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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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les comportements louches observés chez des voisins. Peut-être serait-il possible de découvrir ainsi quelques pistes. L'une d'entre elles conduirait éventuellement au meurtrier. Cela, bien sûr, si le carnet de banque ne le conduisait pas tout droit au coupable.
    À neuf heures, Gagnon rejoignit Daniel Ryan devant la maison de Trudel. Il s'agissait d'une construction cossue, en brique, rue Moncton, tout près du chemin Saint-Louis. Le chef de police se sentait visiblement très mal à l'aise, même s'il avait pris la précaution de téléphoner pour demander un rendez-vous avec Henri Trudel. Les deux policiers n'eurent même pas le temps de frapper à la porte. Le ministre Antoine Trudel les attendait. Il leur ouvrit dès qu'ils eurent mis le pied sur le perron. Le notable ne voulait pas qu'une domestique sache que la police voulait voir son fils. Les enquêteurs perdaient l'effet de surprise, un élément souvent déterminant dans la collecte de témoignages. Pouvait-il en être autrement avec des gens si haut placés ?
    Grand et gros, des cheveux blancs coupés ras sur le crâne, dans la cinquantaine, le politicien en imposait.
    —    Venez dans mon bureau, dit-il, mon fils vous attend.
    Ils pénétrèrent dans une pièce aux murs couverts de livres.
    Au milieu trônait l'habituel meuble «ministre», en chêne. Devant, trois fauteuils formaient un demi-cercle. Le fils, une copie conforme du père trente ans plus jeune, occupait l'un d'eux.
    —    Rien n'oblige mon fils à répondre à vos questions, puisque, si je ne me trompe, aucune accusation n'est portée contre lui. Il est cependant plus simple de classer cette histoire tout de suite. Asseyez-vous. Je vais rester ici pour conseiller Henri. J'agis à titre d'avocat.
    Ce n'était ni une demande ni une suggestion, mais un ordre. Les deux policiers firent un signe d'acquiescement.
    —    Alors que pouvons-nous faire pour vous? continua le père.
    «Curieux interrogatoire, se dit Gagnon, où le père du suspect, avocat de surcroît, mène les choses.» Son travail ne serait pas du tout facile, dans cette affaire. Il y eut un long silence. Comme le chef de police ne se décidait pas, il commença :
    —    Hier, le corps d'une jeune femme a été découvert au parc Victoria.
    —    Nous avons vu cela dans les journaux du matin, fit le ministre. Une bien triste histoire, en vérité, qui horrifie nos concitoyens. Vous allez trouver les coupables bien vite, j'espère.
    Gagnon jeta un coup d'œil à Ryan, qui possédait la pièce à conviction. Celui-ci la produisit:
    —    Monsieur le ministre, le lieutenant Gagnon m'a remis ceci. On l'a trouvé près du corps.
    Mal à l'aise, il tendit le livret au père. Celui-ci l'ouvrit pour regarder le nom du propriétaire, puis il le passa à son fils en disant :
    —    C'est bien le tien?
    —    Oui, répondit ce dernier d'une voix mal assurée en l'ouvrant à la première page.
    Il continua plus fermement :
    —    Je me le suis fait voler la semaine dernière, dans mon auto. Je l'ai justement fait remplacer hier.
    Il sortit de la poche de sa veste un autre livret de la Bank of Montréal pour le montrer à Gagnon, assis juste à côté de lui. Celui-ci constata que l'adresse était écrite de la même main que dans l'autre carnet. Une seule entrée, le solde, avait été inscrite la veille par le commis de la banque. Il passa le document au chef de police, qui le regarda à peine avant de le remettre à son propriétaire. Henri Trudel empocha les deux documents, mine de rien. Gagnon voulut protester mais le chef Ryan l'interrompit, demandant avec soulagement :
    —    Il ne vous manquait rien d'autre, après le vol ?
    —    Ça et d'autres papiers sans importance. Des prospectus de compagnies dans lesquelles j'investirai peut-être. Ces documents étaient restés sur la banquette de ma voiture, alors que j'étais au Château Frontenac. Je les avais placés dans une chemise cartonnée. Quand je suis revenu, elle avait disparu.
    —    Vous n'avez pas déclaré le vol à la police? demanda Gagnon.
    —    Non, puisque tout cela était sans valeur.
    —    La perte du livret devait vous inquiéter. Quelqu'un aurait pu faire un retrait à votre place. Pourquoi avoir tellement tardé à avertir la banque ?
    —    Je n'ai pas eu le temps avant-hier. De toute façon, on me connaît bien, dans cette banque. Personne n'aurait pu se faire passer pour moi, expliqua Henri Trudel,

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