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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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la salle. Il plaidait sa cause auprès de lui. Alain Touchette poursuivait :
    —    Mais dans ce texte, vous évoquez des personnes ayant une existence réelle ?
    —    À la façon d'un romancier inspiré par des personnes de son entourage, sans plus.
    —    Si quelqu'un s'amusait à chercher dans la réalité les personnages de La Non-Vengée, il perdrait son temps?
    Le petit homme regardait le professeur de droit au moment de clamer :
    —    Évidemment! Ce sont des personnages inventés. Mon seul objectif était d'attirer l'attention sur la dégénérescence des valeurs traditionnelles canadiennes-françaises, dont l'esprit religieux. L'assassinat de cette jeune fille vertueuse vient de la décadence de nos mœurs.
    —    Je n'ai plus de question, Votre Honneur, fit Alain Touchette en regagnant sa place.
    Laurent Marchais se leva à son tour, plein d'entrain. En se tenant tout près du témoin, pour l'écraser de sa forte stature, il demanda:
    —    Monsieur Richard, votre brochure a été rédigée de telle façon que des gens ont pu s'identifier, sans trouver cela amusant du tout, à vos personnages inventés.
    —    Comme dans toutes les œuvres de fiction, j'ai essayé d'être le plus crédible possible. J'ai essayé de combiner des éléments réels avec la fantaisie.
    —    Votre témoin a vu John Grâce au volant d'un camion le soir du 3 juillet, si j'interprète bien votre opuscule. Monsieur Grâce vous a servi de modèle pour le domestique responsable du kidnapping de Blanche, dans La Non-Vengée?
    L'homme paraissait au bord des larmes. Il insista :
    —    Non. Monsieur Grâce travaille dans un grand magasin. Il n'est pas domestique.
    —    Vous avez écrit que la meilleure amie de Blanche Girard a été complice de son enlèvement. Lors de l'enquête du coroner, Germaine Caron a affirmé être la meilleure amie de Blanche Girard. Avez-vous utilisé la vraie Germaine Caron pour modèle de votre personnage de Julie?
    —    Non, pas du tout.
    De nouveau, il cherchait des yeux Renaud Daigle. Sa voix tremblait de plus en plus.
    —    Votre personnage de Julie est une jeune femme dévergondée. Avez-vous voulu dire que madame Caron n'est pas une femme respectable ?
    —    Non, absolument pas. Je le jure.
    —    C'est tout de même curieux. Vous affirmez que Blanche a dû être enlevée avec l'aide de ses connaissances. Vous savez, si vous avez assisté à l'enquête du coroner, ou lu les comptes-rendus à ce sujet dans les journaux, que les deux amis les plus proches de la victime étaient Germaine Caron et John Grâce. Ces jeunes gens vous ont donc servi de modèle.
    —    C'est une œuvre de fiction. Je n'ai pas voulu dire du mal de ces deux personnes. Ce sont des personnages inventés.
    Laurent Marchais n'avait aucun motif de se faire l'avocat des deux amis de la victime. Son but n'était pas de rétablir la réputation de Germaine Caron. Renaud comprit sa stratégie à la question suivante :
    —    Si ces deux personnages, Julie et le domestique, n'ont rien à voir avec la réalité, c'est la même chose avec tous les personnages de la brochure, je suppose. Connaissez-vous un Club des vampires à Québec ?
    —    Non, pas du tout.
    —    D'après vous, quelle est la personne la plus en vue de Québec ?
    —    ... Le premier ministre, fit Raoul Richard d'une toute petite voix après un long silence.
    Bien sûr, l'avocat voulait établir l'innocence des riches et des puissants.
    —    Avez-vous voulu insinuer que le fils du premier ministre avait quelque chose à voir dans le meurtre de Blanche Girard ?
    —    Non, bien sûr que non. C'est une œuvre de fiction, je vous l'ai dit.
    Laurent Marchais tortura encore un long moment Raoul Richard. À la fin, celui-ci se raclait la gorge et déglutissait à tous les deux mots. À sa toute dernière question, on put apprendre qu'un certain Frédéric Martin avait affirmé avoir vu John Grâce au volant du camion de livraison d'une boucherie, dans la soirée du 3 juillet.
    Ce gaillard vint à la barre des témoins à son tour, visiblement intimidé. Il raconta son histoire à Alain Touchette, l'avocat conservateur. Laurent Marchais lui succéda aussitôt en demandant:
    —    Où étiez-vous exactement à ce moment ?
    —    Je sortais d'une taverne, au coin des rues Saint-Joseph et Dorchester.
    —    Vous êtes certain de l'avoir reconnu? Vous le connaissiez ?
    —

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