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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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et partit en trombe. Encore un peu et il écrasait le s deux pieds du lieutenant.

Chapitre 3
    —    Papa, croyez-vous qu'ils nous ont crus ?
    De la fenêtre, Antoine Trudel avait regardé les deux hommes discuter de façon animée, puis l'auto du chef de police s'en aller. Gagnon était parti aussi quelques secondes plus tard. Le politicien revint à son bureau en soupirant :
    —    Ils ne savent pas quand elle est morte. Ils voulaient tes activités pour trois jours ! Aucune accusation ne pourrait tenir sur ces bases.
    Il avait ouvert le premier tiroir de son bureau pour en tirer une lettre. Elle venait du premier ministre. Il la relut rapidement :
    Antoine,
    Le chef de police de Québec sort tout juste de chez moi. On a trouvé le corps d’une jeune femme, et près d’elle le carnet de banque de votre fils. La police n’est pas certaine s'il a été perdu là par le meurtrier ou par l'un des curieux accourus sur la scène. J'ai peine à croire que votre fils soit mêlé à cela. Mais vous devinez le tort qu’une simple rumeur pourrait faire non seulement au gouvernement, mais aussi au Parti.
    Veuillez donc agir pour le mieux dans les circonstances.
    Philippe Auguste Descôteaux
    Un domestique avait porté ce mot, dont le père entendait bien disposer maintenant :
    —    Donne-moi ton vieux carnet bancaire.
    Il se pencha devant le foyer qui ornait un mur de la pièce, craqua une allumette pour mettre le feu aux deux documents.
    Il attendit de voir les flammes bien hautes avant de les poser sur les bûches. Il les regarda se consumer et dispersa les cendres avec un tisonnier. Personne ne pourrait en retrouver le moindre fragment.
    —    Tu n'as rien à voir dans cette macabre affaire ? demanda-t-il en se relevant. Tu peux me le jurer ?
    —    Papa, je vous l'ai déjà dit cent fois cette nuit, je n'ai ni violé ni tué cette fille.
    —    Mais tu étais là et tu n'as rien empêché.
    —    J'avais fumé de l'opium, laissa tomber le jeune homme. Je n'étais pas seulement soûl. Quand je suis revenu à moi, le dimanche, elle était morte. Il n'y avait plus rien à faire.
    —    Cela ne te sauverait pas devant un tribunal.
    Le politicien secoua la tête, dépité, puis il enchaîna :
    —    Le seul fait d'avoir été là, même drogué, fait de toi un coupable. Et puis comment sais-tu qu'il n'y avait plus rien à faire pour elle ? En la conduisant chez un médecin, peut-être aurais-tu pu la sauver.
    —    Non. Ses blessures étaient horribles. Elle était morte.
    —    Mais vous êtes des monstres ! explosa le père.
    Antoine Trudel mit un moment pour se calmer. Il ne servait à rien de crier, et il serait bien imprudent d'alerter la maisonnée. Il dit enfin d'une voix sourde :
    —    Si l'un des autres parle, tu vas te retrouver dans de sales draps. Cinq personnes sont au courant ! Crois-tu pouvoir leur faire confiance ?
    —    Tous ont juré de se taire. Ils savent bien quels risques ils courent. Nous nous sommes entendus pour dire que nous ne savions rien d'elle. La maison de Château-Richer est située à l'écart des autres et entourée d'arbres. Personne n'a pu la voir.
    —    Mais, chemin faisant, quelqu'un a pu la reconnaître dans l'auto ?
    —    Non, elle s'est retrouvée sur le plancher, entre les deux banquettes. Je te le répète, personne n'a pu la voir, ni dans l'auto, ni à Château-Richer. Ils me l'ont assuré.
    Le ministre doutait que deux autos pleines de jeunes gens ivres n'aient pas attiré l'attention. Il fallait espérer que la police limite ses efforts. Il serait toujours possible d'en aviser Daniel Ryan. Celui-ci semblait tenir à son poste et à ses relations privilégiées avec le Parti libéral. Quant à ce lieutenant Gagnon, même s'il faisait un peu de zèle, il serait facile de le ramener à l'ordre.
    —    Tu ne m'as pas encore dit comment tu as fait pour mettre le corps à cet endroit, remarqua le père.
    —    Dans la nuit du 6 au 7, je suis sorti par la fenêtre de ma chambre. J'avais garé ma voiture dans la rue, un peu plus loin, pour pouvoir partir sans éveiller les domestiques, ou vous et maman. J'ai pris Bégin chemin faisant, et nous sommes allés chercher le corps à Château-Richer. J'ai parcouru un grand bout de chemin les phares éteints pour ne pas attirer l'attention. Nous nous sommes rendus près du cimetière de la rivière Saint-Charles, là où les habitations sont rares. Nous avons volé une

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