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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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Elise. Ils ne s'étaient pas parlé depuis le soir de sa présentation sur l'Egypte. Etreinte par la colère et la tristesse, son sourire témoignait de son emprise sur ses émotions. Il lui demanda :
    —    Croyez-vous que le gouvernement va se maintenir encore longtemps? Les choses semblent bien confuses du côté d'Ottawa.
    Les députés progressistes se détachaient lentement du premier ministre King. Il avait exprimé le désir de convoquer de nouvelles élections, mais le gouverneur général tenait .1 offrir sa chance au chef conservateur, Arthur Meighen.
    —    Il y aura une élection bientôt. La population pourra trancher.
    —    Cette éventualité vous sourit ?
    —    Si nous la gagnons, je serai satisfaite. Sinon, je m'en passerais bien.
    Il y eut un silence. Renaud avait fait un effort suffisant. Si elle n'enchaînait pas, il s'excuserait dans trente secondes. Il avait déjà repéré Michel Bégin des yeux et s'apprêtait à le rejoindre quand elle dit:
    —    Vous êtes venu avec Helen, je crois.
    —    Si vous voulez. Elle a reçu une invitation, et moi aussi. Je lui sers de chauffeur, en quelque sorte.
    —    Une responsabilité qui ne doit pas vous peser.
    —    Mademoiselle McPhail ne pèse sur personne.
    Découvrant avec à-propos son frère dans un coin de la pièce, Élise s'esquiva sans rien ajouter. Une demi-heure plus tard, elle repartirait avec ses parents, docile et résignée.
    Renaud entreprit de faire le tour de ses étudiants. Il se fit présenter les couventines les plus audacieuses de la ville, puisqu'elles étaient venues là. Pendant ce temps, les étudiants esseulés tentaient un brin de cour à Helen. Celle-ci se retrouva bientôt en tête-à-tête avec Henri. Le jeune homme lui demanda :
    —    Notre distingué professeur n'expérimente pas son cours de droit constitutionnel sur vous, avant de nous le donner ?
    —    Pas du tout. Il est même capable d'aborder une grande quantité de sujets, contrairement à certains autres obsédés par la politique, plus spécifiquement, par leur rôle éventuel en politique.
    —    C'est l'avantage de ceux qui ont beaucoup lu, de pouvoir parler de nombreux sujets. Les hommes d'action sont condamnés à parler de ce qu'ils ont fait s'ils sont âgés, de ce qu'ils feront s'ils sont jeunes.
    —    La caractéristique principale des. hommes d'action serait de parler d'eux-mêmes ? C'est dommage, car cela donne des conversations terriblement courtes.
    Là-dessus, elle tourna les talons pour rejoindre Michel Bégin, dont la gentillesse lui avait valu de parler longuement à toutes les jeunes filles présentes. «Mais c'est vrai qu'il est jaloux de Renaud», se dit-elle avec un petit sourire. Cela lui semblait une bien bonne nouvelle.
    Par la suite elle s'arrangea pour prendre souvent le bras du professeur, rire un peu trop fort quand il lui disait quelque chose. Chacun de son côté, ils se réjouissaient d'être ensemble pour l'effet produit sur les autres. Renaud paradait avec la plus jolie fille de l'assemblée, pour susciter l'envie. Helen se pavanait avec un paon, certaine d'attirer l'attention d'Henri. Celui-ci la trouvait plus attirante ce soir que jamais au cours des dix jours passés auprès d'elle l'été dernier, à La Malbaie.
    Quand, vers dix heures, Renaud voulut rentrer, affirmant avoir contemplé assez de vampires pour les dix ans à venir, elle le suivit en souriant, même si elle aurait préféré être la dernière à quitter cet endroit.
    Le 25 novembre, Renaud revint à la maison tout de suite après son cours. Les étudiants parlaient entre eux d'une fête de la Sainte-Catherine. Cela l'avait fait sourire. S'il y avait eu un pendant masculin aux catherinettes, lui-même aurait été célébré, car il dépassait les vingt-cinq ans. Déjà vieux garçon, la fièvre juvénile des dernières semaines faisait illusion. Le téléphone sonna au moment où il passait la porte.
    —    Renaud, fit une Elise fort timide quand il décrocha, je peux venir vous voir ?
    —    Vous voulez dire à mon appartement ?
    C'était terriblement incorrect. Elle répliqua pourtant :
    —    Oui... si cela ne vous dérange pas, bien sûr.
    Au fond, elle espérait un refus.
    —    Je vous attends.
    Il fit semblant d'ignorer le sujet de sa visite, tout en préparant du thé. En entendant les étudiants discuter de la Sainte Catherine un peu plus tôt, il avait pensé à elle. Ce jour-là,

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