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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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électorale. C'est une personne passionnante... et passionnée de politique. Mais il n'y a rien entre nous.
    Helen posait ces questions avec la gentillesse d'une amie soucieuse de ne pas blesser Elise en s'intéressant à lui. Son compagnon comprit avoir le choix entre les deux, en quelque sorte. Comment ne pas préférer celle qui se tenait à son bras juste à ce moment, dont il sentait les seins à la hauteur de son coude. Elle se tournait pour chercher ses yeux avec les siens.
    —    Votre première invitation à La Malbaie devait permettre à la famille Trudel au complet de vous soumettre à un examen, précisa-t-elle, vous le savez bien. Et la seconde, rue Moncton, était une façon de vous remettre votre certificat.
    Présentée comme cela, la situation avait quelque chose d'obscène. Il fallait l'indélicatesse d'une jeune orpheline de vingt-deux ans pour dire si crûment les choses. Après le souper de la rue Moncton, les parents, et leur fille étaient ouverts aux propositions. La grande demande pouvait suivre après des fréquentations suffisamment longues pour ne pas donner l'impression d'un empressement inconvenant.
    — Je dois devenir susceptible, dit-il après un long silence, mais je trouve une certaine vulgarité dans ces stratégies conjugales. Je me sens un peu comme une perdrix un jour de chasse.
    La condamnation sans appel de la stratégie éclaboussait la prétendante. Après cela, Helen pouvait poursuivre ses propres fins sans craindre de marcher sur les brisées d'Élise. L'idée de dire à Renaud que, de son côté, elle s'intéressait Henri et désirait le rendre jaloux n'effleura pas Helen. Si un monsieur de dix ans son aîné ne pouvait se rendre compte de la situation, c'était son problème à lui.
    Elle fut en tout point délicieuse, par la suite. Quand elle le quitta au milieu de l'après-midi, il lui demanda s'ils pouvaient se voir le dimanche suivant. Il s'en tenait déjà à une portion congrue de son horaire. Elle accepta sans hésiter, lui plaqua un baiser sur la joue avant de le laisser seul en face île la statue de Champlain, à l'extrémité de la terrasse Dufferin.
    Combien il la trouvait charmante, quand elle s'éloignait d'un pas vif, avec sa robe allant de gauche à droite comme si elle était en train de danser ! Et Dieu qu'il était crédule !
    Descôteaux avait dit à Henri de nettoyer et d'arranger la maison de Château-Richer de façon à pouvoir y inviter sa mère sans rougir. Le jeune homme s'exécuta en novembre, le jour de l'Halloween. C'était un choix curieux, qui tenait à la fois du défi et du hasard. C'était en fait la première occasion depuis que lui et ses amis se sentaient suffisamment rassurés sur leur sort pour présenter des visages à peu près sereins. Tiraillés entre les remords et la peur, ils étaient devenus assez familiers avec ces deux sentiments pour vivre à peu près normalement.
    L'invitation avait été lancée à la ronde parmi les étudiants de la faculté de droit. Renaud ne savait pas à quel titre il avait été invité. Selon Michel Bégin, il était le seul professeur jouissant de cet honneur. Sa première réaction avait été de ne pas s'y rendre. Mais Helen avait été invitée aussi, elle avait fait appel aux services d'une infirmière pour se libérer le temps d'une soirée. Elle comptait sur lui. A la fin, il convint d'y aller, mais il ne se déguiserait pas. Elle irait avec une robe noire lui allant à mi-jambe : pour elle, c'était un déguisement.
    Ils se retrouvèrent donc à Château-Richer en début de soirée. Une bonne dizaine de voitures s'alignaient près de la maison. Renaud apprécia l'endroit, réfléchit même à l'intérêt d'avoir une retraite semblable. L'éloignement des cinémas et des restaurants l'en dissuada. Sa vie de célibataire lui plaisait bien, à condition de trouver à distance de marche des lieux sympathiques où prendre ses repas et se distraire un peu.
    Ils furent accueillis par Henri. Son maquillage et sa grande cape en faisaient un Dracula fort passable. L'étudiant serra longuement la main de Helen en insistant sur son plaisir de la voir. Cela dura juste assez longtemps pour agacer Renaud. Puis, ils firent le tour de la maison. Ils apprécièrent la grande pièce de séjour avec les vieilles photos de famille et les meubles confortables, la cuisine juste un peu Spartiate. Ils se rendirent même à l'étage pour déposer leurs manteaux et risquèrent un regard sur les chambres

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