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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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demeura interdite et lui, un peu gêné, lui répéta «Bonne soirée » avant de regagner son auto.
    Germaine le regarda partir en se disant que, si l'une de ses voisines les avait vus, elle se ferait poser un million de questions. Elle n'était pas du tout fâchée de la tournure des événements.
    Le mois d'août s'écoulait et, pour Renaud, l'angoisse du début des cours croissait. Il avait bien sûr déjà présenté des exposés, mais toujours sur des sujets bien précis, d'une durée limitée, deux heures tout au plus. Le défi serait de meubler environ quarante-cinq heures. Pendant ce temps, il aurait à entretenir les étudiants de droit constitutionnel. Dans ses pires cauchemars, il se voyait en janvier sans plus rien à dire. D'autres fois, il s'imaginait en avril rendu à peine à la moitié de son programme.
    Tout le mois passa à sa préparation. Pendant ses moments de liberté, une soirée et le dimanche, il voyait Germaine. Le plus souvent, le jeudi soir, tous les deux se promenaient dans un parc. Parfois ils déambulaient un parapluie à la main, à cause du temps plutôt maussade. Les agriculteurs s'étaient plaints de la sécheresse au moment de la fenaison, ils ronchonnaient maintenant sur l'abondance des précipitations au moment de commencer les récoltes. Le dimanche, ils alternaient les repas au restaurant avec les pique-niques, au gré du climat, puis allaient au cinéma. Le couple se quittait sur un baiser. Ils étaient passés de la joue à la bouche, où la pudeur exigeait de ne pas trop s'attarder. Les effleurements un peu plus compromettants devaient tenir du hasard le plus pur. Certains jours, Renaud trouvait la compagnie de Germaine rassurante; le lendemain, l'avocat se mettait au défi de chercher quelqu'un de son milieu.
    Fin août, il reçut un coup de téléphone d'Antoine Trudel. Le ministre lui demanda de venir le rencontrer à son bureau de l'hôtel du
    Parlement. En fixant le rendez-vous lui-même, ce notable lui faisait l'honneur de le considérer comme l'une de ses « connaissances ». Avoir confié cette responsabilité à un secrétaire aurait témoigné de son désir de mettre une certaine distance entre eux. Renaud accepta tout de suite.
    Le lendemain, en début d'après-midi, il entrait dans le grand édifice de l'Assemblée législative. L'été s'achevait, de nombreuses personnes s'affairaient dans les bureaux. Dans deux ou trois semaines tout au plus, les maisons de campagne seraient abandonnées pour de longs mois, les députés de toute la province regagneraient la vieille capitale et le jeu politique reprendrait. En attendant, les ministres devaient mettre une dernière main au menu législatif de la session.
    Un secrétaire revêche le fit patienter un court moment dans l'antichambre d'un grand bureau, puis le pria d'entrer. Le ministre affichait un air préoccupé, mais il se donna la peine de faire le tour de son grand bureau pour venir lui serrer la main, un sourire aux lèvres. Il lui désigna un fauteuil, en prit un tout à côté. Le visiteur commença :
    —    J'espère que madame votre épouse, et tous les membres de votre famille, se portent bien.
    —    Oui, tout le monde va bien, fit le ministre avant d'enchaîner : vous devez vous demander pourquoi je vous ai fait venir ici ?
    Renaud se le demandait en effet. Il acquiesça d'un signe de tête.
    —    J'ai reçu du premier ministre l'agréable mission de recourir à vos services professionnels. Vous savez que nos incessantes discussions à propos de la possession du Labrador tirent à leur fin. Le Conseil privé de Londres devrait prendre une décision bientôt. Descôteaux se demande si vous ne voudriez pas revoir les documents préparés par les avocats de la province, effectuer quelques recherches complémentaires, et lui communiquer le fruit de votre travail.
    Le ministre enchaîna en lui donnant le montant de ses honoraires quotidiens. Cette offre ne pouvait faire l'objet d'un refus. Un calcul rapide fit comprendre au visiteur qu'à deux jours par semaine, cela donnerait tout de même plus de trois mille dollars, si le travail devait s'étirer jusqu'à l'hiver.
    —    Ce sera avec le plus grand plaisir. Vous comprenez, cependant que je devrai respecter mes engagements avec l'Université Laval.
    —    Bien sûr. Si jamais vous devez aller à Ottawa, les autorités de l'Université Laval accepteront de déplacer votre cours. Comme la plupart des professeurs mènent une carrière

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