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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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duraient de plus en plus longtemps. On chuchotait dans les couloirs du poste de police que le père et un oncle du lieutenant avaient fini leurs jours à l'asile, complètement lunatiques. Déjà, des collègues bienveillants avaient fait part au chef de police de la situation, et celui-ci s'était promis de le surveiller.
    Après ces moments de stupeur, Gagnon sortait lentement de cet état, comme d'un profond sommeil. Ses yeux commençaient par bouger un peu, puis il grommelait, se rappelait où il était, qui il était. Alors, la honte s'emparait de lui : l'avait-on vu, que pensait-on de lui? Il essuya furtivement la bave sur son menton. C'était ce qui le gênait le plus, cette salive qui, parfois, mouillait le devant de sa chemise, comme chez, un bébé, ou un vieillard gâteux, sénile. Après la honte, une peur panique l'envahissait. Au moins, pour son père, c'était venu dans la cinquantaine, pas à trente-cinq ans !
    La sonnerie du téléphone le ramena au présent. C'était une bénédiction, un travail urgent à effectuer, pour tout oublier.
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
En guise de postface Du fait divers au roman

Chapitre 2
    Même s'il était plus de sept heures, Gérard Fecteau a va il néanmoins décidé de venir se baigner dans la rivière Saint-Charles. D'habitude, il allait vers la campagne avec ses amis. Comme sa mère l'enguirlanderait s'il n'était pas à la maison à huit heures précises, mieux valait pour ses fesses ne pas s'aventurer plus loin que le parc Victoria. A dix ans, le moindre retard pouvait encore lui valoir des coups de ceinture: sa mère ne tolérait pas qu'il traîne dans les rues !
    De toute façon, le parc était propice à la baignade. Un bosquet très dense, traversé au prix de bien des égratignures, permettait aux gamins de se dévêtir à l'abri des regards. Ils ne voulaient pas montrer à d'autres qu'à leurs amis leurs sous-vêtements taillés dans des sacs de farine, surtout pas à des filles. Des mères plutôt négligentes ne se donnaient même pas la peine de faire tremper ces sacs dans l'eau de Javel avant de les recycler. Gérard trouvait gênant d'avoir encore le mot flour bien visible sur le cul - il venait de commencer à utiliser ce mot plutôt que « derrière », et ça le faisait se sentir presque un homme -, en lettres roses puisque l'encre rouge avait pâli à cause d'un premier lavage.
    Quand il venait là, seul ou avec ses amis, il entrait toujours avec précaution dans les buissons. Bien sûr, il fallait traiter les framboisiers avec certains égards, mais surtout il arrivait que l'on puisse voir des amoureux qui, après avoir attaché leur barque près de la rive, venaient se bécoter dans une étroite clairière au milieu du bosquet. Selon ses amis, ces couples faisaient parfois « autre chose », mais Gérard avait encore une idée très vague de ce dont il pouvait s'agir. Tout au plus son instinct, ou peut-être des bribes de conversation entendues çà et là, lui faisait penser que cela avait un lien avec la façon dont les enfants venaient au monde. A dix ans, on n'est tout de même plus aussi idiot qu'à huit !
    Gérard avançait donc doucement, enregistrant inconsciemment une odeur pressante, douceâtre. Puis, il distingua une forme blanche. Sa progression se fit encore plus lente, et il s'accroupit. Les enfants savent bien que si l'on se penche assez, pour regarder sous les feuilles, on peut voir loin dans un bosquet, seuls les minces troncs des arbustes faisant écran. Et les troncs des framboisiers sont vraiment tout petits.
    Une femme gisait au milieu de la clairière. Gérard devinait son sexe même si elle était enveloppée d'une sorte de drap, car il distinguait les courbes sous le tissu. Après quelques secondes, l'enfant se dit qu'elle ne dormait sans doute pas. Un lien se faisait dans son esprit entre l'odeur et son immobilité: elle était sans vie. Gérard se redressa et continua d'avancer, toujours aussi silencieusement, même s'il ne craignait plus de l'alerter. Il voyait ses cheveux bruns, un peu le visage. Le reste se perdait sous le drap : la poitrine, le ventre un peu rond. Le drap s'arrêtait à la moitié de ses cuisses. Celles-ci étaient blanches, grasses, à demi ouvertes. Il s'approcha tout près, à pas lents.
    Gérard savait

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