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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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trouver un endroit plus discret, sinon nous serons en première page du Soleil demain.
    —    Tu connais un endroit plus discret?
    Bien sûr, il en connaissait un. L'homme dut attacher son manteau, mettre ses deux mains dans ses poches pour créer une espèce de tente où cacher son érection. Elle riait comme une folle quand ils rencontraient quelqu'un dans la rue Saint-Louis. Elle ne faisait pas tellement «jeune fille». Il l'aurait préférée un peu intimidée, au moment de se diriger vers l'appartement d'un célibataire aussi indécent qu'un satyre à son bras. Son trouble lui permit de retirer les mains de ses poches en passant devant l'hôtel du Parlement. Son érection était disparue.
    Renaud la retrouva dans l'ascenseur, après quelques baisers. Helen entra- dans l'appartement sans crainte, laissa son manteau glisser de ses épaules jusqu'au plancher. Elle ne riait plus, enfermée avec lui derrière une porte close, mais elle gardait les yeux grands ouverts. Il la prit par la main pour la conduire jusqu'à sa chambre. Là, ce furent de nouveaux baisers au moment de chercher les boutons dans le dos de sa robe.
    Elle ne se laisserait pas déballer passivement comme un cadeau, comprit-il tout de suite. Elle entreprit à sa grande surprise de défaire sa ceinture à lui. Il eut un moment de gêne : même les prostituées ne faisaient pas cela. Il se trouva néanmoins avec son pantalon sur les talons avant qu'elle ne soit en combinaison. Elle tint aussi à le voir sans sa chemise. Après un moment affolant à se battre avec des vêtements, il se retrouva couché en caleçon, bandé au point de craindre le moindre attouchement. Elle se débarrassa de sa combinaison blanche.
    Le reste des vêtements disparut au rythme des caresses. Renaud s'extasiait sur la peau très douce, les seins prenant l'allure de pommes, avec une pointe plutôt foncée, les touffes de poils follets sous les bras, le sexe de brune à la peau claire, avec suffisamment de poils pour cacher la fente, sans devenir trop envahissants. Evidemment, il dut se défaire de son caleçon aussi vite qu'elle le faisait du sien. Elle le toucha enfin avec la timidité d'une apprentie toute à sa découverte. La savoir innocente lui importait. Quelques jeux de doigts suffirent pour atteindre un premier orgasme réciproque.
    Elle suivait son rythme, avec un homme attentif à ne pas la presser. Il la fit jouir une seconde fois, avec la langue. Elle apprécia beaucoup, tout en refusant absolument de s'investir de la même façon. Elle consentit à utiliser ses mains, avec plus d'application que d'habileté. Son premier contact avec une capote suscita chez elle un intérêt clinique. Il ne la pénétrerait pas. Il en conclut qu'elle était vierge, ce qui était vrai, et qu'elle tenait à le rester jusqu'au mariage. Il se trompait. Elle voulut bien reprendre ses jeux de mains une seconde fois.
    A la fin de l'après-midi, ils se trouvaient chacun enveloppé dans un peignoir, un verre de vin blanc à la main. Il essaya toutes les questions indiscrètes lui venant à l'esprit, pour se les faire renvoyer aussitôt. Par exemple :
    —    Est-ce que tu avais fait « cela » auparavant ?
    —    Et toi, est-ce que c'était la première fois ?
    Ou bien encore :
    —    As-tu déjà été amoureuse de quelqu'un ?
    —    Toi, cela t'est déjà arrivé ? Tu sembles avoir une certaine expérience.
    Il prit cela pour un compliment quant à ses talents d'amant. Après cinq minutes, il était au cœur d'une confession complète, portant sur le drame amoureux survenu en 1917-1918. Il racontait bien, elle l'écoutait avec intérêt.
    —    Quand j'ai été ramené en Angleterre après avoir été gazé, j'avais un bandeau sur les yeux. Je suis resté comme cela une longue période, à peu près aveugle. Pendant des semaines, tous les jours, une jeune fille venait me faire la lecture pendant une heure, parfois deux. Elle a découvert que j'aimais la poésie. A la fin, je lui demandais d'apporter un livre familier, et d'aller à tel ou tel poème. Cela l'impressionnait beaucoup : malgré mon éducation française, je lui faisais découvrir de nouveaux auteurs.
    —    Et toi, tu cherchais à l'épater, je parie.
    —    Certes. Il y avait dans le lit d'à côté un jeune étudiant en littérature. Lui avait les deux jambes amputées. Il cherchait désespérément de petits chefs-d'œuvre, juste pour l'entendre les lire. Elle avait une voix

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