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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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presque vides, propres et bien éclairées.
    — C'est une jolie maison, fit Helen comme si elle s'en imaginait déjà la maîtresse.
    Ils comptèrent plus d'une trentaine d'invités, et il devait en arriver d'autres. Renaud reconnut de très nombreux étudiants. Ils étaient tous déguisés, avec un talent plus ou moins grand selon les personnes. Une douzaine de jeunes filles servaient de cavalières aux plus chanceux d'entre eux. Beaucoup d'autres avaient dû s'abstenir à cause de l'inconvenance de la situation. Aucun parent ne serait là pour surveiller, ce qui rendait la sortie compromettante.
    Jean-Jacques Marceau portait un déguisement lugubre, susceptible de mettre mal à l'aise le professeur. Il arborait un maquillage blanc sur le visage et le cou, qui contrastait avec ses vêtements noirs, une tenue de deuil en fait. Surtout, il avait sur la gorge les marques noires des crocs de vampires et un filet rouge vif s'écoulait de chacune. Si tous les autres personnifiaient des monstres ou des goules, lui posait en victime. En le voyant, Renaud se souvint de sa confidence, au sujet des sarcasmes de ses compagnons de classe.
    Cette réflexion amena le professeur à poser une curieuse question à sa compagne :
    —    Helen, avez-vous lu La Non-Vengée ?
    —    Oui, fit-elle après un moment. Une lecture plutôt désagréable.
    —    Nous sommes peut-être dans le repaire du Club des vampires. Regardez ces gens autour de nous.
    Elle parcourut des yeux l'assemblée de monstres et de fantômes.
    —    Ne dites pas des choses comme cela. Vous me faites peur.
    —    Nous nous trouvons dans une maison isolée, propriété du fils de l'un des personnages importants de Québec. Si Raoul Richard voyait cela !
    —    Ce n'est vraiment pas drôle.
    Elle semblait réellement effrayée. Dans cette foule réunie au rez-de-chaussée, quelqu'un devait l'entendre. Jacques Saint-Amant se tenait juste derrière lui. Contrairement à la plupart des autres, il portait un masque plutôt qu'un simple maquillage. C'était heureux, car ainsi personne ne vit l'intense terreur marquer son visage. Il chercha une place pour poser son verre et alla dehors prendre un peu l'air. Pendant ce temps, Renaud se frayait un chemin jusqu'à Jean-Jacques Marceau, suivi de Helen. Il lui présenta sa compagne puis lui serra la main en disant :
    —    Impressionnant, votre maquillage. Je crois avoir reconnu la plupart des membres de votre petit groupe d'amis. Sauf Saint-Amant et Fitzpatrick.
    —    Saint-Amant vient tout juste de sortir. Fitzpatrick n'est pas là.
    —    Comment se fait-il ? Il manque aussi les cours depuis deux semaines.
    —    On ne vous l'a pas dit ? Il est malade, assez gravement paraît-il.
    —    Non, je ne savais pas. De quoi souffre-t-il ?
    Marceau fut un moment mal à l'aise, surtout à cause de la
    présence d'une jeune fille. Finalement, il murmura :
    —    La syphilis. Je ne savais pas combien cela pouvait être grave, et fulgurant. Les premiers symptômes sont apparus il y a trois mois à peine.
    Sa mine inquiète amena Helen à intervenir dans la conversation, pour l'orienter vers un sujet plus anodin, le maquillage du jeune homme. Ce dernier lui en fut reconnaissant, car le sort de Fitzpatrick lui faisait trop penser à une punition divine. Pour des êtres pétris de religiosité, tout péché méritait son salaire.
    Un peu plus tard, la porte s'ouvrit sur le reste du clan Trudel. Henri avait préféré suivre la directive de Descôteaux à la lettre en invitant sa mère.
    —    Comme c'est original, faisait celle-ci quand son garçon lui présentait ses amis l'un après l'autre.
    Sous leur maquillage, plusieurs devenaient méconnaissables. Elle trouva aussi originale la décoration, la cuisine, le petit bureau. Elle tint à se rendre dans la chambre de son garçon. Elle revint assez satisfaite de son inspection: c'était propre, bien entretenu. Certainement pas un endroit de débauche, comme elle l'avait déjà craint. Quand deux ans plus tôt son fils avait évoqué le désir d'avoir une maison bien à lui pour recevoir ses amis, l'initiative lui était apparue comme bien périlleuse pour son âme.
    Après une demi-heure, elle trônait dans le meilleur fauteuil un peu comme une reine mère, très satisfaite: son plus grand était au fond un jeune homme sérieux.
    Helen se rendit auprès de madame Trudel pour échanger quelques mots avec elle. Renaud se devait d'aller saluer

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