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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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témoins vus ce matin?
    —    Non. Ils ne se sont jamais présentés à la police.
    —    S'ils étaient allés à vos bureaux, qu'auriez-vous fait?
    —    La même chose que vous: juger de leur crédibilité. C'est essentiel dans toutes les enquêtes : vérifier si les gens qui nous donnent des informations sont dignes de foi.
    Les individus entendus en matinée ne paraissaient guère se qualifier, à cet égard.
    —    Comment faites-vous pour juger de cela ?
    —    C'est un simple travail de détective. Il faut s'informer de la réputation de ces personnes, questionner leurs proches, leurs voisins, afin de jauger de la recevabilité de leur témoignage.
    —    Que feriez-vous ensuite ?
    —    Si nous avions un suspect, nous pourrions organiser une parade d'identification pour madame Fortier, par exemple.
    Pareille éventualité semblait toutefois bien peu probable, à en juger par la mine du fonctionnaire.
    —    Vous voulez dire aligner une dizaine de personnes et lui demander si elle reconnaît parmi elles l'un des individus présents dans les voitures qu'elle affirme avoir vues ?
    En formulant sa question ainsi, l'avocat trahissait son propre scepticisme.
    —    Exactement.
    —    Dans cette ville, tout le monde se demande pourquoi vous n'avez pas trouvé les coupables de ce meurtre.
    —    C'est une enquête très difficile. D'abord, nous n'avons aucun informateur. Personne n'a rien vu. Ensuite, le corps a vraisemblablement été transporté dans le parc Victoria après le meurtre. Mais encore là, nous n'avons pas de témoin.
    Le chef de police Ryan paraissait tellement désolé de ce mauvais sort.
    —    Vous avez cependant arrêté des suspects.
    —    Oui. Nous avions de solides raisons de les croire coupables. Puis ils refusaient de donner leur emploi du temps au moment de la disparition de la jeune femme et pour les jours suivants. Quand ils nous ont dit avec qui ils étaient, nous avons vérifié. Comme l'alibi était bon, nous les avons relâchés.
    —    Merci bien, monsieur Ryan.
    Marchais se retourna vers le juge pour lui dire qu'il n'avait plus de questions à poser à ce témoin. Ce fut au tour d'Alain Touchette de se diriger vers la barre.
    —    Chef Ryan, entama-t-il, vous avez commencé à nous parler des méthodes d'enquête de la police. Chacun le comprend bien, la meilleure preuve de la culpabilité d'un criminel, c'est d'avoir des témoins de son crime. La possession d'indices n'est-elle pas aussi un excellent moyen ?
    —    Certainement.
    —    Pouvez-vous nous expliquer, au bénéfice de l'assistance et de tous les journalistes qui feront rapport à leurs lecteurs, ce qu'est un indice ?
    L'avocat conservateur entendait maintenant faire de cette procédure une occasion d'apprentissage.
    —    Une trace laissée par un coupable: voilà la meilleure façon de décrire un indice. Par exemple, si on trouve les empreintes digitales de quelqu'un sur la poignée d'un couteau enfoncé dans la poitrine d'une victime, c'est un excellent indice. Ou encore si l'on trouve les biens d'une personne victime d'un cambriolage dans la maison d'un voisin. C'est un autre bon indice de la culpabilité de ce voisin.
    —    Il y avait des indices près du cadavre de Blanche Girard. Les journaux, même les journaux libéraux, n'ont-ils pas parlé de bijoux, de traces de pas, d'un livret de banque même ?
    —    Il y a eu des informations de ce genre dans les journaux, admit Ryan.
    Le chef de police se montrait juste un peu moins souriant tout d'un coup.
    —    Pour notre malheur, continua-t-il, la scène du crime a été contaminée. Dérangée, si vous préférez. Le corps a été découvert par un jeune garçon à un moment où il y avait des centaines de personnes dans le parc. Comme il est sorti des buissons en hurlant, les gens se sont précipités sur la scène du crime avant l'arrivée des policiers.
    —    Personne ne se trouvait là pour les empêcher d'approcher?
    —    Le vieux gardien Gauthier, un homme de plus de soixante-dix ans ! Le temps qu'il arrive et une foule s'agglutinait. Il n'a pas pu les faire reculer. Les policiers ont incité les gens à s'éloigner un peu quand ils sont arrivés quelques minutes plus tard.
    Renaud se souvenait d'avoir parcouru les lieux le lendemain. Les traces de cette affluence demeuraient encore bien visibles.
    —    Comment cela a-t-il pu contaminer la scène du crime

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