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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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d'appuie-bras entre eux favorisait le contact. Ils se touchaient des genoux aux épaules.
    S'appuyait-elle contre lui avec plus de langueur? Il lui entoura les épaules de son bras, la retint plus étroitement.
    Ils visionnèrent les courts-métrages dans cette position, puis une bonne partie du programme principal. Renaud se sentit de l'audace, lui prit le menton entre le pouce et l'index et tourna son visage vers lui. Ses yeux clos valaient un consentement, il l'embrassa. Il se rendit rapidement compte que, si ses lèvres s'activaient sous les siennes, avancer sa langue provoquait un mouvement de recul immédiat. Il s'en tint au jeu des lèvres, mais laissa ses doigts glisser du menton à la peau douce du cou. Quand il sentit son corps mollir contre lui, il laissa sa main glisser jusque sur sa poitrine. Elle portait un léger imperméable, il put l'introduire sous celui-ci et empaumer un sein. Il le trouva rond, assez lourd, souple sous ses doigts.
    La jeune femme se raidit quand quelqu'un derrière eux toussa brièvement. Renaud récupéra ses doigts curieux, arrêta son baiser. Il ne croyait pas que son geste avait attiré l'attention, mais son baiser avait été un peu trop langoureux pour les spectateurs autour d'eux. La jeune femme resta contre lui, posa sa tête sur son épaule. Elle ne recevait pas trop mal son audace, se dit-il.
    Germaine allait de plus en plus souvent chez ses parents le lundi soir, puisque ses dimanches appartenaient à Renaud. Cela n'était pas pour bien disposer sa famille à l'égard du mystérieux jeune homme.
    —    Quand allons-nous le voir, ton fameux avocat ?
    Sa mère tournait autour de son gros poêle Bélanger, une louche à la main. Une grande femme obèse, elle gouvernait la famille comme un monarque absolu. Elle tolérait mal que Germaine ait déserté son royaume pour gagner la petite république de sa maison de chambres.
    —    Je ne lui en ai pas parlé.
    Madame Caron se tourna vers elle, les deux mains sur les hanches. Son verdict tomba d'un coup, sans appel :
    —    Tu as honte de nous.
    —    Mais non. Ne dis pas de sottises.
    Si la distance entre elle et Renaud lui paraissait vertigineuse, cela n'allait pas jusqu'à susciter un sentiment de honte. Elle demeurait convaincue que les Caron n'avaient à rougir de rien : ils formaient une famille décente, respectable. Modeste aussi, trop modeste, se disait-elle, quand Renaud pérorait sur la politique ou le droit.
    —    D'abord, c'est qu'il se trouve trop bien pour nous.
    La mégère n'en démordait pas. Cet homme voyait sa fille en secret, loin des yeux des membres de sa famille. Il devait avoir une raison de se cacher, ses intentions ne pouvaient être honnêtes. La jeune fille ne risqua aucune réponse, car elle se demandait elle aussi si Renaud ne levait pas le nez sur son milieu. Sa mère continua après un moment :
    —    Si ce n'est pas ça, c'est qu'il en veut à ta vertu.
    Si cet habitant de la Haute-Ville voyait sa fille pour un motif honorable, il serait heureux de rencontrer sa famille.
    —    Maman, ne dis pas des choses comme cela !
    —    Une fille n'a qu'une réputation à perdre, et c'est vite fait. S'il ne veut pas te voir ici, cesse ces fréquentations.
    —    Cela ne se fait plus de veiller au salon, avec tout le monde qui espionne.
    —    Cela se fait dans la paroisse. Si cela ne lui plaît pas, c'est qu'il n'est pas de notre monde.
    Les mots maternels touchaient droit au cœur, jusqu'à susciter un plaidoyer de défense :
    —    Tu t'inquiètes trop. Nous ne faisons rien de mal.
    Germaine sentait une curieuse chaleur au creux de son
    ventre en se rappelant sa main sur ses seins. Madame Caron vint s'asseoir près d'elle, à la table. Elle avait son air le plus grave, celui réservé aux moments où elle s'astreignait à parler de « la » chose :
    —    Si tu te retrouves avec un « paquet », ta vie va être finie.
    —    Je te répète que l'on ne fait rien de mal.
    —    Un gars et une fille, loin des regards, cela finit toujours de la même façon. N'oublie pas qu'il suffit de juste une fois.
    —    Arrête de me torturer avec cela. Nous ne faisons rien ensemble.
    Germaine n'en pouvait plus. Elle se leva et alla s'enfermer dans les toilettes. Sa mère touchait trop juste, elle ne voulait plus l'entendre.

Chapitre 12
    Lors de leur dernier rendez-vous, au moment de reconduire Germaine chez elle, Renaud avait mis plus de fougue dans son

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