hésita un moment avant de comprendre ce dont Descôteaux voulait parler. L'affaire tellement préoccupante, ce ne pouvait tout de même pas être l'éviction de Fitzpatrick du Cabinet. Au plus, celle-ci était désagréable.
    —    Est-ce que ton garçon est à Québec ? Il serait bon qu'il soit là.
    —    Il est à La

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